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Moré ou moreh
Dictionnaire Biblique Westphal

Ce mot hébreu, de la racine yârâh = jeter, a trois acceptions dans l’Ancien Testament :

1.

Comme yôrèh il désigne la pluie d’automne qui permet les semailles : elle était le symbole de la bénédiction de JHVH (Psaumes 84.7; Joël 2.23).

2.

Participe du mode hiphil, il peut désigner l’archer (1 Samuel 20.36 ; 1 Samuel 31.3 ; 2 Samuel 11.24 ; 1 Chroniques 10.3).

3.

Au figuré, il représente celui qui enseigne (mot appliqué quelquefois à Dieu : Job 36.22, mais plus souvent aux hommes : Ésaïe 9.14 ; Ésaïe 30.20 ; Proverbes 5.13 ; Proverbes 6.13 ; 2 Chroniques 15.3, etc.), ou encore le devin, c’est-à-dire celui qui jette les dés pour obtenir de la divinité une thora, une sentence, un oracle (voir Divination). Ce dernier sens se retrouve dans trois passages où moreh est associé à un phénomène naturel.

D’abord Genèse 12.6 et (Deutéronome 11.30 ; lire avec LXX, Vulgate, etc., le singulier au lieu du pluriel) : élôn môrèh = le chêne de moreh ; ce dernier mot n’est pas un nom propre, comme l’entendent la plupart des traductions, mais le qualificatif de élôn, le chêne qui enseigne ou qui rend des oracles, le chêne-devin : le bruissement du feuillage était censé être une manifestation de la divinité (cf. l’oracle de Dodone et 2 Samuel 5.24), et un « homme de Dieu » savait l’interpréter ; de là la traduction possible : chêne du devin. C’est là nettement le sens, dans Juges 7.1, de guibeath hammôrèh (avec l’article) : la colline du devin, très probablement à l’est de la plaine de Jizréel ; on a cru la retrouver dans le Djebel ed-Dahi ou Petit Hermon, mais ce n’est pas sûr du tout. Quant au chêne-devin (Genèse 12.6), il était près de Sichem que ce même verset donne pour la première station d’Abraham à son arrivée en Canaan. Il est difficile de savoir ce que l’auteur du Deutéronome (Deutéronome 11.30) entend exactement ; mais il y a, à proximité de Sichem, une localité dont le nom arabe de Djoulêdjil correspond tout à fait à l’hébreu Guilgal mentionné dans ce même verset et mis en rapport avec l’Ébal et le Garizim ; on peut donc identifier ce chêne-devin-là avec celui de Genèse 12.6.

E. G.


Numérisation : Yves Petrakian