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Corne
Dictionnaire Biblique Westphal Bost Calmet

(hébreu qérèn). Mot quelques fois pris au sens propre, quand il s’agit de différentes bêtes cornues (Genèse 22.13 ; Exode 21.36).

La corne servait à divers usages : comme trompe sonore (Josué 6.5), comme fiole d’huile (1 Samuel 16.1 ; 1 Rois 1.39) ou de fard (voir ce mot, et Kéren-Happuc) ; mais la Bible n’a rien d’analogue au mythe de la « corne d’abondance ».

On a trouvé en Palestine, non seulement des cornes qui servaient de fioles (figure 56), mais aussi de très vieilles haches en corne probablement destinées aux creusements dans les carrières calcaires (Macalister, Gezer, I, 125 ; II, 243).

Pour l’Oriental, la corne était surtout une arme redoutable, comme celle du taureau (Deutéronome 33.17) ; elle est ordinairement l’emblème de la force victorieuse, par violence ou par courage, soit des ennemis d’Israël (Ézéchiel 34.21 ; Zacharie 1.18 et suivants, Psaumes 22.22), soit d’Israël lui-même (Michée 4.13) ; un prophète nationaliste montrait des cornes de fer de sa fabrication, pour annoncer la victoire sur les Syriens, mais le prophète Michée lui oppose la vision d’Israël faible troupeau de brebis dispersées (1 Rois 22.11 ; 1 Rois 22.17).

Les apocalypses représentent, par les cornes, des puissances et des chefs conquérants (Daniel 7.8, pass., Apocalypse 12.3 ; Apocalypse 13.1, etc.). Nos traductions doivent remplacer la « corne » de l’original par des expressions plus intelligibles en français : force (Psaumes 92.11 ; Jérémie 48.25 etc.), vigueur (Nombres 23.23), pouvoir (1 Macchabées 2.48), puissance, qui est élevée, exaltée (1 Samuel 2.10 ; Lamentations 2.17 ; Siracide 47.5 ; Siracide 47.11) ou au contraire brisée (Psaumes 75.10 ; Lamentations 2.3), relever le front (1 Samuel 2.1) ou le souiller dans la poussière (Job 16.15), lever la tête (Psaumes 112.9), ce qui peut être une attitude arrogante (Psaumes 75.5).

C’est enfin une promesse messianique (Psaumes 132.17 ; Ézéchiel 29.21), dont le prêtre Zacharie chante l’exaucement : « Dieu nous a suscité une corne de salut », c’est-à-dire « un puissant Sauveur » (Luc 1.69, cf. Psaumes 18.2).

La forme des cornes a fait donner ce nom à certaines collines pointues (Ésaïe 5.1, Version Synodale : coteau) ; le mont présumé des Béatitudes s’appelle aujourd’hui Karn ou. Kouroun-Hattîn = les deux cornes de Hattîn. La représentation traditionnelle, dans l’art, de Moïse avec des cornes (Michel-Ange, etc.) provient de la Vulgate, qui dans les versets 29,30,35 d’Exode 34 a pris le verbe hébreu (qui ne se trouve que là) qâran = rayonner, lancer des rayons, au sens littéral de qérèn = corne, et a traduit : « son visage portait des cornes ». Pour les « cornes de l’autel », voir Autel.


Numérisation : Yves Petrakian