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Pentapole
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

(Sagesse 10.6). On donne ce nom aux cinq villes, Sodome, Gomorrhe, Adama, Séboïm et Ségor. Elles étaient toutes cinq condamnées à une perte entière ; mais Loth obtint la conservation de Ségor, autrement appelée Bala. Sodome, Gomorrhe, Adama et Séboïm furent consumées par le feu du ciel, et en la place où elles étaient situées, se forma le lac Asphaltite, ou le lac de Sodome [Voici quelques textes qui prouvent que c’est à tort que la majorité des interprètes se sont prononcés pour la submersion, après leur ruine, de toutes les villes de la Pentapole.

Longtemps après l’époque où l’on place cette submersion, l’Écriture nous parle des villes de Sodome et de Gomorrhe comme encore existantes, et les écrivains profanes s’accordent avec ce qu’elle en dit. Moïse, au chapitre 22 du Deutéronome, mentionne « les vignes de Sodome et de Gomorrhe dont le raisin est un raisin de fiel, et dont les grappes sont amères. » Si ces villes eussent entièrement disparu sous les eaux ; eût-il pu s’exprimer de la sorte ? Eût-il pu les donner comme limites au pays des chananéens, comme il fait, Genèse (Genèse 10.19) : « Leur pays était fermé d’un côté, par les villes de Sidon, de Gérara et de Gaza ; et de l’autre, par celles de Sodome, de Gomorrhe, d’Adama, de Séboïm, jusqu’à Lésa ? » Or tout le monde sait que ce législateur, dans le chapitre 10 expose les limites géographiques existant à son époque :

Sodome et Gomorrhe avaient donc été ruinées, mais non englouties. Il est même certain que ces villes se relevèrent de leurs ruines ; mais ce rétablissement fut suiyi d’une nouvelle destruction, car, plusieurs siècles après Moïse, le prophète Ézéchiel disait à Jérusalem (Ézéchiel 16.46) « Sodome et ses filles, votre sœur (c’est-à-dire puissante comme vous, et fondée ; comme vous, par les Amorrhéens) habitent à votre droite. » Mais ces villes s’étant laissé aller à (verset 49) l’orgueil, l’intempérance, l’opulence et l’oisiveté ; n’ayant point tendu la main au pauvre et à l’indigent (verset 50) ; et s’étant élevées et ayant fait des abominations devant le Seigneur, le Seigneur les a détruites, en faisant transporter leurs habitants en captivité : mais plus tard (verset 53), « il les rétablira par le retour des captifs de Sodome et de ses filles, et (v. 55) « Sodome, la sœur de Jérusalem, et ses filles reviendront à leurs anciens jours, n et cela « lorsque Jérusalem et ses filles retourneront aussi à leur antique splendeur. »

Dans l’intervalle qui suivit sa restauration, la ville de Sodome dut acquérir un haut degré de splendeur, car du temps de Strabon (Voyez le livre 16 de la Géographie de cet auteur), ses ruines avaient 60 stades de circuit. Toute cette vaste enceinte n’était pas inhabitée, puisque nous voyons dans les actes du Concile de Nicée qu’ils avaient été souscrits par Sévère, évêque de Sodome ll est probable cependant que sa population était peu nombreuse, ou du moins qu’elle n’avait pris une certaine importance que depuis le premier siècle de notre ère, si nous en jugeons par la manière dont en parle Josèphe, dont les paroles me semblent assez importantes pour les rapporter ici en entier. J’emprunte la traduction d’Arnaud d’Andilly :

La terre de Sodome, voisine de ce lac (le lac Asphaltite ou mer Morte), et qui autrefois n’était pas seulement abondante en toutes sortes de fruits, mais si célèbre par la richesse et la beauté de ses villes, ne conserve plus maintenant que l’image affreuse de cet horrible embrasement, que la détestable impiété de ses habitants attira sur elle, lorsque Dieu, pour punir leurs crimes, lança du ciel ses foudres vengeurs, qui la réduisirent en cendre. On y voit encore quelques restes de ces cinq villes abominables (sans aucun doute dans cette terre voisine du lac dont il est question au commencement de ce passage), et ces cendres maudites produisent des fruits qui paraissent bons à manger, mais qui se réduisent en poudre dès qu’on les touche (c’est le raisin de fiel mentionné par Moïse). Ainsi, ce n’est pas seulement par la foi que l’on est persuadé de cet épouvantable événement, mais encore par ce que l’on voit soi-même.

Résumons-nous. Strabon savait que l’étendue de Sodome était de 69 stades ; cette ville d’après Josèphe, était voisine du lac Asphaltite ; elle avait un évêque au quatrième siècle de notre ère, avait formé une puissante principauté dont les habitants avaient été emmenés en captivité peu de temps avant la ruine de Jérusalem par Nabuchodonosor ; elle était, selon Moïse, sur les confins des pays de Chanaan, et le raisin qu’elle produisait était un raisin de fiel ; n’ai-je donc pas eu raison d’affirmer que les commentateurs supposaient à tort que cette ville et celles de sa dépendance avaient été englouties sous les eaux de la mer Morte ? Voyez Josué, addition paragraphe 13].