On ne trouve pas de nom d’auteur dans l’Ecclésiaste. Pourtant la tradition judaïque ancienne parle déjà du roi Salomon comme étant le rédacteur de ce livre. Il est vrai que cette attribution à Salomon est le plus souvent mise en doute, premièrement pour des motifs de langue, et deuxièmement, parce que le nom de l’Éternel ne paraît pas dans ce livre. Mais ces deux raisons ne sont pas solides et ne s’imposent pas (voir à cet effet ce que nous disons sous 3. Ses particularités).
En Ecclésiaste 1.1, 12, l’auteur se nomme lui-même fils de David et roi à Jérusalem. Au verset 16, il parle de sa grande sagesse : d’après 1 Rois 3.12 ; 4.2ss ; 10.1, seul le roi Salomon la possédait. Le rédacteur mentionne au chapitre 12 (v.9) qu’il a composé beaucoup de proverbes. Ce fait aussi ne s’applique qu’à Salomon (voir 1 Rois 4.32 ; Prov. 1.1).
Différentes expressions du livre de l’Ecclésiaste indiquent que Salomon n’a écrit ce livre que dans sa vieillesse (Eccl. 1.12 à 2.11 ; 11.9 à 12.7). Ici donc, l’auteur jette un regard rétrospectif sur une longue vie et repasse toutes ses pensées et ses actes, il avertit la jeunesse, et évoque la vieillesse.
Le roi Salomon régna de 970 à 931 av. J.C. environ. Le livre de l’Ecclésiaste date ainsi de la fin de cette période.
L’Ecclésiaste appartient à la dernière partie de la bible hébraïque, les « Ecritures » (en hébreu : ketubim) et, plus précisément, à ce qu’on a appelé « les cinq rouleaux » (en hébreu : megilloth). Ceux-ci sont utilisés, aujourd’hui encore, lors des jours de fête judaïques. L’Ecclésiaste est lu dans les synagogues pendant la fête des tabernacles.
Les versets 2 et 3 du premier chapitre indiquent le contenu et le but du livre de l’Ecclésiaste : « Vanité des vanités, dit le prédicateur ; vanité des vanités ! Tout est vanité. Quel profit a l’homme de tout son labeur dont il se tourmente sous le soleil ? » Le mot « vanité » (hevel) revient trente-cinq fois dans ce livre ! Ce terme hébraïque hevel se retrouve également dans le nom qu’Adam et Eve donnèrent à leur deuxième fils, Abel (Gen. 4.2), après que, par leur désobéissance, le péché fut entré dans le monde. L’expression « sous le soleil » revient, quant à elle, vingt-neuf fois. Elle souligne le caractère de ce livre, qui décrit la vie sur cette terre du point de vue de l’homme déchu ; on y a vu donc, avec raison, une présentation de la malédiction, conséquence de la chute (comp. Gen. 3.17-19).
La question fondamentale à la base du livre de l’Ecclésiaste pourrait être formulée de la manière suivante : Comment l’homme passe-t-il au mieux sa vie ? Les réponses apportées à cette interrogation sont la plupart du temps présentées d’un point de vue humain. Aussi donnent-elles l’impression que le rédacteur demeurait bien éloigné de la vérité divine. Nous trouvons quelques exemples de telles conclusions erronées dans les passages suivants : Ecclésiaste 3.19-22 ; 7.16, 17 ; 8.15 ; 9.6, 10.
Des déclarations de cette sorte pourraient amener le lecteur du livre de l’Ecclésiaste à demander : Comment est-il possible que des choses semblables aient leur place dans la parole de Dieu ? L’explication n’est pas difficile à donner. Ces raisonnements humains ne relèvent pas d’une révélation divine (comme, par exemple, l’épître aux Éphésiens dans le Nouveau Testament), mais ils ont été consignés dans la Bible par l’inspiration divine. Les expériences et les pensées de Salomon sont rapportées comme les paroles d’un être déçu par la vie, même si l’homme n’y est pas vu dans une relation de foi vivante avec Dieu (quoique, comme créature, tout homme soit responsable envers son créateur). Ainsi on a souvent conféré au livre de l’Ecclésiaste un caractère sceptique ou pessimiste. Effectivement, on ne trouve pas un mot de louange à Dieu dans l’Ecclésiaste, et rien concernant la grâce et la rédemption. Lorsque le nom de Dieu est mentionné, il ne l’est jamais en tant que l’Éternel, mais seulement comme Elohim (plus d’une quarantaine de fois en tout).
L’enseignement direct de l’homme par Dieu ne paraît dans ce livre qu’aux versets 11 à 14 du chapitre 12. Ces paroles qui terminent l’Ecclésiaste peuvent aussi être considérées comme une bonne introduction au livre des Proverbes. Ceux-ci précèdent, il est vrai, le texte de l’Ecclésiaste dans les bibles en langue française ; mais, du point de vue spirituel, les premiers représentent un progrès par rapport au second.
L’Ecclésiaste est un des rares livres de l’Ancien Testament à ne pas être cité une seule fois dans le Nouveau Testament ; on trouve néanmoins de nombreuses pensées parallèles (par exemple, Eccl. 5.1 et Matt. 6.7 ; Eccl. 12.14 et 2 Cor. 5.10 ; Eccl. 7.9 et Jacq. 1.19).
Le titre « Prédicateur » est la reproduction du terme hébraïque, de genre féminin, qohelet, lui-même dérivé du verbe qahal : « assembler ». Le mot qohelet revient sept fois dans l’Ecclésiaste (voir Eccl. 1.1, 2, 12 ; 7.27 ; 12.8-10), mais ne se trouve nulle part ailleurs dans la Bible. Les traducteurs de la version des Septante l’ont rendu par ekklésiastes (de : ekklésia : « rassemblement »). Le premier, Martin Luther a employé « Prédicateur » en relation avec ce terme difficile à traduire qohelet. Mais cette expression a été contestée. Une autre explication est donnée en partant du sens premier de ce mot : « assembler ouvertement ». La sagesse décrite dans le livre du Prédicateur est alors la sagesse accessible à tout le monde, c’est-à-dire celle qui est enseignée dans le parvis du temple, par opposition à la sagesse cachée du sanctuaire (comp. Ps. 73.17), connue du croyant seulement. La seconde est décrite dans les Proverbes qui, comme nous l’avons mentionné, constituent, quant à leur enseignement, la « continuation » de l’Ecclésiaste.
On peut relever que le nom Éternel n’est pas cité une seule fois dans ce livre, alors que Elohim (Dieu) revient plus de quarante fois.
Lors de nos considérations sur le Pentateuque et les Psaumes, nous avons déjà vu que le nom Elohim désigne Dieu dans son absolu et sa toute-puissance comme créateur. En revanche, Éternel exprime sa grâce et sa relation avec les hommes, mais en particulier avec son peuple Israël. Le nom Éternel ne paraît pas dans l’Ecclésiaste parce que ce livre ne présente pas un homme ou un peuple dans une relation précise d’alliance ou de foi avec Dieu ; l’homme est plutôt considéré en tant que tel, quoique responsable envers son Dieu créateur (Eccl. 11.9 ; 12.1).
I. Ecclésiaste 1.1 à 11 : Introduction Vide de la vie sans Dieu | |
II. Ecclésiaste 1.12 à 6.12 : Question quant au sens des événements dans le monde | |
Chapitre 1.12 à 18 | Celui qui cherche |
Chapitre 2 | Le résultat de la recherche : l’inutilité de toute peine |
Chapitre 3 | La certitude de la mort |
Chapitre 4 | Comparaison entre différentes situations de vie |
Chapitre 5 | Comportement correct de l’homme envers Dieu et envers ses semblables |
Chapitre 6 | Néant des situations de vie les plus diverses. |
III. Ecclésiaste 7.1 à 12.10 : Bons conseils | |
Chapitre 7 | Différents aspects de la sagesse |
Chapitre 8 | L’occupation des hommes |
Chapitre 9 | Un même destin pour tous |
Chapitre 10 | L’activité humaine et ses résultats |
Chapitres 11.1 à 12.10 | Le néant de la vie humaine depuis la jeunesse jusqu’à la vieillesse |
IV. Ecclésiaste 12.10 à 14 : Conclusion La vie à la lumière de l’éternité. |
Tiré de « Vue d’ensemble de l’Ancien Testament »,
Arend Remmers, EBLC Chailly-Montreux Suisse.
Cette Bible est dans le domaine public.