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Espions
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Le patriarche Joseph (Génèse 42.9-14) veut faire arrêter ses frères ; et arrête en effet et met en prison Siméon, feignant de croire qu’ils étaient des espions. Suivant les lois de la guerre, un espion trouvé dans le camp mérite d’être pendu.

Moïse envoya douze espions pour considérer le pays de Chanaan (Nombres 13.2-3), et pour savoir quelle était la nature du pays, quelles étaient ses forces, ses villes, ses habitants. Ils partirent du camp de Pharan [de Rethma], mirent quarante jours à faire le tour du pays, et revinrent au camp des Israélites, chargés d’une branche de vigne avec son raisin, qu’ils portaient à deux sur un bâton, tant à cause de la grosseur du fruit que dans la crainte de le froisser. Étant de retour [à Cadès], ils firent leur rapport au peuple en disant : Le pays d’où nous venons est véritablement un pays où coulent des ruisseaux de lait et de miel, comme on le peut reconnaître par les fruits que nous avons rapportés ; mais il a des habitants très forts, et des villes très-bien fortifiées : nous y avons vu des géants de la race d’Enach Amalec habite vers le midi ; les liéthéens, les Jébuséens et les Amorrhéens dans les montagnes ; les chananéens le long de la mer. [Voyez Marches et campements].

Alors le peuple commença à murmurer (Nombres 14.1-3), en disant : Nous ne pourrons jamais nous rendre maîtres de ce pays, parce que le peuple qui l’habite est plus fort que nous. Mais Caleb, un des envoyés, tacha de les rassurer, en disant : Allons nous emparer de ce pays, nous en viendrons aisément à bout. Les autres, an contraire, décrièrent cette terre, en exagérant la difficulté qu’il y avait d’en faire la conquête, en disant : Ce pays dévore ses habitants, et les peuples que nous y avons vus sont d’une grandeur extraordinaire. Nous y avons vu des hommes monstrueux, des géants de la race d’Enach, auprès desquels nous ne paraissons que comme des sauterelles. À ces mots tout le peuple se mit à crier, et ils pleurèrent toute la nuit, murmurant hautement contre Moïse et Aaron, et s’entre-disant l’un à l’autre : Etablissons sur nous un chef gui nous ramène en Égypte. Josué et Caleb firent en vain tous leurs efforts pour les rassurer ; le peuple courut aux pierres pour les lapider.

Mais tout d’un coup la gloire du Seigneur parut sur le tabernacle de l’alliance, et il fit entendre sa voix à Moïse, et menaça de frapper tout le peuple, et de les exterminer ; mais Moïse intercéda pour eux, et obtint qu’ils ne mourraient point tous à la fois ; mais le Seigneur jura qu’aucun de ceux qui avaient ainsi murmuré contre lui ne verrait la terre qu’il avait promise à leurs pères, à l’exception de Caleb et de Josué, qui lui étaient demeurés fidèles.

Il est encore parlé d’espions dans le livre de Josué (Josué 2.1-23). Ce chef du peuple de Dieu, étant près de faire passer le Jourdain aux Israélites pour les mettre en possession de la terre promise, envoya deux hommes à Jéricho, pour savoir l’état de cette place : ils allèrent et entrèrent chez une femme nommée Rahab. Elle les reçut ; et le roi de Jéricho, ayant été bientôt informé de leur arrivée, envoya les demander à Rahab ; mais elle les cacha sur la plate-forme de sa maison, et dit aux envoyés du roi qu’ils étaient sortis un peu avant la nuit et avant qu’on fermât les portes de la ville. Dès que les envoyés s’en furent retournés, elle alla trouver les espions, et leur dit qu’elle savait que le Seigneur leur avait livré le pays de Chanaan, que la frayeur en avait saisi tous les habitants ; que le bruit des miracles que le Seigneur avait faits en leur faveur s’était répandu partout, et y avait jeté la consternation ; qu’elle les priait, en reconnaissance de ce qu’elle venait de faire pour leur sauver la vie, de lui promettre avec serment de la conserver elle et sa famille, lorsqu’ils se seraient rendus maîtres de Jéricho. Les espions le lui promirent, et elle les descendit avec une corde par-dessus la muraille de la ville qui donnait derrière sa maison ; et ainsi ils s’en retournèrent sains et saufs vers Josué. Saint Paul loue la foi de Rahab, qui reçut et sauva ces espions (Hébreux 2.31). Voyez Josué, paragraphe 21 et 22.