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Adoption

L’adoption est une action par laquelle on prend un étranger pour le mettre en sa famille, le reconnaître pour son fils, et le destiner à sa succession. Parmi les Hébreux, je ne vois pas que l’adoption, proprement dite, ait été en usage. Moïse n’en dit rien dans ses lois ; et l’adoption que Jacob fit de ses deux petits-fils, Éphraïm et Manassé (Genèse 48.5), n’est pas proprement une adoption, mais une espèce de substitution, par laquelle il veut que les deux fils de Joseph aient chacun leur lot dans Israël, comme s’ils étaient ses propres fils : Vos deux fils, dit-il, seront à moi : Ephraim et Manassé seront réputés comme Ruben et Siméon. Mais comme il ne donne point de partage à Joseph, leur père, toute la grâce qu’il lui fait, c’est qu’au lieu d’une part qu’il aurait eue à partager entre Éphraïm et Manassé, il lui en donne deux ; l’effet de cette adoption ne tombait que sur l’accroissement de biens et de partage entre les enfants de Joseph.

Une autre espèce d’adoption, usitée dans Israël, consistait en ce que le frère (Deutéronome 25.5 ; Ruth 4 ; Matthieu 22.24) était obligé d’épouser la veuve de son frère décédé sans enfants ; en sorte que les enfants qui naissaient de ce mariage étaient censés appartenir au frère défunt, et portaient son nom (Voyze Lévirat) ; pratique qui était en usage avant la loi, ainsi qu’on le voit dans l’histoire de Thamar (Genèse 28.8). Mais ce n’était pas encore la manière d’adopter connue parmi les Grecs et les Romains.

La fille de Pharaon adopta le jeune Moïse (Exode 2.10), et Mardochée adopta Esther pour sa fille (Isaïe 2.7-15). On ignore les cérémonies qui se pratiquaient dans ces occasions, et jusqu’où s’étendaient les droits de l’adoption ; mais il est à présumer qu’ils étaient les mêmes que ceux que nous voyons dans les lois romaines, c’est-à-dire que les enfants adoptifs partageaient et succédaient avec les enfants naturels ; qu’ils prenaient le nom de celui qui les adoptait, et passaient sous la puissance paternelle de celui qui les recevait dans sa famille [D. Calmet vient de passer en revue divers textes, à propos de l’adoption civile. Il y en a quelques autres sur lesquels il me semble qu’il eût dû s’arrêter ; je vais seulement les indiquer, ce sont : (Genèse 16.2 ; 30.3-6, 8-13). L’Écriture parle d’une adoption divine ou spirituelle ; celle par laquelle Dieu a choisi les Israélites pour son peuple, préférablement à tous les autres hommes (Romains 11.4) ; et il appelle ce peuple, son fils aîné (Exode 4.22) ; conférez avec (Marc 15.26). Mais cette adoption n’était que la figure de celle que Dieu voulait faire de tous hommes qui, régénérés en Jésus-Christ, étaient devenus les vrais Israélites, et de laquelle va parler notre auteur].

Par la passion du Sauveur et par la communication des mérites de sa mort, qui nous sont appliqués par le baptême, nous devenons les enfants adoptifs de Dieu, et nous avons part à l’héritage céleste. C’est ce que saint Paul nous enseigne en plusieurs endroits (Romains 8.15). Vous n’avez pas reçu l’esprit de servitude dans la crainte ; mais vous avez reçu l’esprit d’adoption des enfants, par lequel vous criez : Mon Père ! Mon Père ! Et (Romains 8.25) Nous attendons l’adoption des enfants de Dieu. Et encore (Galates 4.4-5) : Dieu nous a envoyé son Fils pour racheter ceux qui étaient sous la loi, afin que nous recevions l’adoption des enfants.

Parmi les Musulmans la cérémonie de l’adoption se fait en faisant passer celui qui est adopté par dedans la chemise de celui qui l’adopte. C’est pourquoi pour dire adopter, en turc, l’on dit : Faire passer quelqu’un par sa chemise ; et parmi eux un enfant adoptif est appelé Akiet-ogli, fils de l’autre vie, parce qu’il n’a pas été engendré en celle-ci. Je remarque parmi les Hébreux quelque chose d’approchant : Élie adopte le prophète Élisée (1 Rois 19.19), et lui communique le don de prophétie en le revêtant de son manteau ; et quand Élie fut enlevé dans un chariot de feu, il laissa tomber son manteau (2 Rois 2.15), qui fut relevé par Élisée, son disciple, son fils spirituel et son successeur dans la fonction de prophète.

Moïse revêt Eléazar des habits sacrés d’Aaron (Nombres 20.26), lorsque ce grand-prêtre est près de se réunir à ses pères, pour montrer qu’Eléazar lui succédait dans les fonctions du sacerdoce, et qu’il l’adoptait en quelque sorte pour l’exercice de cette dignité. Le Seigneur dit à Sobna, capitaine du temple, qu’il le dépouillera de sa dignité et en revêtira Eliacim, fils d’Helcias (Isaïe 22.21). Je le revêtirai de votre tunique, dit le Seigneur, et je le ceindrai de votre ceinture, et je mettrai votre puissance dans sa main. Saint Paul en plusieurs endroits (Romains 13.14 ; Galates 3.27 ; Éphésiens 4.24 ; Colossiens 3.10) dit que les chrétiens se sont revêtus de Jésus-Christ, qu’ils se sont revêtus de l’homme nouveau, pour marquer l’adoption des enfants de Dieu, dont ils sont revêtus dans le baptême.

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