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Calvaire

Ou Golgotha (Gigolta, Golgolta, Craniurn, Syr.), c’est-à-dire le crâne. On appelait ainsi une petite montagne au nord du mont de Sion, apparemment à cause de sa figure d’un crâne, ou de la tête d’un homme. Plusieurs anciens ont cru que le nom de calvaire ou de crâne fut donné à cette montagne, parce que la tête du premier homme y avait été enterrée, et que notre Sauveur y fut crucifié, afin que son sang coulant sur le corps de ce premier père, lui donnât la vie et lui procurât la grâce de la résurrection. Pour appuyer cette tradition, on dit que Noé ayant mis dans l’arche le corps du premier homme en distribua les reliques à ses enfants, et en donna la tête, ou le crâne, par un privilége spécial, à Sem, qui devait être le père de la race sainte, d’où devait sortir le Messie ; que Sem, par un esprit de prescience, enterra ce crâne au Calvaire, où il savait que le Messie devait être crucifié. Mais, ni les anciens Pères, ni les auteurs modernes qui ont rapporté ces traditions, n’en ont jamais été bien persuadés, et l’on peut, sans leur manquer de respect, les mettre au rang des apocryphes.

La montagne du Calvaire était fort près de Jérusalem, et c’était là apparemment que l’on exécutait ordinairement les criminels. Après que la ville de Jérusalem eut été détruite par les Romains sous l’empire de Tite, elle se rétablit peu à peu ; et les Juifs y étaient en assez grand nombre lorsque Barcoquebas se révolta contre les Romains. Adrien, ou ses généraux, furent obligés de l’assièger ; et l’ayant prise, ils la ruinèrent entièrement. Après cela, Turanus Rufus, ou Tinnius Rufus, qui était alors gouverneur de Judée, fit passer la charrue sur l’endroit où avait été le temple, pour montrer que cet endroit ne devait jamais être rétabli sans un arrêt exprès du sénat. Après la guerre, Adrien défendit aux Juifs de mettre jamais le pied dans Jérusalem, sous peine de la vie. Il y établit une colonie romaine, et appela la ville Ælia Capitolina. Cette nouvelle ville ne fut pas bâtie sur les ruines de l’ancienne, mais plus au septentrion ; en sorte que le mont de Calvaire, qui auparavant se trouvait hors de la ville, fut presque au centre d’Ælia. On n’enferma dans cette ville qu’une assez petite partie de l’ancienne Jérusalem. Le mont de Sion, où avait été le temple, était ou labouré comme un champ, ou couvert de démolitions et de ruines.

Aujourd’hui la ville de Jérusalem est au même endroit où Adrien l’avait mise. Mais, au lieu que ce prince avait profané le mont Calvaire, et en particulier la place où Jésus-Christ avait été mis en croix, et celui où son corps avait été enseveli, l’impératrice Hélène, mère du grand Constantin, y fit bâtir une superbe église, qui subsiste encore, et l’enrichit de plusieurs ornements magnifiques, en sorte que la croix et le sépulcre de Jésus-Christ et le Calvaire sont plus honorés par tous les chrétiens que ne le fut jamais l’ancienne Jérusalem par les fils de la Synagogue.

Le saint Sépulcre et le Calvaire sont confondus et comme noyés (vus du haut de la montagne des Oliviers) dans l’immense dédale de dômes, d’édifices et de rues qui les environnent, et il est difficile de se rendre compte ainsi de l’emplacement du Calvaire et de celui du Sépulcre, qui, selon les idées, que nous donne l’Évangile, devraient se trouver sur une colline écartée hors des murs, et non dans le centre de Jérusalem. La ville, rétrécie du côté de Sion, se sera, sans doute agrandie du côté du nord pour embrasser dans sen enceinte les deux sites qui font sa honte et sa gloire, le site du supplice du Juste, et celui de la résurrection de l’Homme-Dieu. Lamartine, Voyage en Orient, tome 1 pages 434.

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