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Jourdain
Dictionnaire Biblique Bost Westphal Calmet

Le plus grand fleuve de la Palestine. Son nom (en hébreu, Jarden ou Yarden) vient, selon les uns de yeor ou yôr, qui signifie fleuve, et Den ou Dan, fleuve qui a sa source près de Dan ; selon les autres, et avec plus de probabilité, de yarad, descendre, couler avec impétuosité (comme en allemand Rhein, le Rhin, vient de rinnen, couler). Il a plusieurs sources, dont deux principales ; l’une est l’Hasbény ou Hasbéya, ruisseau qui parcourt la haute vallée de l’Hermon sur un sol noir, basaltique et poreux ; l’autre est le Banjas, qui sort d’une grotte profonde au pied des flancs boisés de l’Hermon, dans une belle et pittoresque contrée ; ce second ruisseau, dont les eaux arrivent, dit-on, du lac de Thiala par des canaux souterrains, acquiert immédiatement une largeur considérable. Le Banjas est le bras le plus considérable du Jourdain ; il se réunit, quelques lieues plus bas, à l’Hasbény et à plusieurs autres ruisseaux qui descendent de tous les côtés, et forme le lac Mérom, dont les rives sont marécageuses. Lorsque les eaux sont hautes, à l’époque de la fonte des neiges, ce lac remplit la vallée presque entière, sur une largeur de trois lieues ; en d’autres temps, au contraire, il n’est plus qu’un marais, ou parfois même il se dessèche et disparaît presque complètement (Seet-zen). Alors des roseaux, le papyrus et d’autres plantes aquatiques, croissent sur son sol noir et gras, et des bêtes sauvages, des sangliers et des serpents y cherchent leur demeure. De là la vallée se rétrécit extrêmement, et le Jourdain parcourt 23 km environ, avec une très grande rapidité, entre le bras est de l’Hermon et les montagnes de Nephthali. (À deux km au-dessous du lac Mérom est un pont qu’une tradition inexacte a nommé pont de Jacob). Après une quarantaine de km, il entre dans le lac de Génésareth, qu’il alimente et d’où il ressort 25 km plus bas. Son cours se régularise alors, et l’espace de 100 km environ il marche du nord au sud, presque parallèlement à la Méditerranée, dans une vallée chaude et profonde appelée la grande vallée du Jourdain (arabe, El Ghor), très étroite d’abord, mais qui s’élargit vers le midi. Les deux parois de montagnes qui forment cette vallée ne présentent aucune interruption sensible, et, comme le Jura du côté de la Suisse, elles semblent dans le lointain être de hautes murailles d’un bleu à la fois mat et foncé. La chaîne orientale est la plus élevée, la plus continue et la plus uniforme. La vallée du Ghor se divise en trois parties : la supérieure, qui participe à la nature du lac de Tibériade ; la moyenne, dont la largeur est de 7 à 8 km, et qui présente de beaux pâturages, quelques habitations et quelques ruines ; enfin le Ghor inférieur, qui participe à la nature de la mer Morte ; sa largeur est de 20 km ; il comprend la campagne de Moab, sur la rive orientale (Nombres 22.1 ; 26.3-63 ; 33.48), et celle de Jéricho (Josué 4.13 ; 5.10), sur la rive occidentale. La largeur et la profondeur du Jourdain varient beaucoup, suivant les lieux et les saisons de l’année. À son entrée dans le lac Mérom on évaluera la largeur à 20 pas, à 80 lorsqu’il sort du lac de Génésareth, de 60-90 pieds près de Jéricho, de 2 à 300 à son embouchure dans la mer Morte ; sa profondeur près de Jéricho est de 5 à 6 coudées ; elle n’est que de 6 ou 7 pieds à 800 pas au sud de la mer de Tibériade, et en été seulement de 3 pieds. (Ces diverses mesures sont prises dans divers ouvrages ; on craindrait, en les réduisant à l’unité, de commettre des erreurs, les mots pieds, pas, coudées, etc., n’ayant pas toujours la même valeur). Le Jourdain est poissonneux, ses rives sont couvertes d’arbres et de roseaux, de joncs, de cannes et de saules ; ses eaux sont troubles et jaunâtres, plutôt tièdes que froides, mais potables et pouvant se conserver assez facilement. L’Écriture sainte parle du Jourdain en près de deux cents endroits ; on sait les miracles dont ce fleuve a été le témoin, le partage de ses eaux sous Josué (3.13) ; comment Élie et Élisée le passèrent à sec (2 Rois 2.8) ; comment le fer de la hache surnagea (2 Rois 6.6-7), et la descente du Saint Esprit sur notre Sauveur lors de son baptême (Matthieu 3.16 ; voir Genèse 14.14-20 ; cf. Psaumes 110.4 ; Hébr. 5.6-10 ; 7.1-4 ; Nombres 23 ; 24 ; 25 ; 31.12 ; cf. Apocalypse 2.14 ; Josué 1.2-14 ; Jérémie 12.5 ; 49.19 ; 50.44 ; Zacharie 11.3).