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Circoncision
Dictionnaire Biblique Westphal Bost Calmet

Opération qui consiste dans l’ablation du prépuce. Cette pratique a toujours eu un caractère religieux. Son origine est assez obscure. Il est possible que les Israélites l’aient reçue des Égyptiens qui, selon Hérodote, l’observaient, au moins dans certains cas. Mais il n’est pas invraisemblable de penser que ce soit le peuple hébreu qui la leur ait transmise. Le fait qu’on utilisait parfois des pierres tranchantes pour la circoncision (Jos 5.2) semble en tout cas indiquer que cette coutume était fort ancienne.

D’après Genèse 17.9-14 ; Genèse 17.23-27 ; Genèse 21.4, l’origine du rite de la circoncision remonte à Abraham, à qui Dieu l’imposa comme signe de l’alliance. La loi mosaïque reprend cette législation (Lévitique 12.3 ; Exode 12.44-49). Ce dernier texte semble indiquer que la circoncision était déjà pratiquée par le peuple d’Israël et l’avait toujours été depuis Abraham. Il y eut pourtant des périodes où le rite ne fut pas observé : par exemple, pendant le voyage au désert (Josué 5.2 ; Josué 5.8). Il faut en conclure que la loi, très ancienne, de la circoncision n’avait sans doute jamais été pratiquée strictement jusqu’à l’établissement du peuple en Canaan. Un passage curieux et très obscur semble le confirmer : Exode 4.24-26. Ce récit mystérieux est trop peu clair pour qu’aucune des tentatives d’explication qui en ont été faites puisse être satisfaisante. De toute façon, à partir de l’entrée en Palestine, la circoncision s’implanta solidement en Israël. Le terme « incirconcis » fut toujours une injure grave (Juges 14.3 ; Juges 15.18 ; 1 Samuel 14.6 ; 1 Samuel 17.26 ; 1 Samuel 17.36).

La signification de cette coutume n’est pas très claire à l’origine. Peut-être faut-il, chez les peuples non bibliques, y rattacher une idée d’expiation sanglante ; ce serait un hommage à la divinité, la blessure faite à l’organe de la génération étant le symbole du sacrifice du fils premier-né. Peut-être aussi le but principal du rite fut-il de chercher, par un sacrifice de ce genre, à assurer la fécondité. Mais en Israël, l’idée qui domine est celle d’un acte de purification : la cérémonie marquera le rejet d’une impureté qui interdit de faire partie du peuple élu, et le signe d’une alliance sacrée avec l’Éternel. Il est en tout cas impossible, comme certains l’ont tenté, d’expliquer l’introduction en Israël de la circoncision pour une raison d’hygiène. La loi exigeait la soumission à la circoncision pour tous les membres masculins de la communauté, le huitième jour après la naissance. Avec le temps, cette règle devint si rigoureuse, que le sabbat même n’était pas considéré comme un empêchement à la circoncision. Un proverbe juif dit : « La circoncision chasse le sabbat ». Primitivement, c’est le père de famille qui l’opère. Plus tard, on admit l’aide d’un médecin. Plus tard encore, et c’est l’usage actuel dans les communautés juives, un fonctionnaire spécial en fut chargé. Outre les enfants mâles, les esclaves étaient aussi circoncis, et même les étrangers qui voulaient participer à la Pâque.

Déjà dans l’Ancien Testament, le terme de « circoncision » est employé en un sens symbolique : un « cœur incirconcis » est un cœur qui conserve une impureté réprouvée par l’Éternel (Lévitique 26.41 ; Deutéronome 10.16 ; Deutéronome 30.6, cf. Actes 7.51). On trouve aussi les expressions « lèvres, oreilles, incirconcises » (Jérémie 6.10 ; Actes 7.51).

Dans l’Église primitive, Paul eut à soutenir une âpre lutte contre ses adversaires judaïsants, pour décider si les païens pouvaient être reçus dans la communauté chrétienne sans la circoncision. Comme on le sait, Paul eut finalement gain de cause (Actes 15) ; mais cette question vitale — qui impliquait l’observation de toute la loi mosaïque (Galates 5.3) — fut le roc sur lequel se brisa l’union primitive du christianisme et du judaïsme, et qui servit de fondement à l’édifice de la pensée paulinienne sur le salut par grâce, sans les œuvres de la loi (cf. Galates 2.16 ; Galates 6.16). Aussi dans toute l’œuvre de Paul retrouvons-nous l’affirmation joyeuse que la véritable circoncision est un culte spirituel fondé sur la foi en Jésus-Christ (Philippiens 3.3). R. de R.


Numérisation : Yves Petrakian