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Antioche de Pisidie

Ville des hauts plateaux d’Asie Mineure, fondée avec des éléments venus de Magnésie, par Séleucus Nicator, qui lui donna le nom de son père Antiochus (début du IIIe siècle avant Jésus-Christ). Son surnom officiel était Antioche devant la Pisidie (ad Pisidiam), comme garnison frontière entre Pisidie et Phrygie. Déclarée ville libre par Rome à la chute des Séleucides (vers 190), fondue dans la province de Galatie (25 avant Jésus-Christ), élevée par Auguste au rang de colonie de César (6 avant Jésus-Christ), au sein de cette même province, dont elle fit partie pendant deux ou trois siècles, jusqu’à ce que sous Dioclétien elle devînt la capitale de la province séparée de Pisidie (295).

C’était donc au temps de saint Paul une ville de Galatie dans la région de Phrygie. La population et la culture grecques prédominaient sur celles des indigènes, Phrygiens, Anatoliens ; les Romains y constituaient l’aristocratie. La colonie juive, importante, avait synagogue et prosélytes (Actes 13.14 ; Actes 13.16 ; Actes 13.26 ; Actes 13.43) ; ses membres les plus en vue avaient dû, dans leurs relations avec les autorités officielles, plus ou moins céder à certaines obligations et fréquentations païennes. À côté de la déesse anatolienne, Cybèle, et de l’Artémis ou Diane d’Éphèse, le haut-lieu du dieu Men (dont les ruines ont été retrouvées en 1910-1913) était le fameux sanctuaire païen d’initiation aux mystères (voir ce mot), auxquels saint Paul fait quelquefois allusion, notamment dans l’épître aux Colossiens (Colossiens 2.18 etc.) ; de plus, le culte de l’empereur s’imposait aux fonctionnaires.

À la première visite de Paul, avec Barnabas, son discours dans la synagogue, fondé sur l’accomplissement en Jésus des promesses et prophéties de l’ancienne alliance, a un grand succès qui déborde le milieu des Juifs et prosélytes, et lui vaut, au sabbat suivant, le rassemblement de presque toute la ville ; d’où la jalousie et les injures des dirigeants juifs, qui décident l’apôtre, pour la première fois, à sortir de la synagogue et à présenter le salut aux païens en dehors d’elle : cette mission chrétienne provoque des adhésions enthousiastes à Antioche et dans tout le pays. Les chefs juifs, devant ce fait inouï (dont la valeur de précédent nous vaut sans, doute ce long récit détaillé), soulèvent contre les prédicateurs subversifs leurs hautes relations, c’est-à-dire les grandes familles romaines, en particulier les grandes dames, ardentes païennes aussi hostiles au message de l’Évangile qu’influentes dans la cité ; et leurs persécutions obligent les missionnaires à quitter Antioche (Actes 13.14-52). Mais l’Église fondée subsistera : Paul la visitera au retour de ce premier voyage (Actes 14.21) et à l’aller des deux autres (Actes 16.6 ; Actes 18.22 et suivant, cf. 2 Timothée 3.11) ; et c’est à ces chrétiens comme à ceux de toute la région qu’il adressera son épître aux Galates d’après l’hypothèse (qui nous paraît probable) de la Galatie du sud (voir Galates, où est soutenue l’hypothèse opposée).

L’emplacement d’Antioche de Pisidie a été retrouvé près de Yalovatch ; nombre d’inscriptions importantes y ont été découvertes, entre autres celle d’un préfet du gouverneur Quirinius, époux d’une Sergia Paulla et contemporain d’un Sergius Paullus, gouverneur de Galatie (voir Auguste). Voir les principaux ouvrages (en anglais) de William M. Ramsay (Cit. of st Paul, Comm. on Gai., Bearing of Rec. Discov., etc.) ; Camden M. Cobern, New Archeol. Discov. (1917), etc.

Jean Laroche

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