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Iconie

La région avoisinant cette ville forme une véritable oasis, au sud-ouest du plateau aride qui occupe le centre de l’Asie Mineure, à 1 200 mètres d’altitude, auprès du lac Trogite. Cette situation privilégiée en a fait de tout temps une ville populeuse, adonnée au commerce, et un carrefour important vers les diverses provinces d’Asie Mineure. Konièh (nom moderne de la cité) compte aujourd’hui encore 44 000 habitants et est capitale de vilayet. Plusieurs légendes prétendent expliquer l’origine de ce nom (Icône signifie en grec « image »). C’est là, disait-on, que Prométhée après le déluge aurait fabriqué avec de l’argile des statuettes (images) d’hommes qui s’éveillèrent à la vie et repeuplèrent le monde. C’est là, affirment d’autres traditions, que Persée se servit de la tête de la Gorgone pour pétrifier ses ennemis ; une tête de Gorgone était sculptée, en souvenir de cet exploit, sur une porte de la ville.

Au début de notre ère, Iconie était complètement hellénisée. Située aux confins de la Phrygie et de la Lycaonie, elle faisait alors officiellement partie de la province romaine de Galatie. En effet, le dernier roi de Galatie, Amyntas, avait su se faire bien voir d’Antoine qui avait agrandi son royaume en ajoutant à la Galatie proprement dite, ou Galatie du nord, la Phrygie, la Pisidie et la Lycaonie. À sa mort le royaume tout entier forma la province romaine de Galatie. Il est donc permis de supposer que les chrétiens d’Iconie étaient parmi les destinataires de l’épître aux Galates. Toutefois les critiques sont divisés entre cette hypothèse : épître aux Galates du sud, et l’hypothèse : épître aux Galates du nord (celle-ci est soutenue dans l’article Galatie).

De bonne heure une colonie juive s’était établie à Iconie. Le livre des Actes raconte comment Paul, accompagné de Barnabas, fonda cette Église lors du premier voyage missionnaire. L’apôtre y fit alors un assez long séjour et y retourna plusieurs fois par la suite : les convertis y étaient nombreux, mais la contre-attaque juive et païenne y fut très forte (Actes 13.51-14.7 ; Actes 14.21, et probablement aussi Actes 16.6 ; Actes 18.23). Iconie est la seule ville de Galatie où le livre des Actes signale des « Grecs » (Actes 14.1), comme dans les cités d’Éphèse (Actes 19.10 ; Actes 19.17), de Thessalonique (Actes 17.4) et de Corinthe (Actes 18.4) ; on sait en effet maintenant, par ses monnaies, que Rome lui concédait son caractère hellénique.

C’est à Iconie, au moment où Paul y fonda l’Église, que le livre apocryphe des Actes de Paul place le récit de la conversion et du martyre de sainte Thécla. Thécla, raconte la légende, jeune fille noble de la ville, habitait une maison voisine de celle d’Onésiphore, où prêchait Paul. De sa fenêtre elle entendit l’apôtre, sans le voir, et se convertit. Or elle était fiancée au jeune Thamyris, et se convertir à Dieu c’était aussi pour elle se convertir à la chasteté. Elle ne voulut plus reconnaître Thamyris pour son fiancé. Celui-ci, exaspéré, accusa Paul de sorcellerie et le fit jeter en prison. Thécla séduisit le geôlier par des présents et alla rejoindre Paul dans son cachot pour s’instruire auprès de lui. Elle fut surprise, et tandis que Paul était chassé de la ville, elle fut condamnée au bûcher sur les instances mêmes de sa mère. Mais les flammes ne l’atteignirent pas. Elle fut enlevée miraculeusement auprès de Paul. Découverte et condamnée de nouveau à Antioche, elle vit les bêtes auxquelles elle était livrée se prosterner devant elle au lieu de la dévorer. Elle finit par s’établir à Séleucie, où elle mourut à 90 ans et où son tombeau devint un lieu de pèlerinage. Un écrit composé par un presbytre d’Asie, et intitulé Voyages de Paul et de Thêcla, était lu avidement dans les églises dès le IIIe siècle ; il racontait les missions de Paul et de la jeune convertie, et prônait le célibat. On a sous le nom de Basile, évêque de. Séleucie, dans la première moitié du Ve siècle, deux écrits sur la vie et les miracles de sainte Thécla. L’authenticité de ces ouvrages est incertaine, mais ils montrent l’importance que cette légende avait prise dans l’imagination des chrétiens.

La tradition déclare que Sosipater, disciple et parent de Paul (Romains 16.21), fut le premier évêque d’Iconie. Voir W. Ramsay, Cities of Saint Paul

On trouve aussi dans nos versions les transcriptions Icône (Segond, Oltramare) et Iconium (Bible du Centenaire).

Jean M.

Iddo  

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