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Cholera
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Les observations et les recherches des médecins ont prouvé la justesse d’une assertion du Sage, qui dit que l’excès du boire et du manger a tué plus d’hommes que l’épée ; aussi, a l’occasion du choléra-morbus, qui envahit une partie, de l’Europe, vers l’an 1830, a-t-on recommandé la tempérance, et cité deux passages de l’Écriture où se trouve le mot choléra. À l’homme réglé peu suffit ; il n’est pas tourmenté dans son sommeil ; les veilles, le choléra et les tranchées sont le partage de l’intempérance (Ecclésiaste 31.22, 23). l’excès du manger cause des maladies, et l’intempérance donne le choléra (Ecclésiaste 37.33). Tout cela est vrai ; mais il ne s’agit pas ici de cette terrible maladie, espèce de peste, nommée choléra-morbus, ou choléra asiatique, qui exerça ses ravages à l’époque que nous avons marquée. Il est certain cependant, quoi qu’en disent les Grecs et leurs amis, que le nom de ce fléau est hébreu : choli-ra, littéralement, maladie maligne. Il est composé de deux mots qui, soit réunis, soit séparés, désignent, au propre, surtout les plus dangereuses maladies des entrailles, et au figuré les affections de l’âme les plus vives. Voici sur ces mots, qui quelquefois n’en font qu’un, le résultat des recherches des hébraïsants :

Choli signifie souffrance, maladie ; au figuré, affliction de l’esprit. Il vient du verbe chola, souffrir, tomber malade, et qui dérive de choul, avoir les douleurs de l’enfantement, avoir des tiraillements spasmodiques, trembler, etc. Râ veut dire très-mauvais, malfaisant, destructif ; comme substantif, mal, calamité, punition infligée par Dieu. Il vient de raâ, briser, broyer, qui est un dérivatif de rouah, être mauvais, faire du mal, écraser.

Moïse prédit aux Juifs, s’ils sont désobéissants, de grandes calamités, parmi lesquelles nous lisons (Deutéronome 27.59) :

Iehovah rendra étonnantes tes plaies et les plaies de ta postérité ; plaies grandes et durables, maladies malignes (cholaimraim, pluriel de choli-rd et durables. Salomon, parlant d’un homme riche qui ne peut jouir de ses richesses, dit (Ecclésiaste 6.2) : Ceci est vanité, et une Maladie très-affligeante, choli-râ. l’expression semble ici métaphorique pour un malheur très-affligeant. Le même, racontant que l’homme doit quitter la terre aussi nu qu’il y est venu, sans rien emporter de tout ce qu’il acquiert par son travail, dit (Ecclésiaste 5.15). Ceci pareillement est une pénible maladie, raâ chola. Pour bien entendre ces métaphores hardies, il faut se rappeler que l’Ecclésiaste est un traité sur les maladies morales de la race humaine.

Pour qu’on puisse juger de la valeur individuelle de chacun des mots qui composent le mot choléra, il faut citer des passages où ils sont employés séparément. Voici donc un endroit où choli désigne spécialement une dyssenterie mortelle (2 Chroniques 21.15) : « Tu auras de grosses maladies (cholaim), une maladie (choli) d’entrailles, jusque-là que tes entrailles sortiront à cause de la maladie. Â»

Voici maintenant plusieurs passages où se trouve le mot râ, syllabe finale de choléra. Le mémorable fléau qui fit périr dans une seule nuit tous les premiers-nés de l’Égypte, est attribué par l’écrivain sacré (Psaumes 68) ; Vulg (Psaumes 77.49-51) à des anges exterminateurs (raim, pluriel de ra), que Dieu envoya sur les Égyptiens. Le même événement est appelé une peste dans le verset 50. l’épithète ra est appliquée à une bête féroce dévorant nn homme (Genèse 37.20) ; aux vaches excessivement chétives, laides et maigres que le Pharaon vit en songe (Genèse 12.19) ; à un cÅ“ur extrêmement affligé (Proverbes 25.20), et en général à tout ce qui est mauvais au superlatif.