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Josias

[Un prophète avait prédit sa naissance et son nom plus de trois cents ans avant l’événement, voir (1 Rois 13.2 ; 2 Rois 23.16)].

Fils d’Amon roi de Juda, et d’Idida, fille de Hadaïah de Bésécath (2 Rois 23.1-2). Il commença à régner, étant âgé de huit ans, l’an du monde 3363, avant Jésus-Christ 637, avant l’ère vulgaire 641. Il fit ce qui était agréable au Seigneur, et marcha dans toutes les voies de David, sans se détourner ni à droite ni à gauche. Il commença à chercher Dieu dès la huitième année de son règne, qui était la seizième de son âge, du monde 3370, et en la douzième année de son règne, qui était la vingtième de son âge (2 Chroniques 34.1-3), il purifia Juda et Jérusalem des hauts lieux, des bois profanes, des idoles et des figures superstitieuses. Il brûla les os des prêtres des faux dieux sur les autels de leurs idoles. Il ne se contenta pas de ruiner ainsi les restes de l’idolâtrie dans ses États ; il alla en personne dans les villes d’Ephren, de Manassé, de Siméon et de Nephtali, et n’en revint qu’après y avoir renversé tous les monuments de, l’idolâtrie.

Il s’appliqua après cela à réparer le temple du Seigneur, qui avait été fort négligé sous les règnes précédents. Mais comme l’on transportait l’argent qui avait été offert au temple par les Israélites, pour le donner aux ouvriers et aux entrepreneurs, le grand prêtre Helcias trouva dans la chambre du trésor, le livre de la loi du Seigneur, donnée par les mains de Moïse (2 Chroniques 34.13). On croit (Josèphe) que c’était l’original de la loi, et qu’il s’était trouvé ou dans une muraille, ou dans quelque coffre, ou même à côté de l’arche ; car il paraît qu’alors elle n’était pas dans le sanctuaire, puisque Josias ordonne aux prêtres de la remettre en sa place, et leur défend de la porter davantage de lieu en lieu (2 Chroniques 35.3). Saint Chrysostome, dans un endroit, dit que l’on trouva ce livre dans un tas d’ordures ; et ailleurs, qu’on le trouva dans un trou sous terre, et presque effacé. Il croit que l’on ne découvrit que le Deutéronome, apparemment parce qu’il est dit que Moïse fit mettre le Deutéronome de la loi à côté de l’arche (Deutéronome 31.26).

Saphan, secrétaire, donna avis au roi de la découverte que l’on avait faite du livre de la loi du Seigneur (2 Rois 22.9-11 ; 2 Chroniques 30.18-20) ; et Josias, se l’ayant fait lire et ayant entendu les paroles de la loi, déchira ses vêtements et dit au grand prêtre et aux principaux officiers de sa cour : Allez consulter le Seigneur sur ce qui me regarde, moi et tout mon peuple, sur ce qui vient d’être trouvé ; car la colère du Seigneur est embrasée contre nous, à cause des péchés de vos pères. Ils allèrent donc trouver la prophétesse Holda, femme de Sellum, et lui demandèrent ce qu’il y avait à faire dans cette occasion. Holda leur répondit : Voici ce que dit le Seigneur : Je vais faire fondre sur ce lieu tous tes maux que le roi de Juda a lus dans le livre de la loi, parce qu’ils m’ont abandonné, pour sacrifier à des dieux étrangers. Mais pour le roi de Juda, qui vous a envoyés, voici ce que vous lui direz : Parce que vous avez été effrayé à la lecture du livre de la loi, que vous vous êtes humilié et que vous avez déchiré vos vêtements et pleuré devant moi, j’ai écouté votre prière ; vous serez enseveli en paix avec vos pères, et vos yeux ne verront point les maux que je dois faire tomber sur cette ville.

Ces envoyés vinrent rapporter au roi ce que la prophétesse leur avait dit (2 Rois 35.1-3 ; 2 Chroniques 34.29-30) ; et le roi, ayant fait assembler tous les anciens de Juda et de Jérusalem, monta avec eux au temple du Seigneur. Il leur lut le livre qui venait d’être trouvé, et fit alliance avec le Seigneur, pour s’engager à marcher dans ses voies et à observer ses préceptes et ses ordonnances. Il s’y obligea avec serment, et fit promettre la même chose à tous ceux qui se trouvèrent à cette assemblée. Il fit ensuite détruire tout ce qui pouvait encore rester de monuments superstitieux et idolâtres, tant dans Jérusalem que dans tout Juda. Il extermina les augures et ceux qui adoraient les astres, et fit périr les efféminés qui se prostituaient en l’honneur des faux dieux. Il interdit l’exercice des fonctions sacrées aux prêtres qui avaient prêté leur ministère pour les sacrifices que l’on faisait aux hauts lieux. Il profana le lieu de Tophet et la vallée d’Hennon, souilla tous les lieux que l’idolâtrie et la superstition avaient consacrés, brisa les statues qui y étaient et remplit ces lieux d’ossements de morts. Il renversa l’autel que Jéroboam, fils de Nabat, roi d’Israël, avait érigé à Béthel, fit déterrer les os des faux prophètes et les prêtres des veaux d’or ; mais il épargna le tombeau du prophète du Seigneur, que le Seigneur avait envoyé contre Jéroboam (1 Rois 13.31-32), et qui, ayant été trompé par un autre prophète, viola l’ordre que le Seigneur lui avait donné de ne point manger en ce lieu. Cet autre prophète qui s’était fait enterrer au même lieu fut aussi épargné à cause de lui (2 Rois 23.17-18)

Josias ordonna ensuite à tout son peuple de célébrer la pâque, suivant ce qui en était écrit dans le livre de la Loi (2 Rois 23.21 ; 2 Chroniques 35.1-2). L’Écriture dit que depuis le temps des juges et de tous les rois de Juda et d’Israël, jamais pâque ne fut célébrée comme celle qui se fit la dix-huitième année de Josias ; et qu’il n’y a point eu avant lui de roi qui lui fût semblable, ni qui fût retourné comme lui au Seigneur de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force. Cependant la colère que le Seigneur avait conçue contre Juda ne fut point apaisée ; car Pharaon Néchao, roi d’Égypte, voulant passer par la Judée (2 Rois 23.29 ; 2 Chroniques 35.20-21), pour aller attaquer la ville de Carchemise sur l’Euphrate, Josias s’opposa à son passage et lui livra bataille à Mageddo, au pied du mont Carmel [Voyez Néchao].

Ce bon prince y fut blessé mortellement ; et ayant été mené à Jérusalem, il y mourut de ses blessures. Le peuple fit un grand deuil à sa mort, et Jérémie composa sur cela un cantique lugubre. Josias fut enterré avec les rois ses prédécesseurs à Jérusalem. Le peuple de Juda prit Joachaz, autrement Sellum, un des fils de Josias [le troisième], et l’établit roi en sa place.

Voici l’éloge que Jésus, fils de Sirach, fait du roi Josias : « La mémoire de Josias est comme un parfum d’une odeur admirable, composé par un excellent parfumeur. Son souvenir sera doux à la bouche de tous les hommes comme le miel et comme un concert de musique dans un festin délicieux. Dieu l’a destiné pour faire entrer le peuple dans la voie de la pénitence, et il a exterminé les abominations de l’impiété. Il a tourné son cœur vers le e Seigneur ; et dans un temps de péché il s’est affermi dans la piété. Hors David, Ézéchias et Josias, tous ont péché. »

On vit sous le règne de Josias plusieurs prophètes dans Juda : Jérémie et Baruch, Joël et Sophonie, et la prophétesse Holda. Plusieurs ont cru que les Lamentations de Jérémie, que nous avons encore aujourd’hui, furent composées à la mort de Josias ; et que c’est de ces lamentations que parle le second livre des Chroniques (2 Chroniques 35.24-25), qui étaient si célèbres de ce temps-!à, et que tous les musiciens et les musiciennes continuèrent à chanter encore longtemps après. Le deuil qui se fit à la mort de ce prince était comme passé en loi et en proverbe ; et le prophète Zacharie (Zacharie 12.11), parlant du deuil qui se devait faire à la mort du Messie, fait allusion à celui de Josias.

On sait que Josias fut blessé à mort à Mageddo, près d’Adad-Remmon. Josias laissa quatre fils : Joachaz, autrement Sellum [c’est le troisième] ; Eliacim, ou Joakim [c’est le deuxième ; il est aussi appelé Jéchonias (Matthieu 1.11). Voyez Jechonias]. ; Sédécias, autrement Matthanias [c’est le quatrième] ; et Johanan [c’est l’aîné] ; ce dernier mourut apparemment jeune. Les trois autres régnèrent [d’abord le troisième, ensuite le deuxième, qui lui succéda, et à qui succéda Joachin, son fils ; enfin le quatrième, qui monta sur le trône après Joachin, son neveu]. Voyez leur titre.

On forme quelques difficultés sur l’histoire de Josias. La première, sur ce qu’il ne se contenta pas d’abolir l’idolâtrie dans Jérusalem et dans ses États, mais qu’il alla encore dans les terres du royaume d’Israël (2 Rois 23.25), y renversa l’autel que Jéroboam, fils de Nabat, y avait érigé, coupa le bois de haute futaie et détruisit le haut lieu où le peuple sacrifiait aux veaux d’or ; il en usa de même dans tous les lieux dépendant du royaume de Samarie ; il détruisit les lieux consacrés à la superstition et à l’idolâtrie, mit à mort tous les prêtres des hauts lieux, brûla des os de morts sur les autels pour les souiller, et s’en revint ainsi à Jérusalem. Il est vrai qu’alors le royaume d’Israël ne subsistait plus, les dix tribus ayant été transportées au delà de l’Euphrate ; mais il y avait encore grand nombre d’habitants dans le pays, tant du nombre des Israélites qui s’y étaient conservés, que des chrétiens [faute grossière, pour Chutéens], et autres peuples que les rois d’Assyrie y avaient fait venir. Toujours parait-il certain que Josias n’était pas souverain de ce pays, qui obéissait aux rois d’Assyrie : comment donc y exerce-t-il ces droits de souveraineté ?

On peut répondre,

1° Que Josias suivit peut-être moins en cela les règles de la politique que celles de son zèle et de sa piété.

2° Il est très-croyable que, sage et bien conseillé qu’il était, il ne fit rien que suivant le conseil des plus sages et des plus éclairés de son royaume.

3° On voit par la suite de l’histoire de Josias, que ce prince était allié des rois de Chaldée, puisqu’il s’opposa à Néchao, roi d’Égypte, qui marchait contre la ville de Carchemise. Il est donc très-vraisemblable que Josias possédait les terres de Samarie, comme celles de la Judée, et que les rois de Chaldée lui avaient donné la souveraineté sur ce misérable reste du royaume. L’Écriture ne nous en dit rien ; mais elle ne dit pas le contraire.

4° Enfin les Chutéens et les autres peuples qu’Assaradon avait fait venir dans ce pays ne devaient pas s’intéresser beaucoup au maintien de la religion des Israélites des dix tribus ; et ceux des dix tribus qui étaient restés dans le pays n’étaient pas en état de résister à Josias, ni même de se plaindre aux rois de Chaldée, puisqu’ils n’étaient demeurés dans le pays que par tolérance et sans aveu.

La seconde difficulté regarde l’expédition de Josias contre Néchao, roi d’Égypte. Néchao, on ne sait par quel motif, marcha contre la ville de Carchemise, située sur l’Euphrate (2 Rois 23.29-30 ; 2 Chroniques 35.20), et appartenant aux rois de Babylone, ou aux rois d’Assyrie, comme porte le quatrième livre des Rois. Josias se mit à la tête de son armée et voulut s’opposer à son passage. Le roi d’Égypte lui envoya des ambassadeurs pour lui dire : qu’y a-t-il entre vous et moi ? Ce n’est pas à vous que j’en veux ; mais je fais la guerre à une autre maison, contre laquelle Dieu m’a commandé de marcher au plus tôt. Cessez de vous opposer à Dieu qui est avec moi, de peur qu’il ne vous fasse mourir. Josias ne voulut pas acquiescer à ce que Néchao lui disait de la part de Dieu : il l’attaqua à Mageddo et y fut blessé à mort. Dans tout ceci l’Écriture s’explique comme si véritablement Néchao eût été engagé par les ordres de Dieu à marcher contre la ville de Carchemise.

On croit que le prophète Jérémie, ou quelque autre prophète du Seigneur, avait parlé à Néchao et lui avait ordonné d’entreprendre la guerre contre cette ville. Le troisième livre d’Esdras dit que Josias ne voulut pas acquiescer à la parole du prophète dans cette occasion. Mais quel intérêt pouvait avoir ce prince à s’opposer au roi d’Égypte, qui ne lui demandait rien ? Il y a beaucoup d’apparence que Josias était ou allié ou même soumis et tributaire aux rois de Chaldée, successeurs de ceux d’Assyrie, à qui Manassé, son père, avait été livré, et n’avait été rétabli sur le trône que sous la charge de demeurer fidèle aux rois ses bienfaiteurs. Josias était sans doute entré dans les mêmes engagements. Il était donc non-seulement de la politique, mais même de la justice de défendre le passage par son pays au roi d’Égypte, qui allait attaquer une place de l’empire de Chaldée. S’il parut ne pas assez respecter dans cette occasion les ordres de Dieu, dont lui parlait Néchao, c’est qu’il ne crut pas que le Seigneur fût auteur de cette expédition, et il n’était pas obligé d’en croire son ennemi sur sa parole.

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