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Nu

Nu, Nudité

Ces termes, outre leur signification ordinaire et littérale, se prennent quelquefois pour dépourvu de secours, ou désarmé. Par exemple, les Israélites, après l’adoration du veau d’or (Exode 22.25), se trouvèrent nus au milieu de leurs ennemis ; Dieu les abandonna à eux-mémes, il les priva de sa protection ; Dieu fit tirer vengeance de leurs crime par les lévites, qui en tuèrent vingt-trois mille ; et le lendemain Moïse étant monté sur la montagne de Sinaï, Dieu lui dit (Exode 33.5) : Commandez au peuple de quitter ornements, ses habits, ses armes ordinaires. Le peuple obéit.

La nudité des pieds était une marque de respect. Moïse (Exode 3.5) se déchausse lorsqu’il approche du buisson ardent ; la plupart des commentateurs croient que les prêtres servaient nu-pieds dans le tabernacle, et ensuite dans le temple. Moïse, dans le dénombrernent qu’il fait des habits et des ornements des prêtres, ne parle nulle part de leurs chaussures. Les talmudistes enseignent que s’ils avaient appuyé leurs pieds sur un habit, sur une peau, ou sur le pied de leurs confrères, leur service aurait été illégitime ; que comme le pavé du temple était de marbre, les prêtres contractaient diverses incommodités dans le temps de leur service, à cause de la nudité de leurs pieds ; que pour les prévenir, il y avait dans le second temple un cabinet dont le pavé était chaud, afin qu’ils y pussent réchauffer leurs pieds ; les ablutions fréquentes qui leur étaient prescrites dans le temple insinuent de même qu’ils y étaient nu-pieds.

Il y en a même qui soutiennent que les simples Israélites n’entraient point dans ce saint lieu qu’ils n’eussent quitté leurs souliers et nettoyé leurs pieds. On applique à cela ces paroles de l’Ecclésiaste (Ecclésiaste 4.17) : Prenez garde à vos pieds quand vous entrez dans la maison de Dieu. Le rabbin Salomon sur ces paroles du Lévitique (Lévitique 19.30) : Gardez mon sabbat, et craignez mon sanctuaire, l’entend de l’obligation de paraître nu-pieds devant le Seigneur. Maimonides dit expressément qu’il n’était jamais permis aux hommes d’aborder la maison de Dieu sur la sainte montagne avec des souliers, ou avec un bâton, ou avec son habit de travail ordinaire, ou avec de la boue à ses pieds. Il y en a qui croient que notre Sauveur fait allusion à cette pratique lorsqu’il dit à ses disciples (Matthieu 10.9-10) : Ne faites provision ni d’or, ni d’argent, ni de monnaie dans vos ceintures, ni de sacs pour le chemin, ni de robes, ni de souliers, ni de bâtons, car l’ouvrier est digne de sa nourriture.

Les Turcs observent encore à présent de n’entrer dans leurs mosquées qu’après avoir lavé leurs pieds et leurs mains, et après avoir quitté leurs chaussures extérieures. Les chrétiens d’Éthiopie n’entrent aussi dans leurs églises que pieds nus. Les Brachmanes des Indes ont le même respect pour leurs pagodes. Solin dit que nul n’entre dans le temple de Diane de Crète, qu’après avoir quitté sa chaussure. Juvénal dit que les rois même des Juifs observent leurs sabbats nu-pieds.

La nudité des pieds se met quelquefois dans l’Écriture pour la nudité de ce que la pudeur veut qu’on tienne caché : Prohibe pedem tuum a nudi tate, dit Jérémie (Jérémie 2.25) : Gardez-vous bien de découvrir vos pieds, et de tomber dans quelque action honteuse. Et ailleurs (Jérémie 13.26). Les pieds marquent ce que la pudeur tient caché.

La nudité de l’ignominie, ou découvrir la honte d’une personne, marque d’ordinaire une conjonction honteuse et illicite, ou un mariage incestueux (Lévitique 20.19). Et Ézéchiel (Ézéchiel 16.37) : Nudabo ignominiam tuam. Et encore : Eras nuda et confusione plena.

La nudité se met quelquefois pour être mal vêtu (1 Rois 19.24). Saül demeure nu tout le jour au milieu des prophètes, c’est-à-dire, peu vêtu, n’ayant pour ainsi dire que la chemise. Isaïe reçoit ordre du Seigneur d’aller nu (Isaïe 20.2-3), c’est-à-dire ; vêtu comme un esclave et demi-nu ; ainsi l’on recommande de vêtir ceux qui sont nus, c’est-à-dire, mal habillés. Saint Paul (1 Corinthiens 4.11 2 Corinthiens 11.27) dit qu’il est dans le froid, dans la nudité, c’est-à-dire, dans la pauvreté, dans le besoin d’habits.

Nombres se met pour découvert, connu, éclairé. Job (Job 26.6) : Nudus est infernus coram illo. L’enfer, le tombeau, le lieu où sont les âmes des morts, est nu et découvert aux yeux de Dieu. Il en perce la profondeur et les ténèbres. Saint Paul (Hébreux 4.13) est dans le même sens.

La nudité D’Adam et Ève leur était inconnue avant leur péché (Genèse 2.25 ; 3.7) ; ils n’en rougissaient point, parce que la concupiscence et le dérèglement des passions n’avaient pas encore soulevé la chair contre l’esprit, et que leur nudité ne causait ni trouble dans leur imagination, ni rien de déréglé et de contraire à l’ordre et à la raison dans leur cœur. Ils étaient exempts de tout ce qui se passe de honteux dans nous à l’occasion de la nudité des corps. Les animaux n’ont point de honte de leur nudité, et elle ne nous offense point, parce qu’elle n’a rien de déréglé ni de contraire à l’ordre.

Quelques interprètes traduisent le texte de Moïse : Adam et Ève étaient sages, ou rusés ; car l’Hébreu harom a quelquefois cette signification. Mais il est visible par la suite du discours de Moïse qu’il l’entendait d’une nudité corporelle, puisqu’il dit que nos premiers pères, pour couvrir la honte de leur nudité, se firent des ceintures de feuilles de figuier. On a cru que les hommes de l’âge d’or allaient tout nus.

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