Le nom de l’auteur de cette épître n’est pas mentionné. Toutefois, personne n’a jamais mis sérieusement en doute la paternité de l’apôtre Jean, qui fut également rédacteur du quatrième évangile. Ces deux écrits sont très proches l’un de l’autre par le contenu, le style et la langue. En lisant le début de la première épître de Jean, nous découvrons déjà quelques points communs avec les premiers versets de l’évangile du même nom. Des notions telles que la lumière et les ténèbres, la vie et la mort, la vérité et le mensonge, comme aussi le Fils unique, se retrouvent dans les deux livres.
L’auteur se présente comme un témoin oculaire de la vie de Jésus (chap. 1.1-3). Jean s’exprime avec l’autorité d’un conducteur spirituel âgé et reconnu. Mises en rapport avec le contenu du quatrième évangile (cf. « L’évangile selon Jean »), ces données confirment que la même personne a également écrit l’épître.
Les croyants de l’Église primitive ont abondamment corroboré ce point de vue. Ayant connu l’apôtre personnellement, Polycarpe de Smyrne (env. 70-155) cite pour la première fois d’une manière claire la première épître de Jean toutefois, l’évêque ne nomme pas ce texte expressément. Chez Irénée (env. 140-202), Clément d’Alexandrie (env. 150-215), Tertullien (env. 160-220), Papias (env. 65-150, selon Eusèbe) et dans le canon de Muratori (fin du 2e siècle), on trouve d’autres témoignages relatifs à cette épître. Plusieurs critiques de l’époque moderne défendent l’opinion selon laquelle la lettre aurait été écrite par un auteur dénommé «Jean l’ancien». Les mêmes personnes avancent parfois l’idée qu’un disciple de l’apôtre Jean serait peut-être le rédacteur du texte.
D’après un grand nombre de savants, l’épître et l’évangile ont été écrits vers la fin du 1er siècle, plus exactement entre les années 90 et 100 apr. J.C. En revanche, on ne peut déterminer d’une manière sûre l’antériorité ou la postériorité de l’un par rapport à l’autre.
D’autre part, les destinataires de l’épître ne sont pas nommés. Certains chercheurs estiment que la lettre était adressée à un cercle restreint de chrétiens qui habitaient alors l’Asie mineure. Pourtant, on peut relever un caractère universel dans l’ensemble du texte. Comme l’épître de Jude, celle de Jean concerne tous les croyants. Le lecteur est frappé par l’emploi fréquent des expressions «enfants» (chap. 2.1, 12, 28 ; 3.7, 18 ; 4.4 ; 5.21 ; en grec, teknion : littéralement « cher enfant ») et « petits enfants » (chap. 2.13, 18 ; en grec, paidion : « petit enfant »). On trouve en outre une troisième expression, qui rappelle la relation d’enfant avec Dieu (chap. 3.1, 10 ; 5.2 ; en grec, tekna theou : « enfants de Dieu »). Les mots « bien-aimés » (chap. 2.7 ; 3.2, 21 ; 4.1, 7, 11) et « frères » (chap. 3.13) apportent autant de témoignages démontrant l’affection qui liait l’auteur et les destinataires de cette lettre.
Le texte de la première épître de Jean ne fournit pas d’indication particulière sur l’auteur ou les destinataires. Cette lettre ne comporte pas non plus de salutations ou de nouvelles personnelles. D’aucuns en ont déduit qu’il ne s’agissait pas, en fait, d’une épître, mais plutôt d’une prédication écrite (homélie) ou encore d’un traité. La répétition de l’expression «Je vous écris» montre toutefois qu’il s’agit bien d’une lettre, même si elle est unique quant à sa forme (comp. chap. 1.4 ; 2.1, 7, 8, 12, 13, 14, 21, 26 ; 5.13).
Le propos, comme celui de Jacques, ne suit pas une ligne de pensée évidente, logique, progressive. L’apôtre Jean reprend volontiers à plusieurs reprises ses différents thèmes principaux (la vie éternelle, l’amour fraternel, la justice pratique). Il utilise un langage très simple, empreint d’une gravité solennelle.
Jean souligne l’immutabilité et la sûreté du message chrétien en répétant fréquemment l’expression « dès le commencement » (chap. 1.1 ; 2. 7, 13, 14, 24 ; 3. 11 ; comp. 2 Jean 5 et 6). L’assurance personnelle de la foi est mise en évidence par l’emploi multiplié des mots : « nous savons » ou « nous connaissons » (chap. 2.3, 5, 18, 20, 21, 29 ; 3.2, 5, 14, 15 ; 5.2, 13, 15, 18, 19, 20).
Il ressort de l’épître que vers la fin du 1er siècle, des faux docteurs s’infiltraient parmi les chrétiens : ils niaient que le Christ était Fils de Dieu (chap. 2.18-23), ne reconnaissaient pas que le Fils éternel était devenu homme (chap. 4. 1-3) et jugeaient inutile une vie de foi dans la justice et l’amour fraternel. Ces atteintes à la christologie et à l’éthique chrétienne constituèrent les premiers degrés d’un gnosticisme qui allait se développer au cours du 2e siècle sous différentes formes. Jean nomme ces ennemis de la foi chrétienne des « antichrists » (chap. 2.18 ; 4.3). De telles personnes sont, en quelque sorte, des précurseurs du grand adversaire de Christ qui paraîtra lors du temps de la fin, après l’enlèvement de l’assemblée (comp. 2 Thess. 2 ; Apoc. 13.11ss ; 19.20).
Face à ces attaques dirigées contre la foi chrétienne, Jean présente les éléments du salut : Fils éternel de Dieu, lui-même la vie éternelle, Christ est venu offrir aux hommes qui croient en lui la vie éternelle et la qualité d’enfants de Dieu. L’apôtre expose simultanément les critères qui permettent de reconnaître si quelqu’un possède véritablement la vie de Dieu. Le but de l’épître est exprimé au chapitre 5.13, par ces mots : « Je vous ai écrit ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu. »
Dans son évangile, Jean décrit la manifestation de la vie éternelle en Christ, la Parole devenue chair. Dans sa première épître, l’apôtre présente la manifestation de cette vie en ceux qui croient au Fils de Dieu; et aussi les signes caractéristiques de cette vie dans sa réalisation pratique dans les croyants: la justice et l’amour fraternel. On a pu dès lors affirmer, à juste titre, que cette lettre était une suite de l’évangile selon Jean (des chapitres 1 à 19 en particulier). A la différence de l’apôtre Paul, Jean ne décrit pas la position du croyant en Christ ni les privilèges de l’Assemblée (ekklesia) de Dieu ; il présente la vie éternelle dans les enfants de Dieu et les relations au sein de la famille de Dieu.
Par conséquent, Jean n’entrevoit aucune position intermédiaire entre la lumière et les ténèbres, la vérité et le mensonge, la vie et la mort. Cette manière abstraite de considérer les choses et de les présenter crée des difficultés à de nombreux lecteurs. Ils ne peuvent l’harmoniser avec leurs expériences pratiques. Par exemple, quand Jean écrit : « Quiconque demeure en lui ne pèche pas ; quiconque pèche ne l’a pas vu, ni ne l’a connu » (chap. 3.6), il ne décrit pas la vie pratique de chaque chrétien pris individuellement ; celle-ci, hélas ! ne corrobore souvent en rien ce verset. Jean expose plutôt des principes divins (voir sous 3a : « La logique divine » de Jean).
Jean présente encore des pierres de touche utiles pour la vie pratique des chrétiens, quand ils sont assaillis par les faux docteurs. L’apôtre introduit souvent de tels éléments par ces mots : « Si nous disons » (chap. 1.6, 8, 10 ; 2.4, 9 ; 4.20). La profession des lèvres ne suffit pas. La pratique de notre vie de foi doit être en accord avec cette profession. Car seul le comportement permet de s’assurer de l’authenticité d’une confession. Par cette épître, Jean veut donc fortifier dans sa foi le croyant le plus simple, et lui donner un fondement divin sûr, ainsi qu’une arme efficace pour le combat contre les fausses doctrines. Nous trouvons, résumés, le sujet et le contenu de cette épître en lisant les versets 11 et 12 du chapitre 5 : « Et c’est ici le témoignage : que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils : Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie. »
Devant la nature très absolue de quelques déclarations présentées dans l’épître, le lecteur est parfois confronté à des difficultés. Elles disparaissent quand on comprend leur « logique divine ». Citons par exemple : « Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché » (chap. 3. 9). En fait, s’ils pensent à leur vie pratique, tous les croyants éprouvent des difficultés à la lecture de ce verset. Pourtant, il y a une logique dans ce que dit l’apôtre. Son affirmation n’a nullement en vue un signe caractéristique particulier de l’état pratique du chrétien ; c’est bien plutôt une déclaration de principe sur la nature d’un homme né de Dieu et, par conséquent, rendu capable de mener une vie selon Dieu. Les deux parties de cette phrase ont, du point de vue de Dieu, des contenus absolument identiques.
Les deux exemples suivants expliquent bien cette logique :
Les affirmations difficiles présentées dans la première épître de Jean font toutes partie de la seconde catégorie. Les deux parties des phrases sont identiques quant au contenu et peuvent donc être inversées, car il s’agit de principes divins.
Les deux déclarations suivantes, qui mettent en évidence l’essence divine, se trouvent uniquement dans la première épître de Jean : « Dieu est lumière » (chap. 1.5) et «Dieu est amour» (chap. 4.8, 16). Le premier passage parle de la sainteté, de la vérité et de la justice de Dieu, le second de sa grâce et de sa miséricorde. Ces deux traits divins, la lumière et l’amour, sont toujours en parfaite harmonie. Ils ont été pleinement manifestés en Christ, le Fils de Dieu : « La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ » (Jean 1. 17). La lumière et l’amour ont été révélés dans leur perfection à la croix de Golgotha. L’amour de Dieu envers des pécheurs perdus a été manifesté là par le don de son propre Fils ; là aussi, la lumière de la sainteté et de la justice de Dieu a brillé de tout son éclat, lorsque Christ, le Fils de Dieu, a été la propitiation pour nos péchés. Le psalmiste l’exprimait déjà par ces paroles : « La bonté et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont entre-baisées » (Ps. 85. 10).
I. 1 Jean 1.1-4, introduction : La Parole de la vie | |
II. 1 Jean 1.5 à 2.12 : Caractéristiques de la vraie communion avec Dieu | |
1. Chapitre 1.5-10 | Conditions pour qu’elle soit réalisée |
2. Chapitre 2.1, 2 | Secours de Dieu à cet effet |
3. Chapitre 2.3-12 | Obéissance et amour |
III. 1 Jean 2.13-27 : Trois étapes de la foi | |
1. Chapitre 2.13, 14 | Pères |
2. Chapitre 2.13, 15-17 | Jeunes gens |
3. Chapitre 2.13, 18-27 | Petits enfants |
IV. 1 Jean 2.28 à 4.6 : Caractéristiques des enfants de Dieu | |
1. Chapitres 2.28 à 3.3 | Attente de Christ |
2. Chapitre 3.4-10 | Demeurer en Christ |
3. Chapitre 3.11-18 | Demeurer dans l’amour |
4. Chapitre 3.19-24 | Assurance |
5. Chapitre 4.1-6 | Eprouvez les esprits |
V. 1 Jean 4.7-21 : L’amour de Dieu | |
1. Chapitre 4.7-10 | L’amour de Dieu envers nous |
2. Chapitre 4.11-16 | L’amour de Dieu consommé en nous |
3. Chapitre 4.17-21 | L’amour de Dieu consommé avec nous |
VI. 1 Jean 5.1-21 : Certitude de la foi | |
1. Chapitre 5.1-5 | La puissance de la foi |
2. Chapitre 5.6-12 | Le témoignage de Dieu |
3. Chapitre 5.13-21 | Les fruits de la foi. |
Tiré de « Vue d’ensemble du Nouveau Testament »,
Arend Remmers, EBLC Chailly-Montreux Suisse
Cette Bible est dans le domaine public.