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Juda

Juda (1)

Juda est opposé à Israël, qui désigne le royaume des dix tribus ou de Samarie, par opposition à celui de Juda et des descendants de David. Une des principales prérogatives de cette tribu est d’avoir conservé le dépôt de la vraie religion et l’exercice public du sacerdoce et des cérémonies de la loi dans le temple de Jérusalem, pendant que les dix tribus s’abandonnaient au culte des veaux d’or et à l’idolâtrie.

Rois de Juda. Voyez la liste des rois de Juda sous l’article Rois.

Juda (2)

Ou Judas, ou Jéhuda, quatrième fils de Jacob et de Lia, naquit en Mésopotamie (Genèse 29.35) l’an du monde 2249, avant Jésus-Christ 1751, avant l’ère vulgaire 1755. Ce fut lui qui conseilla à ses frères de vendre Joseph aux marchands Ismaélites, plutôt que de tremper leurs mains dans son sang (Genèse 37.26). Il épousa Sué, fille d’un Chananéen nommé Hiram (Genèse 38.1-2), et il en eut trois fils. Her, Onan et Séla. Il maria Her à une fille nommée Thamar. Her était un scélérat, que Dieu frappa de mort pour ses crimes. Juda dit à Onan, son second fils, de prendre la veuve de son frère, qui était mort sans enfants, et de lui susciter de la lignée ; mais Onan, par une action abominable, empêchait Thamar de devenir mère. C’est pourquoi le Seigneur le frappa aussi de mort. Juda craignant de donner Séla, son troisième fils, à sa bru, l’amusait par des promesses, sans venir à l’exécution.

Thamar, voyant bien que Juda ne cherchait qu’à tirer la chose en longueur et à éluder ses promesses, se déguisa, prit l’habit d’une courtisane, et se mit sur un chemin où Juda devait passer. Juda s’étant donc approché de Thamar, elle conçut, et enfanta deux fils, dont l’un fut nommé Pharès, el l’autre Zara (Genèse 38.27-29). On peut voir les articles de Thamar, de Pharès et de Zara.

Juda fut toujours regardé connue le premier et le plus considéré des enfants de Jacob. Sa tribu fut la plus puissante et la plus nombreuse. Il semble que les privilèges de premier-né passèrent de Ruben à lui, après l’inceste que commit Ruben (Genèse 35.22) avec Bala, femme de son père. Voici la bénédiction que Jacob donna à Juda au lit de la mort (Genèse 49.8-10) « Juda, vos frères vous loueront ; votre main s’appesantira sur la tête de vos ennemis ; les enfants de votre père s’inclineront profondément devant vous. Juda est un jeune lion. Vous êtes allé, Ô mon fils ! pour ravir votre proie ; vous vous êtes reposé, et vous vous êtes couché comme un lion ; qui osera le réveiller ? Le sceptre ne sera point ôté de Juda, et le prince ne sortira point de sa race jusqu’à la venue de Celui qui doit être envoyé, et qui sera l’Attente des nations. » Cet endroit contient une promesse que la royauté ne sortira point de sa famille, et que le Messie en tirera sa naissance. Jacob ajoute : « Il liera son ânon à la vigne, et vous attacherez, mon fils, votre ânesse au cep de la vigne. Il lavera sa robe dans le vin, et son manteau dans le sang du raisin. Ses yeux sont plus beaux que le vin, et ses dents plus blanches que la neige. » Ou, selon une autre version : Ses yeux sont rubiconds à cause du vin, et ses dents sont blanches à cause du lait. Tout cela marquait la fécondité de son pays.

Le lot de Juda occupait toute la partie méridionale de la Palestine ; et les tribus de Siméon et de Dan possédèrent plusieurs villes, qui d’abord avaient été attribuées à Juda. Cette tribu était si nombreuse, qu’au sortir de l’Égypte elle était composée de soixante-quatorze mille six cents hommes capables de porter les armes (Nombres 1.26-27). La royauté passa de la tribu de Benjamin, d’où étaient Saül et lshoseth, dans celle de Juda, qui était la tribu de David et de ses successeurs, rois jusqu’à la captivité de Babylone. Et depuis le retour de la captivité, quoique cette tribu ne régnât pas, elle occupait toujours néanmoins la première place, elle donnait le sceptre à ceux qui régnaient, elle renaissait en quelque sorte toute la nation des Hébreux dans elle-même, et on ne les connaissait que sous le nom de Judoei, Juifs, descendants de Juda. Le Testament des douze patriarches fait prononcer à Juda une prophétie concernant le Messie ; mais on voit bien qu’elle a été faite après coup.

Juda (3)

Surnommé le Saint, en hébreu Haccados, auteur de la Misne, était fils de Simon le Juste, fameux docteur juif. Juda était chef ou recteur de l’école de Tibériade en Galilée, et parvint à la dignité de président du sanhédrin, qui se tenait dans la même ville ; il est reconnu pour prince de sa nation, et a vécu sous trois empereurs qui ont été favorables aux Juifs : savoir Antonin le Pieux, Marc-Aurèle et Commode. Le premier prit possession de l’empire en 138, et le second mourut en 194 de Jésus-Christ. Ainsi on peut fixer son âge dans le milieu du second siècle de l’Église. On prétend qu’il vint au monde le même jour qu’Akiba mourut. Celui-ci était comme un soleil qui se couchait pour la nation des Juifs, mais en même temps se levait comme un autre soleil pour répandre la lumière dans Israël. Suivant cela, il faut fixer la naissance de Juda à l’an de Jésus-Christ 135 ou 136, qui est celui de la prise de Béther et de la mort d’Akiba.

Le lieu de la naissance de Juda fut Tzippuri, située sur une montagne de Galilée. Ce lieu avait été autrefois considérable. Quelques-uns croient que c’est là que quelques auteurs, sous l’autorité du faux Hégésippe, font naître Anne, mère de la sainte Vierge, et Hermanna, sœur de sainte Élisabeth. Siméon, père de Juda, circoncit son fils le huitième jour, conformément à la loi, et contre la défense de l’empereur Adrien, qui avait défendu cette pratique. Siméon fut cité devant l’empereur ; mais avant d’y comparaître, il passa chez la mère du jeune Antonin qui était au berceau, emprunta ce jeune prince, et laissa le sien en la place, le présenta à Adrien, et lui prouva que l’accusation formée contre lui était fausse, puisque cet enfant qu’il voyait n’était pas circoncis. Adrien crut que c’était le jeune Juda, et renvoya l’accusé. Au retour, Siméon repassa chez la princesse, lui rendit son fils, et reprit le jeune Juda. Cette histoire est impertinente, et pèche coutre toutes les règles ; mais on la donne pour ce qu’elle vaut.

Quelques-uns donnent à Juda le surnom de Saint, à cause de cette secrète circoncision qu’il reçut alors : d’autres soutiennent qu’il le mérita par l’innocence et la pureté de sa vie. Nous n’en savons pas assez de particularités pour en juger, et d’ailleurs ce n’est pas ici le lieu d’approfondir cette matière ; nous ne parlons de cet homme que par rapport à la Misne dont il est auteur. Jusqu’alors les traditions reçues par le canal des docteurs et des prophètes s’étaient conservées dans la mémoire des hommes. Les maîtres les enseignaient de vive voix dans les écoles, et chacun glosant, y ajoutant, ou retranchant à sa manière, elles commençaient à se multiplier à l’infini, et à s’altérer insensiblement en passant par tant de bouches. Les Sages résolurent donc de les rédiger par écrit, et Judas fut choisi pour le faire. Une autre raison qui les détermina encore, fut la calamité qu’ils venaient d’essuyer sous Adrien, la dispersion de leurs docteurs, la ruine de leurs écoles, la perte de leurs livres, et le désastre de leur nation. Comment conserver l’unité des sentiments, et le dépôt des traditions dans cet éloignement, et au milieu de tant de traverses ?

Juda se chargea donc de dresser le corps du Droit civil et canonique des Juifs, et d’en former une espèce de cours et de système, qu’on peut suivre exactement dans les écoles de sa nation. Il nomma son ouvrage Misna, comme qui dirait, seconde loi. Il le partagea en six parties, ou en six livres, dont chacun contient plusieurs traités. Il y en a soixante-trois en tout. Il rangea fort méthodiquement sous ces soixante-trois chefs, tout ce que la tradition de leurs ancêtres avait transmis jusque-là sur la tradition et sur la loi. Ce livre ne parut pas plutôt qu’il fut reçu avec une profonde vénération par tous les Juifs. Les savants d’entre eux en firent, le sujet de leurs études, et les principaux d’entre eux, tant en Judée, qu’en Babylone, se mirent à le commenter. Ce sont ces commentaires, qui, avec le texte de la Misna, composent les deux Thalmuds, c’est-à-dire, celui de Jérusalem et celui de Babylone. Voyez ci-après l’article de Misna, et celui de Thalmud. Bartolocci croit que Juda le Saint mourut en l’an 194 de Jésus-Christ. M. Basnage met sa mort en 210 ou 215. Il eut pour fils et successeur dans la dignité de prince de sa nation le rabbin Gamaliel.

Jud
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