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Dispersion
Dictionnaire Biblique Bost Westphal Calmet

L’épître de Jacques, et la 1ère de Pierre sont adressées aux juifs de la dispersion, c’est-à-dire aux tribus qui sont dispersées dans les pays voisins de la Palestine, dans le Pont, en Galatie, en Cappadoce, en Asie, en Bithynie, etc. On doit entendre par le mot général de dispersion, tout l’ensemble des juifs qui demeuraient en dehors des limites de leur pays, parmi les nations étrangères. Il n’y avait, au temps de Jésus, aucun pays de l’ancien monde dans lequel ne se trouvassent des juifs expatriés, volontairement, ou par le fait de circonstances indépendantes de leur volonté. On peut grouper en cinq classes les juifs appartenant à la dispersion.

D’abord ceux de l’Assyrie, de la Médie, de la Babylonie et de la Mésopotamie, demeurant au-delà de l’Euphrate, descendants des juifs emmenés en captivité et qui avaient refusé, lors de l’édit de Cyrus, de rentrer dans leur patrie. Ils se comptaient par milliers et vivaient dans le bien-être, continuant d’entretenir avec Jérusalem des relations religieuses, et fidèles à payer annuellement les tributs, les prémices et les dîmes.

En second lieu, les Juifs d’Égypte. Alexandre le Grand les établit en grand nombre dans la ville à laquelle il avait donné son nom, et leur accorda les mêmes droits qu’aux Grecs. Ptolémée Lagus en envoya une colonie à Cyrène, et fortifia la colonie égyptienne par de nouvelles émigrations de la Judée (320 av. J.-C.), Ptolémée Philadelphe fit traduire en grec, à grands frais, le code sacré des Hébreux (284 av. J.-C.). Puis vint le cruel Ptolémée Philopator qui persécuta, par des mesures cruelles, ceux que ses prédécesseurs avaient favorisés. Sous Ptolémée Philométor (180 av. J.-C.), les juifs d’Égypte sont de nouveau en grande faveur ; ils remplissent des charges à la cour, et sont revêtus des principales dignités militaires ; sous la domination romaine et sous les premiers empereurs, ils jouissent d’une paix entière, et Auguste les protège à Cyrène contre la malveillance des populations grecques. Ils ont de magnifiques synagogues, et occupent à eux seuls presque les trois cinquièmes d’Alexandrie ; leurs rapports avec la métropole juive ne sont pas interrompus quoiqu’ils aient à Jérusalem un culte à part, de même que les Cyrénéens (Actes 6.9) ; ils continuent de payer le tribut pour le temple. Leur chef temporel et le juge de leurs différends est un ethnarque, assisté d’un conseil, espèce de sanhédrin.

En troisième lieu viennent les Juifs de la Syrie : ils avaient émigré sous Séleucus Nicator, et par lui, avaient obtenu à Antioche et ailleurs des privilèges égaux à ceux des Macédoniens. Les rois suivants, à l’exception d’Antiochus Epiphanes, leur furent également favorables, et les Juifs furent libres jusque dans le prosélytisme : cependant le peuple les haïssait, et cette haine longtemps comprimée éclata sous Néron, et plus encore sous Vespasien. Titus leur rendit le repos. C’est de Syrie qu’ils prirent le chemin de l’Asie Mineure (1 Pierre 1.1) ; ils obtinrent la bourgeoisie en lonie.

Quatrièmement, la dispersion parmi les Grecs (Jean 7.33). De l’Asie Mineure, un grand nombre de Juifs se rendirent en Grèce et en Macédoine, où ils eurent la permission d’établir, dans les principales villes et dans les ports les plus commerçants, des synagogues et des maisons de prières (Actes 16-20).

Cinquièmement, enfin, les Juifs de Rome et d’Italie ; plusieurs étaient esclaves, d’autres étaient venus s’y établir librement et en vue de spéculations commerciales ; ils étaient généralement riches, et occupaient tout un quartier au-delà du Tibre : leur prosélytisme n’avait pas été sans fruit. Ils furent chassés de Rome sous Tibère et sous Claude César. Rome leur fut longtemps fatale, et les murailles du Goïto ne sont tombées que sous le souffle du dix-neuvième siècle.