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Philémon 1
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Philémon 1

Signature, vœu apostolique, actions de grâces

Paul, s’associant Timothée, souhaite à Philémon, à quelques amis et à l’Église la grâce et la paix (1-3).

Il rend grâces pour la foi et la charité de Philémon et il prie pour que cette foi grandisse par tout le bien qui se fait et qui est pour Paul un sujet de reconnaissance et de consolation, aussi bien que de joie pour les saints (4-7).

1 Paul, prisonnier de Jésus-Christ, et Timothée, notre frère, à Philémon notre bien-aimé et notre compagnon d’œuvre,

Éphésiens 4.1, note ; comparez ci-dessous, Philémon 1.10-13

Philippiens 1.1 ; Colossiens 1.1, note.

Des assemblées religieuses se tenaient dans sa maison. Philémon 1.2, Philémon 1.6 et Philémon 1.7 montre comment Philémon partageait les travaux de l’apôtre, bien qu’il ne fût pas proprement un évangéliste comme Timothée ou Tite.

2 et à Apphia notre sœur, et à Archippe, notre compagnon d’armes, et à l’Église qui est dans ta maison :

Grec : « La sœur », ou, selon une variante, « la bien-aimée ». C’était probablement la femme de Philémon.

Comparer 2 Timothée 2.3. Archippe était chargé de fonctions dans l’Église de Colosses (Colossiens 4.17), et appartenait probablement à la famille de Philémon.

Paul l’appelle son compagnon d’armes, bien qu’Archippe n’ait sans doute jamais été directement associé aux travaux de l’apôtre, mais tous ceux qui obéissent à Jésus-Christ et luttent pour la cause de l’Évangile sont soldats d’une même armée.

Ce n’était probablement pas toute l’Église de Colosses ; mais une partie seulement qui s’assemblait chez Philémon (comparer Romains 16.5, note). Bien que la lettre ne concerne que Philémon et sa famille, Paul mentionne l’Église dans l’adresse.

Il y a là pour elle comme une invitation tacite à accueillir dans son sein l’esclave devenu chrétien.
— Oltramare
3 La grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu, notre Père, et du Seigneur Jésus-Christ !

Comparer Romains 1.7 note.

4 Je rends sans cesse grâces à mon Dieu, faisant mention de toi dans mes prières ;

Voir 2 Timothée 1.3 ; Romains 1.9.

5 en apprenant la foi que tu as au Seigneur Jésus, et ta charité envers tous les saints ;

Grec : « Apprenant ton amour et la foi que tu as pour le Seigneur Jésus et envers tous les saints ; » c’est-à-dire amour et foi à l’égard du Seigneur et de cette source découle l’amour pour tous ses rachetés. Avant tout, Paul se place avec Philémon dans la communion d’une même foi, d’un même amour, afin de donner à la demande qu’il va lui adresser son vrai caractère et une force divine (Philémon 1.6).

Et c’est ce qu’il fait toujours en tête de toutes ses exhortations, de quelque nature qu’elles soient. Il sait que, sans la vie de la foi et de l’amour, il n’y a point d’obéissance.

6 afin que la communion de ta foi soit efficace dans la connaissance de tout bien qui est en nous, pour Jésus-Christ.

La communion qui vient d’une même foi est, pour les fidèles, un puissant moyen d’action ; et, d’un autre côté, reconnaître le bien qui est dans les chrétiens est un grand encouragement à se dévouer pour Christ, pour son service et l’avancement de son règne.

Telle est l’interprétation généralement donnée de ce verset. Elle est seule admissible si on lit avec le texte reçu et quelques manuscrits : « le bien qui est parmi vous », chrétiens de Colosses.

Mais la pensée de l’apôtre serait bien générale et sans rapport avec le but spécial de la lettre. M. Oltramare propose une explication ingénieuse qui évite cet inconvénient.

Paul voudrait dire : « que la communion de foi qui nous unit soit efficace pour te faire connaître tout bien, toute pensée de charité, qui est en nous, en moi, Paul », à savoir la pensée de la grâce d’Onésime. Paul voudrait ainsi préparer insensiblement Philémon à la requête qu’il formulera tout à l’heure.

La difficulté que rencontre cette interprétation est dans les mots : pour Jésus-Christ qui paraissent superflus. Cependant on peut dire que la pensée charitable conçue par l’apôtre n’a pas seulement en vue Onésime, auquel elle profitera directement, mais Jésus-Christ lui-même qui est glorifié par tout sentiment de miséricorde et par tout acte de pardon.

7 Car nous avons une grande joie et une grande consolation dans ta charité, parce que les entrailles des saints ont été réjouies par toi, frère.

Le texte reçu porte : « un grand sujet d’actions de grâces ». Cette leçon est moins appuyée.

Ce que l’apôtre a dit jusqu’ici et en particulier ces dernières paroles, sont tout ce qu’il y a de plus propre à préparer le cœur de Philémon à recevoir la requête qu’il va lui adresser en faveur d’Onésime.

Dans l’esprit de foi, de charité et dévouement où l’apôtre se place avec Philémon, celui-ci ne pourra rien lui refuser. Il en vient ensuite au sujet de sa lettre (Philémon 1.8-21).

8 C’est pourquoi, bien que j’aie en Christ une grande liberté pour te commander ce qui est convenable ;

Paul, âgé, prisonnier, pourrait commander à son disciple ; il supplie humblement. Il intercède pour Onésime, maintenant converti, aussi utile qu’il a été inutile : que Philémon le reçoive avec tendresse (8-12).

Paul aurait aimé à le garder auprès de lui, afin qu’il remplît la place de Philémon, mais il n’a pas voulu le faire sans son consentement. Séparé de son esclave pour un temps, Philémon va donc le recouvrer pour toujours, non plus comme un esclave, mais comme un frère bien-aimé : si Philémon aime Paul, il recevra Onésime comme Paul lui-même (13-17).

Si l’esclave a fait au maître quelque tort, Paul se charge de le réparer. Philémon accordera cette joie à l’apôtre, qui s’est assuré de son obéissance (18-21).

Communications personnelles. Vœu apostolique (22-25).

Intercession pour Onésime, conclusion (8-25)

9 je te supplie plutôt par la charité, étant ce que je suis, Paul, vieillard, et même maintenant prisonnier de Jésus-Christ :

Paul, vieillard, prisonnier de Jésus-Christ, sent combien sa prière aura plus de force que n’en aurait un ordre.

En qualité d’apôtre, il pouvait commander à Philémon de recevoir Onésime converti à l’Évangile ; mais combien cette réception sera plus fraternelle et plus bénie quand Philémon aura tout pardonné à son esclave et verra en lui un frère bien-aimé (Philémon 1.16).

On peut être étonné que Paul s’appelle un vieillard. Aussi Calvin pense-t-il que ce terme « ne désigne pas l’âge, mais l’office ». Cela n’est guère admissible. Paul avait environ cinquante ans. La vie missionnaire qu’il menait depuis tant d’années l’avait vieilli avant l’âge et de plus il se sentait au terme de sa carrière.

10 je te supplie pour mon enfant, que j’ai engendré étant dans les chaînes, Onésime,

Dans ma prison ; ce qui double l’amour de l’apôtre pour celui qu’il regarde à bon droit comme son enfant (comparer 1 Corinthiens 4.15 ; Galates 4.19).

11 qui t’a autrefois été inutile, mais qui sera présentement très utile et à toi et à moi, et que je te renvoie.

Allusion familière au nom d’Onésime, qui signifie utile.

Son nom est maintenant une vérité. Et Paul ajoute que déjà il lui a été utile, par les services qu’il lui a rendu.

12 Toi donc reçois-le, comme mes propres entrailles.

Comparer Philémon 1.7 ; Philémon 1.17.

Il faudrait que Philémon renonçât à aimer Paul pour ne pas aimer Onésime. Les manuscrits ne présentent pas moins de quatre leçons différentes pour ce verset Philémon 1.12.

D’après quelques-uns, les mots reçois-le ne seraient pas authentiques ; la construction serait interrompue et reprise seulement à Philémon 1.17 où Paul se décide enfin à formuler sa requête.

13 J’aurais souhaité de le retenir auprès de moi, afin qu’il me servît pour toi, dans les liens de l’Évangile ; 14 mais je n’ai rien voulu faire sans ton consentement, afin que le bien que tu feras ne soit pas forcé, mais volontaire.

Ces paroles prouveront à Philémon combien Paul estimait et aimait Onésime, puisqu’il aurait souhaité de le retenir auprès de lui (comparer Philémon 1.16).

Mais l’apôtre, avec une vraie délicatesse, n’a pas voulu agir ainsi, n’ayant pas le consentement de son disciple.

D’ailleurs, Paul tenait à renvoyer Onésime à Philémon (Philémon 1.11), ne fût-ce que pour les réconcilier et pour que l’esclave pût réparer le tort qu’il avait fait à son maître (Philémon 1.18 ; Philémon 1.19). En toute question, l’Écriture place en premier lieu la plus délicate probité.

15 Car peut-être a-t-il été séparé de toi pour quelque temps, afin que tu le recouvres pour toujours,

Ou éternellement.

Ce mot, dans la pensée de l’apôtre, va bien au-delà du temps présent. Quel argument pour Philémon !

16 non plus comme un esclave, mais comme étant fort au-dessus d’un esclave, comme un frère bien-aimé, de moi particulièrement, et à bien plus forte raison de toi, et dans la chair, et dans le Seigneur !

Dans la chair indique les rapports temporels qui liaient Philémon et Onésime ; dans le Seigneur, leur foi commune en lui, qui en faisait des frères bien-aimés.

Et l’apôtre n’oublie pas de mentionner son propre amour pour Onésime, afin de le rendre d’autant plus cher à son maître. Quelle profondeur, quelle délicatesse, quelle puissance d’affection chrétienne !

Voilà, au fond, comment le christianisme résout la grave question de l’esclavage : du dedans au dehors ; non par la violence, mais par la puissance de l’amour en Christ.

En effet, soit que l’on voie dans ces mots : non plus comme un esclave, la demande positive de libérer Onésime, soit qu’on les restreigne aux sentiments de Philémon pour ce dernier, toujours est-il que les chaînes de l’esclave sont rompues, rompues par l’amour et alors il est impossible que nul prétende les forger jamais de nouveau.

Quel chrétien pourrait imposer les flétrissures de l’esclavage à un frère bien-aimé ?

Les développements de l’Évangile de Jésus-Christ ont amené nécessairement l’abolition de l’esclavage et l’amèneront partout. Esclavage et Évangile sont deux choses aussi incompatibles que la lumière et les ténèbres, que Christ et Bélial (comparer sur cette question 1 Corinthiens 7.21, note ; 1 Timothée 6.1 ; 1 Timothée 6.2, note).

17 Si donc tu me regardes comme uni avec toi, reçois-le comme moi-même.

Grec : « En communion avec toi ».

Comparer Philémon 1.12, note.

18 Que s’il t’a fait quelque tort, ou s’il te doit quelque chose, mets-le-moi en compte : 19 moi, Paul, je t’écris de ma propre main, moi je le rendrai ; pour ne pas te dire que tu te dois toi-même à moi.

Philémon était redevable à Paul de sa vie spirituelle : Paul rappelle délicatement ce fait en faveur d’Onésime et malgré cela il se charge du tort de ce dernier ; moralement, car il est peu probable qu’il faille entendre les versets Philémon 1.19-20 d’un remboursement matériel.

Une telle offre de Paul, si pauvre, à Philémon qui paraît avoir été riche, aurait plutôt froissé les sentiments de ce dernier, d’autant plus que l’apôtre ne doute nullement de sa promptitude à lui accorder plus qu’il ne lui demande (Philémon 1.21). C’est par sa reconnaissance et son amour que Paul s’acquittera de sa dette envers Philémon.

20 Oui, frère, que je reçoive de toi cet avantage dans le Seigneur ; réjouis mes entrailles dans le Seigneur. 21 Je t’écris, comptant sur ton obéissance sachant que tu feras même plus que je ne dis.

C’est l’apôtre qui se trahit dans ce mot « d’obéissance », qui, après ce qui a été dit et la manière dont cela a été dit, ne saurait en rien choquer Philémon, tout en lui rappelant quel est le solliciteur qui lui parle avec toute l’effusion de l’amitié.
— Oltramare
22 En même temps aussi, prépare-moi un logement ; car j’espère que, par vos prières, je vous serai rendu.

Ce qui eut lieu en effet.

Quelle confiance l’apôtre avait dans les prières de ses frères ! C’est ce qui fait qu’il les leur demande si souvent et que lui-même était si fidèle à prier pour eux (Philémon 1.4).

Le mot traduit ici par logement signifie aussi hospitalité.

Il est possible que Paul demandât ainsi un nouveau service à Philémon, ou, par lui, à quelque autre frère de Colosses.

23 Epaphras, mon compagnon de captivité en Jésus-Christ te salue,

Voir Colossiens 1.7 ; Colossiens 4.12.

24 ainsi que Marc, Aristarque, Démas, et Luc, mes compagnons d’œuvre.

L’évangéliste. Colossiens 4.10.

Voir Actes 19.29.

Encore fidèle alors (Colossiens 4.14 ; comparez 2 Timothée 4.10).

Voir Colossiens 4.14.

25 La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit.

L’apôtre embrasse toute l’Église dans ce vœu de sa foi et de son amour (Philémon 1.1 ; Philémon 1.2).