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Titans
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Géants fameux dans l’histoire, ou plutôt dans la Fable, qu’on fait fils du Ciel et de la Terre, et qu’on dit avoir employé leurs forces pour tâcher de détrôner Jupiter. Ce nom de Titan ne se trouve qu’une seule fois dans le texte latin de l’Écriture. Judith dans son cantique dit (Judith 16.8) qu’Holopherne n’a pas été tué par la main des jeunes hommes pleins de vigueur, ni par les enfants de Titan, c’est-à-dire, par les géants. Les Septante ont rendu la vallée des Réphaim (2 Samuel 5.18), par la vallée des Titans.

Apollodore ne compte que six Titans, savoir : l’Océan, Cœur [n’est-ce pas une faute ? ne faudrait-il pas Cœlus ou Cronos ?], Hypérion, Crius, Japhet et Saturne ; Hygin les nomme Priarée, Gygès ; Steropès, Atlas, l’Hypérion et Ptolus. Hésiode raconte que Coetus avait eu de la Terre les Cyclopes, savoir : Harpès, Steropès et Brontés, et les avait enchaînés et enfermés dans le noir Tartare. La Terre, leur mère, indignée de ce traitement, souleva les Titans contre son mari, leur père. Tous, à la réserve de l’Océan, lui firent la guerre et le détrônèrent. Ils mirent Saturne leur frère en sa place. Il n’en usa pas mieux que le Ciel ; il les mit dans les fers et les jeta dans le Tartare.

Jupiter dans la suite traita Saturne comme Saturne avait traité le Ciel. Il tira des fers les trois Titans à cent mains et à cinquante têtes, que Saturne y avait jetés, et ces trois géants, Cottus, Briaréus et Gygès, lui aidèrent beaucoup dans la guerre que lui firent les Titans. Cette guerre dura dix ans ; mais enfin les Titans furent vaincus, Jupiter demeura maître du ciel et plongea les Titans dans les enfers, et les accabla du poids des montagnes qu’il mit sur eux. Voyez la Théogonie d’Hésiode.

On ne peut guère douter que cette fable n’ait pour fondement quelque ancienne histoire. On trouve dans le nom des Titans Japhet, Gygès ou Gog, Cottus ou Chut, ou Chus, fils de Chain : le nom de Titan peut venir de Dodanim, fils de Japhet. La guerre des géants contre le Ciel peut marquer les crimes des premiers hommes d’avant le déluge, de ces anciens et fameux géants domit parle Moïse, et qui avaient corrompu toutes leurs voies, qui avaient, pour ainsi dire, déclaré la guerre à Dieu même, et qui furent punis de leur révolte par les eaux du déluge qui les noyèrent tous. Job nous les représente qui gémissent sous les eaux ; les prophètes nous les décrivent relégués et enfermés au plus profond de l’abîme, dans des cachots ténébreux. Les guerres des géants contre le peuple de Dieu sont connues dans Moïse, dans Josué, dans les livres des Rois. Il y en avait encore dans la Palestine au temps de David ; et leur existence dans presque tous les pays du monde est bien prouvée par toutes les histoires. Les anciens Grecs et les Phéniciens ont défiguré toutes les anciennes histoires par les fictions qu’ils y ont mêlées ; les poètes ont encore enchéri sur cela par les embellissements de la poésie.

Le P. Pezron a prétendu que les Titans sont les anciens Celtes ou Gaulois ; que ce sont les Gornarim descendus de Gomer, fils de Japhet (Genèse 10.2). Ils furent premièrement appelés Saques, puis prirent le nom de Titans. Ils entrèrent d’abord dans l’Arménie, puis dans la Cappadoce et ensuite dans la Phrygie. Le premier de leurs princes fut Amon, le second finit Urane, prince belliqueux, qui porta ses conquêtes depuis la petite Asie jusqu’aux Espagnes. Le troisième fut Saturne ou Crone, le quatrième fut Jupiter. Ce fut le premier des Titans, qui osa prendre le diadème, et donna la forme à l’empire des Titans. Son fils Tensat, autrement Mercure, est celui qui après son oncle Dis, autrement Pluton, établit les Titans dans les provinces de l’Europe, et surtout dans les Gaules, c’est lui qui les poliça et leur donna des lois. L’empire des Titans a duré environ trois cents ans, soit dans la petite Asie, dans la Grèce, dans l’Italie ou dans le reste de l’Europe. Il fixe le commencement de cette monarchie vers le temps du patriarche Tharé. Il dérive le nom de Titans du celtique lit, la terre, et den, un homme, comme qui dirait des enfants de la terre : Ce système ; que l’on peut voir dans l’auteur, souffre d’assez grandes difficultés ; mais nous n’entreprenons pas une dissertation.

Tite