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Homme
Dictionnaire Biblique Westphal Calmet

Le mot homme est pris dans des sens divers, mais son emploi est si commun qu’il n’y a pas lieu de les définir longuement. Il désigne l’espèce à laquelle nous appartenons, par opposition aux espèces animales ; il désigne également un individu de cette espèce ; au sens restreint, il en désigne le mâle, par opposition à la femme.

Origine de l’homme

L’homme fut longtemps considéré comme un être à part, distinct du reste de la création. Mais si ses facultés spéciales autorisent une séparation fondamentale entre lui et les autres êtres vivants, les analogies indéniables de son économie physiologique avec celle des animaux invitent à le rapprocher de ceux-ci.

Tous les êtres vivants furent considérés comme le produit de créations spéciales, chacun selon son espèce ; les espèces animales, nées par génération spontanée, étaient réputées fixes et immuables à travers le temps. Ces conceptions s’appuyaient à tort sur une interprétation abusive et erronée du récit de la création que nous trouvons dans la Genèse. Mais l’étude de la nature a montré qu’elles étaient absolument dépourvues de vraisemblance : il faut considérer le monde, non comme une scène où jouent des acteurs, mais comme un véritable laboratoire où s’élaborent progressivement des formes nouvelles. Les êtres vivants ont entre eux une parenté, à telle enseigne qu’on a pu imaginer qu’ils descendent purement et simplement les uns des autres et que leurs différences sont dues seulement à l’intensification, au cours des générations, de variations individuelles originairement sans importance. L’évolution du monde et des êtres vivants est une donnée aujourd’hui incontestablement acquise : aucun être organisé n’a vu le jour par une véritable génération spontanée, et aucun être ne se maintient identique à lui-même à travers le temps : les êtres vivants ont évolué et évoluent encore sous nos yeux.

La biologie a tenté d’expliquer l’Évolution ; elle s’est efforcée de la ramener à n’être que le résultat de l’action de forces naturelles agissant aveuglément dans le monde, et produisant, au hasard, la différenciation des êtres. Plusieurs théories ont été élaborées pour expliquer que l’Évolution se fait mécaniquement et naturellement. Ces théories prétendent montrer que d’infimes variations peuvent donner naissance, à la longue, à des espèces nouvelles, sans qu’aucune ordonnance surnaturelle ait à intervenir : c’est le transformisme. Le transformisme n’est qu’une manière d’expliquer l’Évolution et ne doit pas être confondu, comme on le fait communément, avec l’Évolution elle-même.

L’Évolution montre que les êtres vivants, y compris l’homme, n’ont pas toujours existé, mais sont apparus successivement sur la terre et se sont modifiés au cours des âges pour devenir ce qu’ils sont de nos jours ; un simple examen de la nature impose ces constatations. Des recherches diverses ont mis à jour des crânes et des squelettes humains dont les caractères animaux ou simiesques sont très marqués : ces fossiles pré-humains ont reçu des noms divers. Citons par ordre d’antiquité : pithecanthropus de Java, sinanthropus, homo Hei-delbergensis, h. Neanderthalensis, etc. Les premiers appartiennent nettement à l’animalité ; les derniers se rapprochent un peu de l’homme, mais sont encore des animaux. On connaît ensuite trois grandes races qui correspondent aux races actuelles et sont nettement des races humaines : Grimaldi (Négroïde), Cro-Magnon (Blanche), Chancelade (Jaune). Voir Préhistoire de l’humanité.

On pense généralement que les fossiles animaux, dont nous venons de citer les noms, témoignent de l’existence d’ancêtres animaux de la race humaine et prouvent l’ascendance animale de l’homme. On ne saurait le contester : la recherche scientifique doit être respectée aussi longtemps qu’elle demeure l’expression de l’observation scrupuleuse et impartiale des faits de la nature. L’évolution des êtres vivants est un fait et leur descendance a toute chance d’être l’expression d’une vérité. Mais il convient de se garder des doctrines scientifiques qui prétendent faire de la métaphysique avec des observations naturelles : le transformisme, nous l’avons dit, est une de ces doctrines. Il entend prouver que l’Évolution s’est opérée mécaniquement et naturellement ; par là, il devient exclusif de tout créationisme, puisque Dieu n’a rien à faire dans une nature qui se fait toute seule.

De telles vues sont absolument erronées et contraires à la fois à la Bible et à l’observation de la nature. En effet, il est incontestable que l’Évolution est progressive, c’est-à-dire que les derniers êtres présentent une supériorité sur leurs antécédents. On doit, par pure logique, conclure que le plus ne peut, naturellement, sortir du moins, c’est-à-dire sans un apport extérieur. Ceci devient évident si l’on considère la supériorité des espèces nouvelles : ce n’est pas une supériorité purement animale, la seule que le transformisme puisse expliquer ; par exemple, l’augmentation du volume des membres ou la modification mécanique, par l’usage, d’organes existants. L’Évolution nous montre des organisations nouvelles, des remaniements profonds de l’économie animale, devant lesquels il est vain d’invoquer le jeu des forces naturelles. Au cours de la série animale, nous voyons les êtres vivants acquérir une indépendance toujours plus grande vis-à-vis du milieu extérieur (locomotion, circulation close, milieux internes, homéothermie, etc.). Cette constatation contredit la théorie de l’adaptation.

Enfin l’homme apparaît comme un être tout à fait désadapté du point de vue naturel et animal. Il est l’aboutissement d’une lignée animale qu’il renie par tous ses caractères spécifiques. Aucune cause naturelle ne peut expliquer le désarmement de l’homme, sa nudité, sa physiologie anormalement délicate, son développement d’une lenteur incomparable, la formation hypertrophique de son cerveau, etc. L’homme manifeste une désadaptation naturelle proportionnelle à une adaptation nouvelle : l’adaptation à la vie psychique et à la vie consciente, et par là, à la vie morale et à la vie religieuse. Son apparition implique un acte créateur : il exprime une volonté expresse de Dieu à son. égard.

Il n’est pas convenable de nier l’évidence et de répudier les principes d’Évolution que l’observation nous impose. Une telle attitude manquerait de loyauté et ne saurait se justifier, puisqu’une évolution bien comprise, loin de contredire le créationisme, l’implique et le démontre au contraire. Il ne s’agit plus, sans doute, d’une incompréhensible création ex nihilo, mais il est question d’une intervention ou d’interventions miraculeuses du Créateur pour façonner sa créature et en faire ce que sa divine sagesse décide pour elle.

Nous avons cru devoir insister quelque peu sur ce point, car les principes d’Évolution sont trop souvent confondus avec les doctrines transformistes qui s’en sont octroyé le monopole. Ces doctrines en viennent à chasser Dieu de sa création, ce qui serait une inadmissible conséquence.

Bible

La Bible ne contredit en rien les principes évolutionnistes, et son enseignement conserve toute sa valeur et sa portée en dépit des éclaircissements que l’observation naturelle peut y apporter. Il est absolument vain, pour ne pas dire impie, de chercher dans la Bible une cosmologie ou une anthropologie. Ces questions, qui regardent exclusivement la curiosité humaine, ne sont nullement abordées dans les Saintes Écritures. La Révélation divine est d’ordre religieux et la Bible n’envisage l’homme que dans ses relations avec Dieu. Le contexte, qui accompagne les déclarations bibliques, a simplement pour but de permettre au cœur avide d’être éclairé sur sa situation vis-à-vis de Dieu, de comprendre la portée religieuse de son enseignement spirituel : l’homme, créé comme le couronnement d’une création matérielle et animale (Genèse 1.26 ; Genèse 2.19), est l’effet d’une volonté créatrice de Dieu (Genèse 1.26 ; Genèse 2.7). Au commencement, Dieu créa toutes choses (Genèse 1.1 ; Genèse 1.25 ; Genèse 2.1 ; Genèse 2.6) ; puis il créa l’homme (Genèse 1.28-31 ; Genèse 2.7).

On a voulu, par des procédés divers, extraire de la Bible des théories scientifiques plus ou moins évolutionnistes. C’est ainsi que certains proposèrent de traduire le mot jour par période et de voir, dans les six jours bibliques, six périodes géologiques. Toutes ces explications présentent deux vices qui contraignent à les rejeter : le premier est un vice principiel : c’est de construire, à partir de la Bible, une doctrine scientifique, ce qui est une extrême méconnaissance du caractère religieux de la Bible. Le second est un vice de méthode, car toute tentative de conciliation entre une prétendue science biblique et la science naturelle, contraint à mutiler l’une ou l’autre, à faire dire à l’une ou à l’autre ce qu’elle n’est pas en mesure de dire.

Pour les jours-périodes, par exemple, il est question dans la Bible de jours qui ont un soir et un matin, qui se comptent comme ceux de la semaine et dont le septième est le jour du sabbat ! en sorte qu’il est inadmissible de vouloir y trouver ce qui ne saurait y être exprimé. La création est racontée dans Genèse 1.1-31 ; Genèse 2.1-3 et dans Genèse 2.4 ; Genèse 2.7 ; Genèse 2.18-24 ; on pourrait penser qu’il s’agit de deux récits différents, ce qui prouverait le peu d’importance que la Bible attache au processus de la création. Les deux récits s’accordent pour montrer la basse origine de l’homme qui, malgré les dons spéciaux qu’il reçoit de son Créateur, n’est que poussière (Genèse 2.7), et la haute valeur que lui confère l’acte créateur de Dieu, puisque Dieu fait l’homme à son image (Genèse 1.26 et suivant). Ainsi la Bible ne nous enseigne rien qui touche à la biologie générale ou à l’anthropologie : il n’est pas un seul verset qui ait la moindre prétention scientifique, mais il n’en est aucun qui n’ait une portée religieuse. Sous le vêtement figuré que le langage impose à toute pensée, c’est cet enseignement religieux qu’il convient d’y chercher.

La création de la femme est également présentée sous deux aspects différents. Dans Genèse 1.27, Dieu créa l’homme mâle et femelle, en sorte que la création d’Adam et d’Eve procède d’un même acte créateur de l’Éternel. Dans Genèse 2.18-23, l’homme nomma les animaux avant que la femme fût créée : c’est d’une côte impaire de l’homme que Dieu créa la femme (Genèse 2.21 ; Genèse 2.23). Ce récit symbolique ne prétend pas enseigner que la femme soit inférieure à l’homme, mais au contraire qu’elle a avec lui la plus étroite solidarité (Genèse 2.23) et qu’elle est la compagne normale et nécessaire de l’homme (Genèse 2.24 ; Matthieu 19.5 ; Marc 10.7 ; Proverbes 31.10-28 ; Éphésiens 5.31 ; 1 Pierre 3.7).

Nature de l’homme

L’homme est, en tant qu’être vivant, d’origine animale. Il possède un corps dont les caractères spécifiques sont : la station verticale, la bimanie, la nudité, le volume crânien, etc. Ce corps, physiologiquement, à part ces quelques particularités spécifiques, est entièrement analogue à celui des mammifères (voir Corps). Ce qui fait de l’homme un être à part, c’est la capacité conceptuelle dont il est doué. Il peut abstraire ses perceptions de l’objet qui les a provoquées et concevoir des relations entre des images abstraites. Par là s’ouvre devant lui un monde nouveau : le monde de l’idée auquel préside l’intelligence. Cette particularité d’abstraire les phénomènes aboutit chez l’homme à un état nouveau : celui où l’être pensant, non content de s’abstraire du milieu extérieur, s’abstrait en quelque sorte de lui-même, se regarde penser, c’est-à-dire prend conscience de lui-même.

L’homme sera désormais en mesure de se proposer des fins ; toutes ses facultés physiologiques se trouveront modifiées par cette conscience de soi ; il ne vivra plus exclusivement d’instincts dictés par la nature, mais il raisonnera ; il ne vivra plus seulement d’impressions reçues du dehors, mais il fera acte de volonté ; il ne connaîtra plus seulement les tendances physiologiques, mais il aura accès à un domaine nouveau : le sentiment. De plus, sa faculté conceptuelle trouvera dans le langage un moyen de s’exprimer (Genèse 2.19) et l’homme sera en mesure d’avoir avec ses semblables des échanges abstraits, d’idées et de sentiments. Mais cette conscience de soi, qui marque l’achèvement et le couronnement de la création physiologique, met l’homme dans une situation nouvelle : il est un être appelé à l’indépendance complète vis-à-vis de la nature ; il sera ce qu’il se fera ; il est conduit au seuil d’un monde nouveau auquel Dieu le convie : le monde spirituel. Bible. La Bible n’offre pas plus de doctrine sur la psychologie humaine, qu’elle ne renferme de théorie biologique. Les conceptions qu’elle met en œuvre sont des conceptions élémentaires susceptibles d’être comprises de tous les temps ; elles varient d’ailleurs d’un livre à l’autre. L’analyse des facultés humaines n’y est nullement tentée ; la Bible n’en tient compte que pour mettre l’homme en garde contre les déviations dont sa nature physiologique ou psychologique pourrait être cause.

La chair, le corps caractérisent l’être humain dans son apparence terrestre, sa faiblesse, ses instincts, sa corruptibilité, le siège des tentations et finalement du péché (Philippiens 3.3 ; Genèse 6.3 ; Psaumes 78.39 ; Marc 14.38 ; Jean 3.6 ; 1 Jean 2.16 ; Éphésiens 2.1-5 ; Romains 7.14 etc.). Voir Chair.

L’âme est le plus souvent le principe vital ; (1 Rois 17.21 ; 1 Samuel 1.26 ; 1 Samuel 17.55 ; 1 Samuel 25.26 ; Job 12.10 ; Matthieu 16.26 ; Marc 8.36 ; Actes 10.20) ce principe vital de nature organique, commun à l’homme et aux animaux (Genèse 9.4 ; Deutéronome 12.23 ; Lévitique 17.11 ; Psaumes 74.19 ; Jacques 2.26), est souvent confondu avec le principe spirituel proprement dit, qui est particulier à l’homme fait à l’image du Créateur (Ésaïe 61.10 ; Ésaïe 66.3 ; Matthieu 10.28 ; Jean 12.27 ; Actes 15.24 ; 1 Corinthiens 15.45). Voir Image, paragraphe 11.

L’esprit (voir ce mot) exprime tantôt le souffle (Psaumes 104.29 ; Lamentations 2.12 ; Zacharie 12.1 etc.), tantôt la capacité religieuse de l’homme, la puissance divine qui agit en lui (1 Samuel 16.13 ; Nombres 11.25 ; Ésaïe 61.1 ; Michée 3.8 etc.), tandis que le cœur est le for intérieur, le foyer de la vie personnelle, le siège des sentiments, voire de la conscience morale (Matthieu 5.8 ; Matthieu 9.4 ; Romains 1.24 ; Galates 4.6 ; 1 Corinthiens 4.5 etc.). Voir Cœur, Entrailles.

Doctrine de l’homme

Adam est le type de l’humanité : ce mot hébreu signifie « l’homme ». Il apparaît dans la Bible comme le premier être vivant qui porte ce nom, mais non pas comme le seul être humain qui existe, puisqu’il est question ailleurs des filles des hommes (Genèse 6.2). Sa nature propre, comme celle du reste de l’animalité, n’est que poussière (Genèse 2.7 ; Ecclésiaste 3.20), mais il reçoit un don spécial qui ne provient pas de la terre : il est créé à l’image de Dieu (Genèse 1.26 ; 1 Corinthiens 11.7 ; Colossiens 3.10 ; Jacques 3.9). Ce n’est pas à dire que Dieu puisse être découvert par la contemplation de l’homme, auquel il aurait servi de patron ; ce n’est ni dans les caractères physiques, ni dans les caractères psychologiques qu’il faut chercher la ressemblance de l’homme avec Dieu (Colossiens 3.10), mais dans une personnalité capable de connaître un développement spirituel, puisque capable de s’affranchir de la nature d’abord et de soi-même ensuite, pour se donner soi-même à son Dieu qui l’appellera.

Par son intelligence, l’homme dominera la création et, par l’appel de Dieu, il pourra devenir un être spirituel. En effet, par le fait même de la création spéciale dont il vient d’être l’objet, l’homme trouve deux voies ouvertes devant lui : l’une est la voie naturelle, l’autre est la voie divine. L’une le portera à poursuivre, avec le concours des capacités intellectuelles dont il est doté, l’évolution organique et naturelle qu’il devrait clôturer, et à régner pour son propre intérêt sur la création. L’autre l’invitera à dépasser le monde naturel et à continuer l’évolution spirituelle que Dieu a amorcée en lui, s’affranchissant de la nature et régnant sur lui-même pour s’offrir à Dieu. Cette alternative est illustrée de façon symbolique et magnifiquement éloquente par le fruit défendu (Genèse 2.15-17). Manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, c’est faire servir son intelligence à des fins organiques et terrestres, c’est s’ériger en juge du bien et du mal et prendre en main, pour soi-même, la direction de sa vie (Genèse 3.6 ; Genèse 3.22) ; voir Chute. Respecter le fruit selon la défense divine, c’est éviter cet écueil et poursuivre, par le moyen des facultés reçues ; une évolution spirituelle, laissant à Dieu la direction de sa vie pour parachever l’œuvre de la création.

L’homme, tenté par la nature qui parle en lui, refuse de répondre à l’appel de Dieu : (Job 15.14 ; Job 15.16) ce qui fait la force du serpent tentateur, l’animal qui se meut tout près de la terre, c’est qu’il fait entendre la voix de la nature (Genèse 3.1). Dès ce moment, l’essor de l’évolution créatrice est arrêté, car la dernière création de Dieu, la plus délicate, vient d’avorter (Genèse 3.23). La création du corps a suivi l’ordonnance divine ; il en est de même de l’intelligence qui y est partiellement liée ; mais la mystérieuse intervention du serpent a empêché le Créateur de faire sortir l’homme de cet état organique pour réaliser une communion spirituelle avec lui.

Le refus de l’homme exprime sa volonté de se complaire en lui-même et de négliger Dieu. Désormais tout homme héritera de ces dispositions hostiles à l’égard de Dieu (Romains 5.12 ; Romains 5.18) et se trouvera naturellement porté vers les choses animales, égoïstes ou rationnelles, auxquelles il ramènera toute son activité (Job 11.12 ; Jérémie 10.14). Son seul régulateur sera la contrainte sociale, et encore ne par-viendra-t-il à l’accepter que par la force (lois), restant toujours prêt à dévorer son semblable sous de pieux prétextes (guerres). Un cruel désarroi sera dans son cœur, qu’il tentera de résoudre de bien des manières (magisme, fétichisme, rationalisme, civilisation scientifique ou morale), sans en obtenir aucun apaisement.

Dieu avait confié à l’homme son image et l’homme a dégradé cette image, profitant, si l’on peut ainsi dire, du cadre et négligeant le portrait. Dieu laissa évoluer l’humanité sur le plan organique où elle était restée, humanité morale du point de vue naturel, dévoyée du point de vue divin. Au sein de cette humanité, par un lent travail dont l’Ancien Testament nous apporte les échos, il sauva les restes de son image. Puis, le moment venu (Galates 4.4), il tenta une nouvelle création, non plus organique, car la création organique avait réussi ; non plus psychologique, car la création psychologique avait réussi ; mais purement spirituelle : ce sera la création du second Adam (Galates 4.4 ; Marc 1.15). Cette création n’est pas plus que les précédentes une création ex nihilo, mais l’aboutissement d’une lente évolution, une intervention créatrice de Dieu dans le monde. Pleinement homme, puisqu’issu de la création organique et psychologique antérieure, le Christ sera pleinement Dieu, puisqu’il sera une création spirituelle venant directement du Créateur. Il est la réincarnation de Dieu dans l’humanité ; il est la restitution de Dieu à l’humanité.

L’image de Dieu a été brisée par l’homme : l’original, en Christ, sera déposé dans l’humanité, afin qu’il devienne possible, à quiconque lèvera les yeux vers cette image, de voir se recomposer en lui l’image de Dieu (Jean 3.14 ; Jean 3.17 ; 1 Corinthiens 15.45 etc.).

Cependant l’état de péché de l’humanité demeure : (Romains 7.14) l’image de Dieu, à laquelle Adam avait été créé, ne peut plus être naturelle en l’homme, comme elle l’eût été si Adam nous l’avait conservée (Romains 5.14). L’échec que l’homme fit au plan divin est, naturellement, irréparable, et si le salut sera désormais, par amour (Jean 3.16), mis gratuitement à la disposition de l’homme, ce salut sera conditionné par une naissance nouvelle (Jean 3.3) qui le fera mourir au péché (Romains 6.1-23) pour renaître à la vie spirituelle et divine (Ésaïe 17.7, Ézéchiel 11.19 ; Ézéchiel 36.27 ; Jean 3.6 ; Actes 1.8 ; Romains 3.28 ; Romains 8.5-9 ; 1 Corinthiens 2.14 ; Galates 4.6 ; Galates 5.5 ; Galates 5.18 ; Galates 5.25 ; Galates 6.1 ; 1 Pierre 2.2, etc.). H. L. Au mot « homme » se rattachent des locutions particulières :

  1. Homme de Dieu. Ce titre désigne dans l’Ancien Testament une fois un envoyé céleste (Juges 13.6 ; Juges 13.8) et dans tous les autres cas « un prophète » (Deutéronome 33.1 ; Josué 14.6 ; 1 Samuel 2.27 ; 1 Samuel 9.6 ; 1 Rois 12.22 ; 1 Rois 13.1-31 ; 1 Rois 20.28 ; 2 Rois 1.9 ; 2 Rois 4.9-40 ; 2 Rois 5.8 ; 2 Rois 5.14 ; 2 Rois 6.6 et suivant, 1 Chroniques 23.14 ; 2 Chroniques 8.14 ; 2 Chroniques 28.9 ; 2 Chroniques 30.16 ; Esdras 3.2 ; Néhémie 12.24 ; voir Prophète).
  2. Le vieil homme et le nouvel homme. Par ces termes saint Paul désigne dans Romains 6.6 ; Éphésiens 4.22 et suivant, Colossiens 3.9 et suivant l’homme selon la chair (voir Chair) et l’homme selon l’Esprit ou le régénéré (voir Esprit).
  3. L’homme intérieur ou l’homme extérieur Ces expressions répondent, comme les précédentes, à la condition spirituelle ou charnelle de la créature devant Dieu (Romains 7.22 ; Éphésiens 3.16 ; 2 Corinthiens 4.16). Le conflit entre ces deux hommes au point de vue moral est dépeint dans Romains 7. Mais 2 Corinthiens 4.16 rappelle que le contraste est ici dans le fait que l’homme extérieur subit les lois de la nature, se détruit et meurt, tandis que l’être intérieur, par la vertu de l’Esprit, se renouvelle sans cesse et s’affermit dans la vie éternelle. Nous rejoignons ici la théologie de Jean.
  4. L’homme de péché, ou d’iniquité (2 Thessaloniciens 2.3) = l’Antéchrist (voir ce mot, et article suivant).
  5. Le Fils de l’homme. Cette locution désigne, dans quelques passages des Écritures, simplement la créature humaine (Job 25.6 ; Ésaïe 51.12 etc.) ; on la trouve aussi au pluriel : « les fils des hommes » (Psaumes 4.3 ; Éphésiens 3.5 etc.). Dans Daniel 7.13 et suivant, il s’agit d’un être spécial, d’un personnage qui vient du ciel et qui est le représentant de Dieu sur la terre. De très bonne heure on a vu dans ce terme une allusion au Messie. Jésus s’est servi de cette expression avec prédilection pour se désigner lui-même, dans la réalité de sa nature humaine et aussi comme type accompli de l’humanité fille de Dieu. On retrouve cette expression 31 fois dans Matthieu, 14 fois dans Marc 25 fois dans Luc, 12 fois dans Jean ; et c’est toujours dans la bouche de Jésus se désignant lui-même. On la retrouve encore dans le discours d’Étienne (Actes 7.55) et dans les visions d’Apocalypse apparentées à Daniel (Apocalypse 1.13 ; Apocalypse 14.14). Devant l’imposante concordance des témoignages, il paraît difficile d’accorder un crédit quelconque à la théorie d’une école critique moderne, qui fait argument de l’absence de cette expression dans les épîtres de Paul et ailleurs, pour la refuser à Jésus-Christ et la considérer comme une création de la littérature chrétienne entre les années 60 et 90. Paul, apôtre des païens, évangélise un milieu dans lequel les prophéties de Daniel et l’Apocalypse messianique ne jouaient nullement le rôle qu’elles avaient dans les auditoires palestiniens auxquels Jésus s’adressait. Une expression qui disait tout à ceux-ci n’aurait rien dit à ceux-là.

Voir les articles sur Jésus-Christ.


Numérisation : Yves Petrakian