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Introduction aux Hagiographes
Bible Annotée

I

Chacun des cinq livres qu’il nous reste à étudier a un caractère particulier et se rapporte à un sujet bien déterminé. On peut en résumer ainsi le contenu : Le livre de Job met en lumière un but spécial des souffrances des justes et la vraie manière de les accepter. Les Psaumes montrent comment il faut prier dans la bonne et dans la mauvaise fortune. Les Proverbes indiquent le moyen de réussir dans toutes les circonstances de la vie. L’Ecclésiaste relève la vanité de cette vie et signale la crainte de Dieu comme la seule condition du vrai bonheur. Le Cantique des cantiques oppose le faux et le vrai amour, celui qui se recherche soi-même et celui qui se donne loyalement et gratuitement. En d’autres termes le premier enseigne l’art de souffrir, le second l’art de prier, le troisième l’art de réussir, le quatrième l’art de jouir et le cinquième l’art d’aimer.

Cependant dans leur riche diversité nos cinq Hagiographes1 n’en présentent pas moins un trait commun : la réflexion humaine y joue un rôle prépondérant ; ils font connaître quel a été sur l’esprit des croyants l’effet des révélations reçues ; ils montrent les résultats obtenus par la Loi et la Prophétie sur le cœur et l’intelligence des Israélites. Comme nous le disions dans notre Introduction à l’Ancien Testament, ils renferment la réponse d’Israël à l’appel que Dieu lui a adressé dans la Loi, et l’on a pu à leur sujet parler, non sans raison, de la philosophie des Hébreux.

Cette expression toutefois n’est pas absolument juste ; aussi n’est-ce pas celle qu’emploient les auteurs mêmes de ces livres et qu’ont adoptée les docteurs juifs : ils parlent de sagesse (Chocma). Ceci est significatif. Le mot de Chocma vient de la racine verbale chacam, être solide, et ne désigne pas tant la recherche de la vérité, l’effort qui y tend, que les résultats fermes et fixes auxquels on est arrivé dans le domaine de la connaissance religieuse et morale. Ces résultats peuvent être incomplets encore, mais ils sont assurés ; car d’une part il existe une souveraine sagesse en dehors de l’homme et au-dessus de lui (Proverbes 8.22 et suivants ; Job 28.5-27), qui a présidé à la création du monde (Jérémie 10.12) et qui préside à l’histoire de l’humanité (Proverbes 8.16), et d’autre part l’homme a la faculté de percevoir cette sagesse parfaite : l’esprit de l’homme, lisons-nous Proverbes 20.27, est une lampe de l’Éternel. C’est pour cela que saint Paul dit que les Grecs recherchent la sagesse (1 Corinthiens 1.22). Ils la cherchent sans guide certain, car leur entendement est obscurci ; et, comme ils n’ont pas de révélation, ils ont libre carrière et peuvent se livrer à des spéculations bien plus hardies et bien plus personnelles. Les Israélites ont une révélation ; ils sont tenus en laisse par elle. Seulement elle ne leur a pas tout dit ; le jour n’est pas levé, il fait nuit encore ; la prophétie elle-même n’est qu’une lampe brillant dans un lieu obscur (2 Pierre 1.19). À côté de tout ce qu’Israël possède, il y a place encore pour bien des espérances, pour bien des pourquoi, bien des doutes, bien des luttes. Voilà sur quoi porte la philosophie du peuple de Dieu.

La Loi ou le Pentateuque avait établi les droits de l’Éternel et édicté les ordonnances que le peuple devait observer pour être béni. Les livres, prophétiques, dans le sens juif de ce mot, c’est-à-dire la suite des livres historiques depuis Josué jusqu’à la fin des Rois, ou prophètes antérieurs, et les prophètes proprement dits ou prophètes postérieurs, avaient jugé les peuples et les individus à la lumière de la Loi, les premiers s’occupant plutôt de l’histoire du passé, les seconds, d’une manière générale, de l’histoire contemporaine et à venir. Dans nos Hagiographes nous voyons les fidèles chercher à tirer le meilleur parti possible, pour la pratique de la vie, de ce qu’ils ont reçu par Moïse et les Prophètes. Que penser, que faire, étant donnés l’existence actuelle, d’une part, et le caractère rudimentaire de la révélation de l’ancienne alliance, d’autre part ? Il y a des mystères dans ce monde ! Il y a des lacunes dans la religion mosaïque ! Il y a des choses révélées ; elles sont pour les Israélites et pour leurs enfants à jamais, afin qu’ils les mettent en pratique. Et il y a des choses cachées (Deutéronome 29.29). Ces dernières, il est vrai, sont pour l’Éternel ; c’est la gloire de l’Éternel de celer quelque chose (Proverbes 25.2). Mais comment une créature pensante n’aspirerait-elle pas à une connaissance plus parfaite de la science qui l’emporte en valeur sur toutes les autres sciences ? Comment ne se débattrait-elle pas, non point au nom d’une vaine curiosité, mais au nom de la conscience et en vue de la vie pratique, contre les pénibles ignorances auxquelles elle est encore condamnée ?

Choses révélées, choses cachées. De là deux courants dans les Hagiographes.

Il est évident que lorsque les Proverbes, par exemple, donnent, pour les cas les plus divers qui peuvent se présenter dans la vie, des conseils pratiques, clairs et précis, nous avons là une application, absolument certaine et nullement hésitante, des grands principes de crainte de Dieu, d’équité envers le prochain et de respect de soi-même qui sont proclamés par le Décalogue. On en peut dire autant d’un grand nombre de Psaumes, qui ne sont autre chose que l’expression d’une foi sereine au triomphe définitif de l’individu qui fait cause commune avec Dieu, et que la proclamation de la règle fondamentale de l’ancienne alliance : Fais bien et bien te sera ! Tels sont, pour ne citer que les plus connus, les psaumes 1, 15, 24, 782, 81, 91, 92, 93, 96 à 101, et la plupart des psaumes liturgiques qui composent le cinquième et dernier livre du psautier (106 à 150). Voyez en particulier le psaume 119, qui, du premier au dernier de ses 176 versets, développe la pensée que la loi de Dieu répond à tout : « Grande est la paix de ceux qui aiment ta loi ! » (verset 165).

L’Ecclésiaste lui-même arrive à cette conclusion triomphante : Une chose, une seule, n’est pas vaine : la crainte de l’Éternel ! Elle est le commencement de la sagesse et c’est à elle qu’il faut en revenir toujours.

Mais d’autres fois les circonstances sont telles que les choses révélées ne suffisent plus et que le penseur israélite est sollicité à prolonger les lignes dont il ne peut voir encore que le commencement. Il y a conflit entre ce qu’il a reçu de son Dieu et les dures réalités d’ici-bas. Nulle différence entre le sort des justes et celui des méchants ! Bien plus, les maux semblent parfois se donner rendez-vous sur la tête du fidèle, tandis que l’impie vit exempt de toute adversité et même prospère. Ce qui arrive, c’est précisément le contraire de ce qui a été promis. Dieu a accompagné sa loi de menaces pour qui la méprise, de promesses pour qui s’y attache et s’efforce au moins de l’observer (Deutéronome 6.25). Ces menaces, lettre morte ! Ces encouragements, un leurre ! Nous qui vivons dans l’alliance meilleure (Hébreux 11.40) où la vie et l’immortalité ont été mises en évidence, nous possédons tous les éléments du problème. Pour les Israélites, le domaine de l’inconnu était très considérable, et, pour peu que nous nous mettions à leur place, nous comprendrons que leurs penseurs aient beaucoup souffert et beaucoup lutté.

Ces doutes, cette poignante souffrance morale, cette lutte, nous en trouvons l’expression dans la plus grande partie de l’Ecclésiaste, dans le livre de Job et dans toute une catégorie de Psaumes, dont le type est le psaume 78, où Asaph rapporte qu’il a été sur le point de douter de la loi en constatant tous les démentis que lui donnent les faits.

Voilà qui constitue dans nos Hagiographes un courant tout autre que celui que nous signalions en premier lieu. Plus d’applications pratiques, mais des comment ; plus d’affirmations, mais des pourquoi. Il ne peut être question de douter de Dieu : ce sont les insensés qui se décident pour cette solution-là du problème (Psaumes 14.1). Mais, l’existence de Dieu étant et demeurant établie, comment expliquer les souffrances de l’innocence et la prospérité des méchants ? « Pourquoi, ô Éternel, te tiens-tu éloigné et fermes-tu les yeux (ou te caches-tu) au temps de la détresse ? »(Psaumes 10.1).
« Pourquoi le méchant méprise-t-il Dieu ? » (verset 13).
« Seigneur, jusques à quand regarderas-tu (sans intervenir) ? » (35.17).
Sans doute les prophètes déjà avaient souffert des longues humiliations du peuple de Dieu et des victoires des puissances païennes ; mais du moins avaient-ils pu se consoler par la perspective du triomphe définitif du royaume de Dieu. Grâce au résidu, Israël finira par être le monument permanent de la justice divine. Mais les individus meurent. Où et quand pourra, à leur égard, se manifester cette même justice ?

Dans l’hadès et dans la vie future, répondra-t-on ; car enfin les Hébreux croyaient à la survivance après la mort. Il est vrai. Mais n’oublions pas quelles étaient les idées qu’ils se faisaient du séjour des morts. C’était pour eux un lieu de silence et d’obscurité, où vivaient, (si c’est encore là une vie), les uns à côté des autres et dans les mêmes conditions défectueuses, les bons et les méchants. Là les méchants cessent de tourmenter ; là se reposent ceux qui sont à bout de forces. Les captifs y sont réunis en silence. Petits et grands s’y confondent (Job 3.17-19). C’est à peine si, dans des passages tels que Ésaïe 14.15 et Ézéchiel 32.23, nous voyons des degrés se dessiner dans la condition des trépassés, et les plus grandes profondeurs de l’hadès réservées aux plus grands coupables. Du reste c’est pour tous indifféremment un lieu d’oubli. Si Dieu ne le perd pas de vue (Proverbes 15.11), ceux qui s’y trouvent ne se souviennent lus plus de Dieu et ne le célèbrent plus (Psaumes 6.6). Ce n’est pas dans un pareil séjour que l’homme, malheureux ici-bas, pourra arriver à jouir des biens promis au juste et à remplir enfin sa destinée. Il est réduit à l’état d’ombre vaine (« réphaïm », Psaumes 88.11). Rien d’étonnant d’ailleurs à ce que les Israélites ne comptent pas sur la mort et la vie à venir pour réparer les injustices que laisse subsister l’existence présente : la mort prend dans l’Ancien Testament une signification bien plus redoutable que dans l’antiquité païenne, car elle est le fruit du péché et l’effet de la colère divine.

Nous sommes consumés par ta colère et nous sommes épouvantés par ta fureur. Tu as mis devant toi nos iniquités, devant la lumière de ta face nos fautes cachées. Car tous nos jours s’en vont par ta grande colère
Psaumes 90.7-9

Deux remarques à l’appui de ce qui précède. Il s’en faut tant que l’existence future soit aux yeux des croyants de l’ancienne alliance l’ère des réparations éternelles, que dans le livre de Job le juste finit par recevoir ici-bas la compensation des maux qui l’ont atteint malgré son innocence. Un poète chrétien eût présenté une autre fin. Puis jetons les yeux sur quelques passages des Psaumes et nous sentirons que le psalmiste, pour ne pas désespérer, a dû faire à certains moments un effort tout à fait extraordinaire de foi, et que la simple application à sa position personnelle des lumières qu’il avait pu recevoir, était loin de lui suffire toujours. Si quelquefois, dans des passages extrêmement touchants, il accepte sans raisonner, sans comprendre, les revers qui sont venus fondre sur lui et la mort elle-même qui le menace, et s’il se rabat, pour justifier l’Éternel, sur la joie intime et cachée que lui procure, au sein même de l’épreuve, la communion de son Dieu ; s’il s’écrie dans une heure particulièrement pénible : « Tu as mis plus de joie dans mon cœur qu’ils n’en ont quand leur froment et leur moût ont été abondants » (Psaumes 4.7) ; le plus souvent, dans de pareilles heures, il lutte, il se débat contre son ignorance, il postule une issue, et nous le voyons découvrir, par une sorte de tour de force spirituel, ce qui était caché encore à l’ensemble des fidèles de l’ancienne alliance, d’une manière toute subjective et pour son compte personnel, il anticipe sur l’économie des lumières parfaites et il en vient à cette conviction : que les rapports qu’il soutient avec son Dieu ne sont pas de ceux qui peuvent se rompre à jamais. « Tu n’abandonneras pas mon âme au sépulcre ; tu ne permettras pas que ton saint sente la corruption. Tu me feras connaître le chemin de la vie… » (Psaumes 16.10-11). « Dieu rachètera mon âme de la puissance du sépulcre, car il me prendra » (Psaumes 49.15).
« Si ma chair et mon cœur se consument, Dieu est le rocher de mon cœur et mon partage pour toujours ! » (Psaumes 73.26).
Job, à son tour, s’écrie dans le magnifique passage 19.25-26 : « Et moi, je sais que mon vengeur est vivant, et qu’il s’élèvera le dernier sur la poussière… Sans ma chair, je verrai Dieu ! »

Voilà les brûlantes affirmations que nous entendons retentir en pleine ancienne alliance. Mais ce sont là des résultats conquis, pour ainsi dire, de haute lutte et qui ne font que de corroborer ce que nous avons dit sur l’infirmité de l’Ancien Testament et sur le caractère tragique de toute une partie des écrits de la Chocma.

II

Sous le rapport de la langue, la poésie des Hébreux, comme celle de tous les peuples du monde, se distingue de la prose par un choix d’expressions moins courantes et par des constructions plus serrées. Puis, si elle n’a ni la rime, ni la mesure, elle possède le parallélisme. Enfin elle connaît les vers et la strophe. Reprenons ces divers points.

Tout poète se dit inspiré, et tout vrai poète l’est réellement. Il l’est par la passion et l’orgueil, comme Lémec, par l’amour, comme l’auteur du Cantique des cantiques, par la tristesse, comme David pleurant sur Jonathan, par la reconnaissance et l’indignation, comme Débora, par le sentiment de sa dignité outragée, comme Noé, par l’esprit du monde ou par l’Esprit divin (1 Corinthiens 2.12 ; 2 Pierre 1.21). Dans ces heures de vive émotion, l’homme est transporté au-dessus ou du moins en dehors de la vie ordinaire, et là il entre en contact avec des puissances dont il subit l’action, qu’il peut comprendre, qui peuvent parler par lui. Mais elles ne parlent pas comme chacun. L’homme traduira ce qu’elles ont dit à son cœur en un langage digne d’elles. Voilà pourquoi des expressions qui paraîtraient recherchées et prétentieuses dans un simple récit ou dans une conversation, seront au contraire acceptées de chacun, sitôt que celui qui les emploie se donne comme parlant sous l’impulsion que le sobre Boileau appelait l’influence secrète du ciel. Bien souvent les poètes hébreux ont recours à des mots qui ne se rencontrent dans aucun autre livre de l’Ancien Testament. Il en est même qui ne figurent qu’une fois sous leur plume et dont on n’arrive à découvrir le sens que par leur ressemblance avec telle ou telle expression arabe ou araméenne. C’est ce qui fait que les livres poétiques sont infiniment plus difficiles à lire et à traduire que les autres.

Nouvelle source de difficulté et d’hésitation : la vivacité des impressions qu’il s’agit d’exprimer produit chez l’auteur une concision de laquelle résultent bien des obscurités. Il faut autant d’imagination pour comprendre certains passages des bénédictions de Jacob ou de Moïse, qu’il en a fallu pour les composer. Et l’imagination étant une de nos facultés les plus faillibles en vertu même de sa nature, on comprend avec quelle circonspection il faut se mouvoir dans des pages pareilles.

Mais, bien souvent, l’interprète est dirigé d’une manière sûre et se trouve tiré d’incertitude par la loi du parallélisme, en vertu de laquelle l’auteur, après avoir exprimé une pensée, ne passe pas aussitôt à en exprimer une autre, mais se plaît à présenter, dans le second membre d’un verset, sous une forme différente et avec une légère nuance, la même idée que dans le premier. Le poète hébreu ne connaît pas la rime. Il aurait pu la pratiquer, comme le font les poètes juifs modernes. On trouve souvent des distiques dont les vers se terminent par des sons identiques :

qu’est-ce que l’homme que tu te souviennes de lui (ki tizkerennou),
Et le fils de l’homme que tu le visites (ki tiphkedennou) !
Psaumes 8.7

Mais ce sont là des rencontres fortuites et il n’existe aucune poésie biblique dont tous les vers présentent ce phénomène. On trouve aussi, dans l’intérieur même et non pas nécessairement à la fin des vers, des assonances qui semblent voulues et qui constituent des jeux de mots destinés soit à aider à la mémoire en frappant l’oreille de sons à peu près pareils (ainsi le commencement du cantique de l’Ami d’Ésaïe sur sa vigne, Ésaïe 5.1-2), soit à produire un contraste d’idées d’autant plus remarquable que les mots se ressemblent davantage, ainsi Ésaïe 5.7 :

Il en attendait la droiture (mischpat), et voici du sang versé (mispach) ;
La justice (tsedaka), et voici le cri de détresse (tseaka) ;

Soit enfin à produire, par la répétition de sons ayant un caractère marqué, une impression particulière sur les esprits, ainsi, au commencement du Psaume 124 et dans Ésaïe 53, les sons en u et ou, qui conviennent éminemment au caractère sombre de ces morceaux. Voir aussi Lamentations chapitre 5, où, dans 22 versets, se retrouvent quarante fois les terminaisons ânou, énou, înou. Il n’en est pas moins vrai que la rime proprement dite est absolument étrangère au poète hébreu ; il se contente de la répétition de l’idée, du parallélisme, qui est, si l’on peut s’exprimer ainsi, la rime tout intellectuelle de la pensée et du sentiment. Il aime à ranger l’une à côté de l’autre deux propositions ayant la même construction, à établir une symétrie entre deux jugements :

Je les diviserai en Jacob,
Et je les disperserai en Israël.
Genèse 49.7
Les méchants ne subsisteront point dans le jugement,
Ni les pécheurs dans l’assemblée des justes.
Psaumes 1.5

Ou bien, sans cependant qu’il y ait simple répétition, la même pensée se présente trois fois ; ainsi Psaumes 1.1. Voir également les deux premiers chapitres des Lamentations. Parfois aussi un verset se compose de quatre propositions, dont les deux premières, marchant de front, sont dans une relation causale avec les deux dernières, également parallèles entre elles :

Que mon âme n’entre point dans leur conseil !
Que ma gloire ne se joigne point à leur assemblée !
Car dans leur colère ils ont tué des hommes ;
Dans leur caprice ils ont coupé les jarrets des taureaux.
Genèse 49.6-7

Ou bien l’idée soulignée par le parallélisme se trouve précédée ou suivie par une considération qui la motive et qui n’est présentée qu’une seule fois :

Ne crains pas, car je suis avec toi ;
Je ramènerai ta postérité de l’Orient
Et te rassemblerai de l’Occident.
Ésaïe 43.5
Voici, comme les yeux des serviteurs [regardent] à la main de leurs maîtres,
Comme les yeux de la servante [regardent] à la main de sa maîtresse,
Ainsi nos yeux [regardent] à l’Éternel notre Dieu jusqu’à ce qu’il ait pitié de nous.
Psaumes 123.2

Impossible de signaler toutes les variétés de formes que peut revêtir le parallélisme. Ajoutons seulement qu’assez fréquemment il y a opposition entre les deux jugements :

L’âme rassasiée foule aux pieds les rayons de miel ;
Mais pour l’âme affamée tout ce qui est amer est doux.
Proverbes 27.7

La réunion de plusieurs versets constitue la strophe. Le plus souvent la pensée, le contenu seuls indiquent jusqu’où s’étend une strophe et ou en commence une autre ; tel est le cas, pour Exode 15, Psaumes 2, 68, 107, etc, d’autres fois la strophe est indiquée d’une manière toute extérieure par un refrain (Psaumes 42, 43, 57 ; Ésaïe 9.11, 16, 20 et 10.4) ou par le fait que tous les versets qui la constituent commencent par une seule et même lettre de l’alphabet (Psaume 119). Voir, pour plus de détails sur la forme poétique des Psaumes, l’introduction particulière à ce livre.