A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z


Eve

(hébreu Khavvâh). L’étymologie de ce mot est obscure, mais son sens ne l’est point. Le narrateur hébreu le rattache à khâyâh = vivre, et désigne par lui la mère de tous les vivants (Genèse 3.20), la femme en général, envisagée sous l’angle de la maternité. Comme Adam signifiait l’homme, la créature animée du souffle de Dieu, Eve signifiait la femme, la créature qui a pour destinée d’assurer au genre humain sa postérité. En la représentant formée par Dieu d’une côte de l’homme (Genèse 2.22), l’auteur ne cède pas à son imagination et ce n’est pas ici une naïveté qui doit faire sourire.

Chez les plus anciens habitants de la Babylonie, til, la côte, désignait aussi la cage thoracique, le ressort animé dont le va-et-vient révèle la vie. La côte arrêtée est le signe de la mort. En présentant la femme comme issue d’une côte de l’homme, le narrateur a probablement voulu dire tout simplement que Dieu a tiré du ressort vital de l’homme la créature complémentaire de l’homme et destinée à devenir « une aide semblable à lui » (verset 20). L’homme et la femme sont animés du même souffle. Voilà pourquoi ils constituent le couple : deux êtres, une seule personne (hébreu une seule chair, Genèse 3.24). Bien que P, et avec lui le judaïsme, ait fait d’Eve un nom propre (la littérature hébraïque avant l’exil n’en parle pas), nous voyons par 1 Timothée 2.14-15 que l’apôtre Paul garde malgré tout à ce vocable un sens général et typique.

Comme Khavvâh pouvait aussi signifier serpent (arabe, khayyah), d’aucuns veulent voir dans le nom d’Eve une allusion aux cultes antiques qui associaient la femme et le serpent. Sur ce point les lumières nous manquent. Ce qui est clair c’est que le récit de la Genèse fait remonter à la femme la responsabilité première de la chute occasionnée par le serpent (voir Chute). Mais c’est aussi à la postérité de la femme qu’il attribue la rédemption à venir. Dieu dit au serpent : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme » et sa postérité « t’écrasera la tête » (Genèse 3.15 ; voir Prophète).

Alexandre Westphal

Évêque  

Vous êtes actuellement sur une version optimisée pour mobile, si vous souhaitez basculer sur la version complète suivez le lien suivant : Eve