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Moloch
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal

Moloch, ou Melcrom, dieu des Ammonites. Le nom de Moloch signifie roi ; et celui de Melchom, leur roi. Moïse défend en plus d’un endroit (Lévitique 18.24 ; 20.2-5) aux Israélites de consacrer leurs enfants à Moloch, en les faisant passer par le feu en l’honneur de ce faux dieu : il veut qu’on punisse de mort celui qui aura contrevenu à cette ordonnance ; et Dieu menace d’arrêter l’œil de sa colère sur cet homme, et de l’exterminer du milieu de son peuple. Il y a beaucoup d’apparence que les Hébreux étaient adonnés au culte de cette déité dès avant leur sortie d’Égypte, puisqu’Amos (Amos 5.26), et, après lui, saint Étienne (Actes 7.43), leur reprochent d’avoir porté dans le désert la tente du dieu Moloch Portastis tabernactilum Moloch vestro. Salomon (1 Rois 11.7) bâtit un temple à Moloch sur le mont des Oliviers ; et Manassé, longtemps après, imita son impiété (2 Rois 21.3-4), en faisant passer son fils par le feu en l’honneur de Moloch. C’était principalement dans la vallée de Topheth et d’Hennonà l’orient de Jérusalem, que s’exerçait le culte impie que les Juifs rendaient à Moloch (Jérémie 19.5-6 Sophonie 1.4-5), en lui consacrant leurs enfants et en les faisant passer par le feu en son honneur.

Quelques-uns ont cru que l’on se contentait de faire sauter ces enfants par-dessus un feu consacré à Moloch, pour les consacrer par là à ce faux dieu, et pour les purifier par cette lustration usitée dans d’autres rencontres parmi les païens. D’autres croient qu’on les faisait passer entre deux feux mis vis-à-vis l’un de l’autre pour le même dessein. Enfin d’autres soutiennent que l’on brûlait réellement les enfants à l’honneur de Moloch. L’Écriture fournit plusieurs preuves de cela. Voyez (Psaumes 105.37 ; Isaïe 57.5 ; Ézéchiel 16.21 ; 23.39), où il est dit d’une manière très-expresse que les Hébreux immolaient quelquefois leurs enfants aux démons, à Moloch, aux dieux étrangers. Et au deuxième livre des Rois (2 Rois 17.31), il est dit expressément que les habitants de Sépharvaïm brûlaient leurs enfants par le feu, en l’honneur d’Anamélech et d’Adramélech, leurs dieux, qui sont, sans doute, les mêmes que Moloch des Ammonites. Je ne voudrais pas toutefois assurer que toujours on brûlât réellement les enfants en l’honneur de ce faux dieu ; et peut-être que, quand il est simplement marqué qu’on faisait passer par le feu, lustrare per ignem, ou transferre per ignem, cela veut dire, en quelques endroits, faire sauter par-dessus les flammes, ou passer promptement entre deux feux. Mais nous sommes persuadés que, pour l’ordinaire, les adorateurs de Moloch immolaient leurs enfants et les faisaient mourir en l’honneur de cette divinité.

Les rabbins assurent que l’idole de Moloch était de bronze, assise sur un trône de même métal, ornée de la couronne royale, ayant la tête d’un veau, et les bras étendus comme pour embrasser quelqu’un. Lorsqu’on voulait lui immoler quelques enfants, on échauffait la statue en dedans, par un grand feu, et lorsqu’elle était toute brûlante, on mettait entre ses bras la misérable victime, qui y était bientôt consumée, par l’excès de la chaleur. Et afin qu’on n’entendit pas les cris de ces enfants, on faisait un grand bruit de tambours et d’autres instruments autour de l’idole. D’autres disent que la statue avait les bras étendus et penchés vers la terre ; en sorte que, quand on mettait un enfant entre ses bras, il tombait aussitôt dans un grand feu, qui était allumé aux pieds de la statue. D’autres racontent qu’elle était creuse, et que, dans sa concavité, on avait ménagé sept armoires, l’une desquelles était destinée pour y mettre de la farine. Dans la seconde, il y avait des tourterelles ; dans la troisième, une brebis ; dans la quatrième, un bélier ; dans la cinquième, un veau ; dans la sixième, un bœuf ; dans la septième, un enfant. On brûlait tout cela, en échauffant la statue par dedans.

David, ayant conquis le pays des Ammonites (1 Chroniques 20.2), prit la couronne de leur dieu Melchom, ou simplement il prit la couronne de leur roi, qui pesait un talent d’or, et il s’en fit à lui-même une couronne. Le talent hébreu pesait trois mille sicles ou cent vingt-cinq livres romaines. Ce poids est excessif pour une couronne royale. On croit donc que ce prince ne la portait pas sur sa tête, mais qu’il la fit suspendre sur son trône, au-dessus de sa tête, ou enfin que le talent d’or, dont parle l’Écriture, ne marque pas le poids de la couronne, mais sa valeur. Elle était d’or et de pierreries, comme l’insinue le livre des Paralipomènes : Invenit in en auri pondo talentum, et pretiosissimas gemmas. Ces pierreries en augmentaient considérablement le prix ; mais son poids était comme celui d’une couronne royale ordinaire. C’est le sentiment de quelques interprètes.

On est partagé sur le rapport que Moloch avait aux autres divinités des païens. Les uns croient que Moloch était le même que Saturne, qui tout le monde sait qu’on immolait des hommes. D’autres ont cru qu’il était le même que Mercure ; d’autres, le même que Vénus ; d’autres, le même que Mars ou Mithra. Nous avons essayé de montrer que Moloch signifiait le Soleil ou le roi du ciel. On peut voir notre dissertation sur Moloch, imprimée à la tête du Commentaire sur le Lévitique.