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Jéricho
Dictionnaire Biblique Bost Calmet

Ville de la tribu de Benjamin sur les frontières d’Éphraïm, à 8 km du Jourdain, et à 28 de Jérusalem, dont elle était séparée par une contrée rocheuse et déserte (Josué 16.7 ; 18.21). C’est peut-être à cause de cette circonstance que Jésus a placé entre ces deux villes la scène du Samaritain miséricordieux (Luc 10.30). Les environs de Jéricho, véritable oasis au milieu des sablés de la solitude, bornés à l’ouest comme en amphithéâtre par des montagnes calcaires, hautes et sans verdure, étaient fécondés par de riants cours d’eau, et extrêmement fertiles. Ils produisaient surtout des palmiers, dont la ville a pris son nom (Deutéronome 34.3 ; Juges 1.16 ; 3.13). On y trouvait également des rosiers et du baume odoriférant ; le nom de Jéricho peut se dériver à cause de cela de l’hébreu riach, sentir, en allemand riechen ; d’autres le dérivent de yérach, voir Jérah ; ce serait ville de la lune ; le miel y abondait et le climat était délicieux ; tout était réuni pour en faire un paradis terrestre, excepté les serpents venimeux qui y foisonnaient. Jéricho, déjà construite et fortifiée lors de l’entrée des Israélites en Canaan, fut leur première conquête ; ils la détruisirent, et Josué la voua à l’interdit, défendit de la rebâtir, et annonça que celui qui braverait sur ce point les menaces divines, y perdrait successivement l’aîné et le second de ses fils ; Hiel fut assez malheureux, 537 ans plus tard, pour oser s’exposer à cette terrible épreuve, et il y succomba (1 Rois 16.34). Entre ces deux époques cependant, le nom de Jéricho n’est pas perdu ; cette ville est nommée comme existant (Josué 18.21). Églon, roi de Moab, y possède un palais (Juges 3.20), et les ambassadeurs de David, outragés par Hanun, s’y retirent pour laisser croître leur barbe (2 Samuel 10.5 ; 1 Chroniques 19.5). On peut croire que dans le premier de ces passages, il ne s’agit que du territoire de la ville ; dans les autres, il s’agit plutôt d’un hameau reconstruit non loin de l’emplacement de la précédente Jéricho, hameau qu’un roi païen aura pris comme un lieu de plaisance, où il se sera établi avec quelques sujets, et qu’on ne saurait confondre avec la ville proprement dite, dont le rétablissement avait été défendu aux Israélites seulement. Josèphe distingue clairement les deux villes (Guerre des Juifs, 5.4). Depuis Hiel, l’ancienne Jéricho rentra dans le domaine public, et personne ne craignit plus d’y demeurer ; Achab la fit fortifier ; une école de prophètes s’y établit (2 Rois 2.4), et on la revoit encore après l’exil (Esdras 2.34 ; Néhémie 7.36). Elle fut embellie par Hérode, qui y fit construire un magnifique palais, et l’éleva au-dessus des plus belles villes de son royaume ; il y fit noyer son beau-père le sacrificateur Aristobule, et lui-même y mourut. Notre Sauveur a fait quelques miracles à Jéricho, et il y visita Zachée qui était à la tête des péages que les Romains avaient établis sur le commerce du baume (Luc 19.1). On trouve encore sous le nom de Richa les ruines de cette ancienne ville, mais ce n’est plus qu’un méchant village ; au douzième siècle déjà, Phocas dit qu’il en restait à peine quelques traces. Quant à l’assainissement des eaux de Jéricho (2 Rois 2.19), on ne peut y voir qu’un miracle. Ces eaux étaient rendues amères, salées, peut-être par le voisinage de la mer Morte, et le prophète les rendit saines et potables en jetant du sel sur la source, et en annonçant de la part de Dieu qu’elles cesseraient d’être insalubres, bénédiction que Dieu seul pouvait donner, secret que les hommes n’ont jamais connu.