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Lamnazeach
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Ce terme est rendu par la Vulgate et par les Septante, pour la fin. Plusieurs expliquent ce mot de la venue de Jésus-Christ., qui a paru dans le monde à la fin des siècles et des temps préordonnés ; d’autres, de là vocation des Gentils et de la réprobation des Juifs ; d’autres, de l’éternité ou du jugement dernier. Mais ces explications sont plutôt morales et mystiques que littérales. Il y en a qui expliquent in finem, par toujours. Psaume qui mérite d’être éternellement dans la bouche et dans la mémoire des fidèles.

Les interprètes grecs, Aquila, Symmaque et Théodotion rendent l’Hébreu lamnazeach par le victorieux, ou celui qui donne la victoire, ou cantique de victoire. Mais quand on examine le texte du psaume où l’on trouve ce titre, il n’y est souvent parlé de rien moins que de victoire. Ainsi on ne peut pas soutenir cette traduction comme littérale.

Ceux qui les expliquent des victoires de Jésus-Christ, s’ouvrent à la vérité un plus grand champ, puisque le Sauveur a vaincu le monde, la mort et le démon par ses souffrances, ses humiliations et sa mort, aussi bien que par sa résurrection, son ascension, et ses mystères glorieux ; mais nous cherchons une explication littérale et grammaticale.

La plupart des nouveaux interprètes, après les rabbins, soutiennent que l’hébreu lamnazeach signifie au maître de la musique, ou à celui qui préside à la bande des chantres, ou des musiciens qui chantaient dans le temple. Il est certain que le verbe nazach, d’où vient lamnazeach, signifie avoir l’intendance sur des ouvriers, présider à des chantres ou des musiciennes ; il n’y a aucun passage où se trouve le terme lamnazeach que l’on ne puisse aisément expliquer en ce sens. Il y a donc apparence que c’est sa vraie signification.

Il y avait, dans le temple du Seigneur, un très-grand nombre de lévites occupés à chanter les louanges de Dieu. Chaque famille de chantres ou de musiciens avait son maître ou son président. On en voit un long dénombrement dans les Paralipomènes, qui finit par ces mots (1 Chroniques 6.31) : Isli sunt quos constituit David super cantores domus Domini. Les principaux de ces maîtres étaient Asaph, Héman, Ethan et Idithun. Les bandes de chantres étaient distinguées entre elles non-seulement par leurs familles et par le rang qu’elles tenaient dans le temple, mais aussi par les instruments de musique dont elles se servaient. Chacune de ces bandes avait son président, ou son mnaseach. Chonénias, par exemple, était célèbre par sa force et la beauté de sa voix. Il présidait à la mélodie, ou il entonnait et conduisait le chœur des chantres (1 Chroniques 15.22). Au transport de l’arche de l’Alliance à Jérusalem, Banaïas présidait à la bande des filles qui chantaient dans cette cérémonie (1 Chroniques 15.18-20). Dans les titres des psaumes, on en voit, par exemple, qui sont adressés au président de la huitième bande (Psaumes 11.1), ou de la troisième. D’autres sont préposés à ceux qui jouaient du neginah (Psaumes 3.1-2), c’est-à-dire, d’un instrument de musique que l’on touchait avec les doigts.

Ce n’était pas seulement dans les cérémonies de religion que l’on voyait de ces mnaseachs ou présidents il y en avait aussi dans les cours des princes, à la tête des troupes de musiciens et de musiciennes qui s’y voyaient. Les cérémonies lugubres, de même que les fêtes et réjouissances, étaient accompagnées de chants et de joueurs d’instruments, et tout cela se faisait avec méthode. Il y avait toujours parmi les pleureuses, comme parmi les musiciennes, une présidente qui conduisait la bande et entonnait les lamentations. Lorsque David avait composé quelques pièces de poésie sacrée, il les donnait pour l’ordinaire à Asaph pour y donner l’air, et les faire chanter dans le temple ; c’est ce que l’Écriture fait entendre lorsqu’elle dit (1 Chroniques 25.2) qu’Asaph était prophète à la main du roi ; et on trouve plusieurs psaumes intitulés, à Asaph, président de la musique. David lui-même ne trouvait pas au-dessous de lui de présider quelquefois aux chœurs des musiciens, et de conduire une bande de chantres ; c’est ce qu’on peut inférer des psaumes qui ont pour titre : À David le serviteur de Dieu, président de la musique (Psaumes 10, Psaumes 35), ou à David, chef de la musique.