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Césarée
Dictionnaire Biblique Westphal Bost Calmet

Nom donné à plusieurs villes de l’empire romain en l’honneur des empereurs, tous appelés César. Le Nouveau Testament mentionne :

1.

Césarée de Philippe, aujourd’hui le village de Baniyâs, sur les pentes sud de l’Hermon, près des sources du Jourdain. Le nom moderne correspond au grec Panéas (Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XV, 10.3 ; XVIII, 2.1) qui désignait la ville ancienne où l’on vénérait le dieu Pan. Hérode le Grand y construisit un temple. Son fils, le tétrarque Philippe, à qui échut la contrée, compléta la ville, qu’il appela Césarée, en l’honneur d’Auguste, et qu’il faut distinguer de la suivante. Césarée de Philippe est surtout connue des biblistes pour la scène qui se déroula sur son territoire (Marc 8.27 ; Matthieu 16.13). Sous Agrippa II, la ville prit le nom de Neronias, mais le garda peu de temps. En 70 Titus y fit donner des combats de gladiateurs, pour célébrer la prise de Jérusalem. Siège d’un évêché latin, Césarée de Philippe fut tour à tour aux mains des Croisés et des Musulmans, et finalement ses fortifications furent rasées. Aujourd’hui ce n’est plus qu’un très petit village.

A. P.

2.

Césarée de Palestine. Port sur la Méditerranée, à la frontière de la Galilée et de la Samarie. C’était la métropole de la Palestine au temps de Jésus et pendant l’âge apostolique. Là résidaient les procurateurs romains, qui préféraient cette ville, en grande majorité païenne, à la vieille capitale juive. Hérode le Grand, célèbre bâtisseur, l’avait construite avec magnificence sur l’emplacement de la tour de Straton. L’historien Josèphe parle avec enthousiasme de son môle de 200 pieds, de ses palais, de ses statues colossales, de son amphithéâtre qui contenait 20 000 personnes, du temple d’Auguste. C’est probablement le diacre Philippe qui apporta l’Évangile à Césarée (Actes 8.40). Un peu plus tard le centenier Corneille y fut converti et baptisé par l’apôtre Pierre (Actes 10). Paul y passa plusieurs fois ; en revenant à Jérusalem de son 3e voyage (missionnaire, il y fut reçu plusieurs jours chez le diacre Philippe, dont les quatre filles prophétisaient ; Agabus, prophète venu de Judée, lui prédit son emprisonnement (Actes 21.8 ; Actes 21.14). C’est là encore qu’il demeura deux ans captif sous les gouverneurs Félix et Festus avant d’être envoyé à Rome (Actes 23.23-26.32). À cette captivité de Césarée beaucoup d’auteurs assignent la rédaction des épîtres aux Colossiens, aux Éphésiens, et à Philémon (voir ces mots), que d’autres placent dans la captivité de Rome. Il y eut de terribles massacres de Juifs à Césarée au cours du Ier siècle, particulièrement sous les gouverneurs Félix et Gessius Florus. Pendant la guerre qui aboutit à la destruction de Jérusalem, Césarée servit de base militaire aux Romains contre la capitale juive ; Vespasien y fut proclamé empereur. Césarée joua un rôle assez important dans l’histoire de l’Église des premiers siècles. Origène y enseigna et Eusèbe en fut l’évêque de 313 à 340. Pendant les croisades, la ville fut longtemps disputée entre chrétiens et musulmans : Baudouin, Saladin, Richard Cœur de Lion, saint Louis, s’en emparèrent tour à tour. Finalement elle fut détruite de fond en comble en 1265 par le sultan Bibars. Il n’en reste aujourd’hui que des ruines.

Jean M.


Numérisation : Yves Petrakian