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Éternel des armées
Dictionnaire Biblique Westphal

(Yahveh Tsebaoth). Nom divin qui apparaît 282 fois dans l’Ancien Testament, surtout dans les écrits prophétiques. Le sens de cette expression a fait l’objet de nombreuses recherches, qui n’ont pas abouti à des conclusions unanimes. Ce qui est certain, pour qui envisage le problème au point de vue historique, c’est que ce sens s’est modifié au cours des siècles dans la littérature biblique.

À son origine (dès 1 Samuel 1.3), le nom Yahveh Tsebaoth a un sens guerrier et national, il sert à « exalter JHVH comme le puissant et victorieux défenseur de son peuple, comme son Dieu tutélaire » (H. Vuilleumier). Sur la part que JHVH prend aux combats des Israélites, voyez le cantique de Moïse (Exode 15.3), celui de Débora (Juges 5.13), la mention du « Livre des guerres de JHVH » (Nombres 21.14, cf. 1 Samuel 18.17 ; 1 Samuel 25.28) et des textes comme 1 Samuel 17.45 et suivant, 2 Samuel 5.24 ; Deutéronome 23.11 ; Psaumes 44.10. L’arche de l’alliance est considérée comme un gage de sa présence redoutable et victorieuse (Nombres 10.35 et suivant Nombres 14.44 et suivant, Josué 6.6 ; 1 Samuel 4,5,6) ; quand l’arche est ramenée en triomphe à Jérusalem, David et le peuple acclament l’Éternel des armées (2 Samuel 6.2 ; Psaumes 24.7).

De quelles armées s’agit-il ? Il est à remarquer que le pluriel tsebaoth sert toujours à désigner des armées terrestres et qu’Israël est parfois expressément appelé « les armées de l’Éternel » (Exode 7.4 ; Exode 12.41 ; Exode 12.51). David dit à Goliath : « Je marche contre toi au nom de l’Éternel des armées, le Dieu des bataillons d’Israël » (1 Samuel 17.45). Est-ce à dire que les armées de l’Éternel sont les armées israélites ? Oui, niais elles sont plus encore. Elles comprennent aussi des « anges de Dieu » (Genèse 32.2), de « saintes myriades » (Deutéronome 33.2), des créatures célestes prêtes au combat (Josué 5.13 ; Josué 5.15 ; 1 Rois 22.19 ; 2 Rois 6.16 et suivant). Le Nouveau Testament parle aussi de l’armée des anges (Matthieu 26.53; Luc 2.13). Aux bataillons d’Israël et aux légions d’anges, il faut ajouter toutes les forces de la nature dans le ciel et sur la terre (Juges 5.20 et suivant). Jérusalem sera défendue contre la multitude de ses ennemis « par l’Éternel des armées, avec tonnerre, tremblements de terre et grand fracas, avec tempête, tourbillons et flammes d’un feu dévorant » (Ésaïe 29.6 ; Ésaïe 29.13 ; Ésaïe 51.15 ; Amos 4.13 ; Amos 9.5 et suivant, etc.). Les astres sont tout spécialement « l’armée des cieux » ; objets d’un culte idolâtre chez les païens (Jérémie 8.2 ; Jérémie 19.13 ; 2 Rois 17.16 ; 2 Rois 21.3 ; 2 Rois 21.5 ; Deutéronome 4.19 ; Deutéronome 17.3), ils sont en réalité les serviteurs dociles de l’Éternel (Ésaïe 40.26 ; Ésaïe 45.12).

À mesure que se développe la conscience religieuse d’Israël, le nom « Éternel des armées » prend une signification toujours plus haute, plus vaste ; il perd son sens guerrier et national et devient le nom suprême signifiant : « Dieu unique et vivant, maître de l’univers » (Alexandre Westphal). Le culte de l’Éternel des armées atteint son point culminant dans la splendide vision d’Ésaïe (Ésaïe 6.8) et dans le (Psaumes 103.18-22).

Il semble que le sens primitif de l’expression a été perdu de vue au point que Tsebaoth est devenu un nom propre évoquant l’idée de majesté et de puissance divine. Cela expliquerait que la version grec des LXX traduise Yahveh Tsebaoth par « Seigneur tout-puissant » ou « Seigneur des puissances » et qu’elle transcrive parfois le mot hébreu sans le traduire (Seigneur Sabaoth). C’est sous cette dernière forme (Kurios Sabaoth) qu’il se trouve deux fois dans le Nouveau Testament, dans Romains 9.29 (citation de Ésaïe 1.9) et Jacques 5.4. Voir Dieu (les noms de) paragraphe 4. V B.


Numérisation : Yves Petrakian