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Autruche
Dictionnaire Biblique Bost Westphal Calmet

Oiseau bien connu. L’espèce appelée par les naturalistes struthio camelus, et qui est celle que l’on comprend ordinairement sous le nom d’autruche, a la taille d’un chameau, de longues jambes, de courtes ailes, des plumes extrêmement estimées comme ornements, et le cou assez fort, d’environ un mètre de longueur. Elles ne volent pas, mais leur course est extrêmement rapide et pareille à celle des meilleurs chevaux de Barbarie. Xénophon raconte que l’armée de Cyrus le jeune trouva près de l’Euphrate un grand nombre d’autruches, et qu’on leur donna la chasse avec les chevaux les plus vigoureux, sans pouvoir les atteindre. Le mot hébreu que nous traduisons par autruche est Bath-Yahanèh (fille de la voracité ) ; mais les interprètes sont peu d’accord sur le sens de ce mot ; quelques-uns, comme Luther et Martin, le traduisent par chat-huant ; d’autres, comme Calmet, par cygne. La traduction que nous avons adoptée se justine par les considérations suivantes. D’abord elle a pour elle presque tous les anciens (les Septante, saint Jérôme, Aquila, Symmaque, etc. ), et l’analogie de la langue arabe. En outre, tous les passages de l’Écriture qui parlent de cet oiseau s’accordent parfaitement avec ce que nous savons de l’autruche (Lévitique 11.16 ; Deutéronome 14.15). Il est mis au nombre des animaux impurs, probablement à cause de l’indifférence avec laquelle il avale tout ce qu’il rencontre, blé, vers, pièces de monnaie, pierres et sable ; son estomac est devenu proverbial à cet égard, quoiqu’on n’en soit plus à l’idée qu’elle digère tout ce qui entre dans son corps. Les Arabes cependant, les Éthiopiens, les Indiens et les Romains regardaient la viande de l’autruche comme un mets délicat, bien qu’elle soit dure, sèche et difficile à cuire : serait-ce peut-être sa rareté qui lui méritait cet honneur ? ou si l’on n’en mangeait que certaines parties naturellement plus fines, la langue, le foie ou les ailes ? Il est dit (Ésaïe 13.21 ; 34.13 ; 43.20 ; Jérémie 50.39 ; Lamentations 4.3), qu’elle habite en des lieux désolés, au milieu des chardons et dans les déserts, détails qui vont encore à l’autruche, dont nous savons qu’elle se tient de préférence au milieu des sables, vivant par troupes et se nourrissant surtout de dattes ; quelques naturalistes arabes prétendent qu’elle ne boit jamais.

Cet animal est représenté (Lamentations 4.3), comme cruel envers ses petits, et tous les voyageurs racontent de l’autruche qu’elle abandonne au soleil et dans le sable ses œufs après les avoir pondus, semblant ne pas s’inquiéter de ce qui en adviendra : ce jugement ne doit cependant pas être accepté dans son sens le plus défavorable, et s’il est vrai qu’elle ne couve pas ses œufs comme les autres oiseaux, c’est que son poids immense les écraserait, tandis qu’elle peut très bien se borner à les surveiller, en les faisant éclore dans la chaleur du sable. Enfin (Job 30.29, et Michée 1.8), lui attribuent un cri plaintif et lamentable, que le voyageur Shaw (Voyages, p. 390 ) a de même mentionné en parlant de l’autruche ; il raconte que souvent, au milieu de la nuit, elle pousse une espèce de gémissement lugubre.

Il est encore parlé (Job 39.16), d’un oiseau nommé en hébreu Renanim, et que l’on pense également devoir être l’autruche, bien que quelques auteurs (Luther entre autres) le traduisent par paon. La traduction de nos Bibles « As-tu donné aux paons ce plumage qui est si brillant, ou à l’autruche les ailes et les plumes ? » doit être remplacée par celle-ci : « L’aile de l’autruche ne s’agite-t-elle pas (dans sa course) ? N’est-elle pas comme l’aile et comme les grosses plumes de la cigogne ? » Les versets suivants sont mieux rendus, et leur ensemble montre évidemment que dans ce passage il s’agit de l’autruche ; le verset 20, qui accuse cet animal de manquer d’intelligence, rappelle le proverbe arabe qui dit : « plus bête qu’une autruche » ; et le verset 21 peut se rapporter, soit à la rapidité de sa course, soit à la grandeur de sa taille : « Parfois même, lorsqu’elle se dresse (pour courir), elle se rit du cheval et de celui qui le monte » ; elle les devance, ou bien elle est plus haute que l’un et l’autre à la fois : ces deux sens sont également vrais et justifiés par les faits.

Aven