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Cèdre
Dictionnaire Biblique Westphal Bost Calmet

On admet généralement que le èrèz est le cèdre (figure 54), famille des Pinacées, tribu des Abiétinées, genre cedrus, dont on connaît deux espèces, le cedrus Deodora, ou déodar, qui est de l’Himalaya, et le cedrus Libani, qui se rencontre sur le Liban, le Taurus, l’Oural, en Chypre et dans l’Atlas et est aujourd’hui planté un peu partout en Europe. Il est possible que sous le nom de èrèz on puisse comprendre, outre le cèdre du Liban lui-même, le juniperus Oxycedrus (cade, cèdre piquant) et des pins de diverses espèces, tels qu’en désignent en égyptien et en arabe des termes analogues à èrèz

La flèche du cèdre est généralement inclinée vers le nord ; ses branches éparses, très fortes, largement étalées en étages plats et horizontaux ; ses aiguilles courtes, raides, d’un vert sombre, persistantes en hiver ; ses cônes, longs de 6 à 10 cm., dressés, ovoïdes, d’un brun fauve, à larges écailles très serrées, à grosses graines à ailes membraneuses.

La longévité du cèdre est extraordinaire. Les vestiges de l’antique forêt du Liban, jadis si réputée (cf. 2 Rois 19.23 ; Ésaïe 40.16), qui en faisait « la montagne des parfums », sont aujourd’hui réduits à presque rien, par la faute d’une exploitation excessive et inintelligente, dont Babylone donnait déjà l’exemple (Ésaïe 14.8) ; on peut dire à cet égard que « le Liban est confus et dépérit » (Ésaïe 33.9). Le groupe de cèdres le plus célèbre aujourd’hui, celui de Kadicha, compte quelque 400 arbres, dont fort peu sont très âgés.

Le cèdre du Liban, digne, tant par son aspect que par son emploi, du surnom de prince des arbres, a inspiré un grand nombre d’auteurs bibliques : il est mentionné 72 fois dans l’Ancien Testament. Il est opposé au commun sycomore (Ésaïe 9.9) ; on en fait les poutres et les lambris des palais royaux de David (2 Samuel 5.11 ; 2 Samuel 7.2) et de ses successeurs ; (cf. Jérémie 22.14 et suivant) de même à Ninive : (Sophonie 2.14) les inscriptions babyloniennes racontent les transports de cèdres du Liban pour les constructions de Nébucadnetsar. On sait qu’il en fut employé des quantités pour le palais de Salomon, qui s’appelait Maison de la Forêt du Liban (1 Rois 7.2), et pour son temple (1 Chroniques 22.4 ; 1 Rois 5.6 ; 1 Rois 6.15-18), ainsi que pour celui de Zorobabel (Esdras 3.7) et, d’après Josèphe, pour celui d’Hérode. Tyr en aurait fait des mâts de navire (Ézéchiel 27.5 ; mais cette parole peut être symbolique : voir note de la Version Synodale). Le cèdre fut aussi exporté en Égypte par le port de Byblos (voir Guébal), et il entra également dans la construction de temples païens, de Diane à Éphèse, d’Apollon à Utique, du palais de Persépolis, des fameuses galères de Caligula, etc.

On a exagéré l’incorruptibilité du bois de cèdre ; comme le bois de sapin (mais pas plus que lui) il est à peu près à l’abri des attaques des insectes.

Assez odorant, il fut employé par les Égyptiens pour les cercueils des momies et pour les cassettes de manuscrits précieux ; on en tirait une huile odoriférante dont on injectait les momies ou imbibait les volumes pour les conserver. La loi israélite le prescrivait pour les purifications (Lévitique 14.4 ; Nombres 19.6). Les Cananéens, comme plus tard les Romains, en firent aussi des idoles (cf. Ésaïe 44.14 ; Ésaïe 44.17).

Le cèdre évoque l’idée de puissance par son immense tronc aux larges bras noueux et rameux, inébranlable sous les vents les plus violents : on l’oppose aux buissons d’épine (2 Rois 14.9), à l’hysope (1 Rois 4.33) ; on en fait un emblème de majesté (Ésaïe 35.2), de force raidie (Job 40.12), de beauté (Cantique 5.15). On y voit naturellement le symbole des grands, des puissants : peuples (Psaumes 80.11), chefs (Juges 9.35, voir verset 20) ou rois (Jérémie 22.7 ; Ézéchiel 17.3 ; Ézéchiel 17.22) le symbole de l’homme altier, hautain, que tôt ou tard Dieu brisera (Psaumes 29.6 ; Amos 2.9 ; Ésaïe 2.13 ; Ézéchiel 31.3 ; Ézéchiel 31.10 Zacharie 11.3 et suivant) ; ainsi Psaumes 37.35 et suivant a inspiré la strophe de Racine : « J’ai vu l’impie, etc. » (Esther, III, 8).

Mais le cèdre, arbre toujours vert, peut aussi symboliser le juste, à la foi robuste et constante (Psaumes 92.12-15). La senteur balsamique et la renommée d’incorruptibilité du bois de cèdre ajoutent au symbole l’idée de pureté et de parfum agréable à Dieu. Il est même appliqué au Messie, à la fin de la parabole de la cime du cèdre élevé, qui deviendra par les soins de Jéhovah « un cèdre majestueux, et des oiseaux de toute espèce viendront habiter à l’ombre de ses rameaux » (Ézéchiel 17.22-24 ; Matthieu 13.32).

Ch.-Ed. M. et Jean Laroche


Numérisation : Yves Petrakian