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Esprit

Dans l’Écriture le nom d’Esprit, Ruach en hébreu, Pneuma en grec, et Spiritus en latin, se prennent tantôt pour le Saint-Esprit, troisième personne de la sainte Trinité, qui inspire les prophètes, anime les gens de bien, verse son onction dans nos cœurs, nous comble de lumières et de consolations, au nom duquel nous sommes baptisés, de même qu’au nom du Père et du Fils ; enfin l’Esprit vivifiant, qui procède du Père et du Fils.

D’autres fois il se prend pour le souffle, la respiration, la vie animale, qui convient aux hommes et aux animaux (Genèse 7.15, Nombres 16.22 ; Job 12.10.) ; ce souffle que Dieu nous a donné, et qu’il retire de nous, quand il nous ôte la vie.

Il signifie aussi l’âme raisonnable qui nous anime, et qui subsiste même après la mort du corps ; cette substance spirituelle, raisonnable, libre, capable de la béatitude éternelle.

Le nom d’esprit se met quelquefois pour le vent ; ainsi Spiritus procellarum (Psaumes 10.7). Spiritus grandis et fortis (1 Rois 19) In spiritu vehementi conteres naves Tharsis (Psaumes 47.8), etc. Dans tous ces endroits spiritus ne désigne qu’un grand vent.

L’Esprit se prend aussi pour marquer un ange, un démon, ou une âme séparée du corps. Il est dit dans les Actes (Actes 23.8) que les Saducéens niaient l’existence des âmes et des esprits. Jésus-Christ, apparaissant à ses disciples, leur dit : Touchez-moi, et voyez que je ne suis pas un esprit ; car un esprit n’a ni chair, ni os (Luc 24.39). Dans saint Paul les bons anges sont appelés (Hébreux 1.14), administratorii spiritus. Il est dit dans les livres des Rois que le mauvais esprit envoyé par le Seigneur agitait Saül (1 Samuel 16.14 ; 18.10 ; 19.9) ; et dans l’Évangile les démons sont souvent nommés esprits impurs, mauvais esprits, esprits de ténèbres.

L’Esprit se prend quelquefois pour la disposition du cœur ou du corps, parce que l’on présumait que les bonnes ou mauvaises dispositions de l’un ou de l’autre étaient causées par de bons ou mauvais esprits. Ainsi on dit : l’esprit de jalousie (Nombres 5.14), l’esprit de fornication (Osée 4.12), l’esprit de prières (Zacharie 12.10), l’esprit d’infirmité (Luc 13.11), l’esprit de sagesse et d’intelligence (Ecclésiaste 15.5 Isaïe 11.2), l’esprit de crainte du Seigneur (Isaïe 11.2), etc.

Esprit, qui animait les prophètes, et qui causait en eux des mouvements et des enthousiasmes. Voyez ci-devant enthousiasme.

Discernement des esprits. C’est un don de Dieu qui consiste à discerner si un homme est vraiment inspiré de l’Esprit de Dieu, si c’est un faux prophète, un imposteur, qui ne suit que l’impression de son propre esprit, ou de l’esprit de Satan. Saint Paul parle du discernement des esprits (1 Corinthiens 12.10), parmi les dons miraculeux, que Dieu accordait aux fidèles au commencement du christianisme. Et saint Jean dans sa première Épître (1 Jean 4.1) : Ne croyez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits s’ils sont de Dieu.

Éteindre l’Esprit. Saint Paul (1 Thessaloniciens 5.19) dit aux Thessaloniciens de ne pas éteindre l’esprit : Spirituni nolite exstinguere. On peut éteindre l’Esprit-Saint en deux façons : 1° en forçant en quelque sorte le Saint-Esprit de se retirer de nous, par le péché, par le dérèglement des mœurs, par la vanité, par l’avarice, par la négligence, et par les autres crimes opposés à la cltarité, à la vérité, à la paix, ou aux autres dons du Saint-Esprit ; 2° on éteint le Saint-Esprit lorsqu’on fait des actions qui font que Dieu retire de nous ses dons surnaturels et gratuits, comme la prophétie, le don des langues, le don de guérir les maladies ; car, encore que ces dons fussent purement gratuits et que Dieu les communiquât quelquefois à des méchants, toutefois il les accordait aussi souvent aux prières des fidèles, et il les retirait pour punir l’abus ou le mépris qu’on en faisait.

Attrister l’esprit (Éphésiens 4.30) Se peut encore prendre en deux manières : ou dans le sens de la grâce intérieure, habituelle ou actuelle ; ou dans le sens des dons miraculeux dont Dieu favorisait les premiers chrétiens. On attriste l’Esprit de Dieu, en résistant aux saintes inspirations, aux mouvements de sa grâce, en vivant d’une manière tiède et négligente. On l’attriste aussi en méprisant ses dons, en les négligeant, en faisant abus de ses faveurs, par la vanité, la curiosité, la négligence. Et dans un sens contraire (2 Timothée 1.6) : Nous ressuscitons l’Esprit-Saint qui est en nous, par la pratique des vertus, par la fidélité à répondre à ses inspirations, par la ferveur dans son service, par le renouvellement de notre reconnaissance, etc.

Esprit, en tant qu’il est opposé à la chair, marque l’âme qui nous anime : Mon esprit ne demeurera plus dans l’homme, parce qu’il n’est que chair (Genèse 6.3). Je vais faire périr tous les hommes, je vais faire retirer d’eux mon souffle et l’âme que je leur ai donnée, parce qu’ils sont tous charnels, abrutis par des passions charnelles, par des actions brutales ; parce qu’en un mot, toute chair a corrompu sa voie (Genèse 6.12) ; ils ont, en quelque sorte, oublié qu’ils étaient des hommes raisonnables, pour se plonger dans les dérèglements des bêtes.

Esprit, dans le moral, est opposé à la chair (Romains 7.25). Je suis soumis par l’esprit dia loi de Dieu ; et par la chair à la loi du péché. Et encore (Nombres 8.13) : Si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si pur l’esprit vous mortifiez les actions de la chair, vous vivrez. Et ailleurs (Galates 5.19-22) : Les œuvres de la chair sent la fornication, l’impureté, la dissolution, etc. ; mais les fruits de l’esprit sont la charité, la joie, la paix, la patience, l’humanité, la hait !, la persévérance, etc.

L’Esprit de Jésus-Christ qui anime les vrais chrétiens et les enfants de Dieu, et qui les distingue des enfants de ténébres, qui sont animés de l’esprit du monde, est le don de la grâce et d’adoption ; l’Esprit-Saint qui est répandu dans nos cœurs, et qui nous donne la confiance de crier vers Dieu : Mon Père, mon Père (Romains 8.5). Ceux qui sont animés de cet esprit ont crucifié leur chair avec ses vices et ses mauvais désirs ; si nous vivons de l’esprit, marchons selon l’esprit (Galates 5.4). Et ailleurs (Romains 8.9) : Celui qui n’a pas l’esprit de Jésus-Christ, n’est pas à lui. L’esprit de Jésus-Christ animait les prophètes (1 Pierre 1.11), et les portait à rechercher avec soin en quel temps devait arriver ce qu’ils avaient prédit touchant sa passion et sa gloire.

L’Esprit de Jésus-Christ (1 Pierre 3.19), par lequel il a été précher aux esprits qui étaient en prison, et qui avaient été autrefois incrédules du temps de Noé. Ce passage embarrasse extrêmement les commentateurs, et il souffre des difficultés presque insurmontables. On peut voir les commentateurs qui l’ont traité exprès. Voici le sens qui nous parait le plus simple : Jésus-Christ, après sa résurrection, par la vertu du même Esprit-Saint qui l’avait ressuscité, descendit aux enfers, ou dans la prison, dans le lieu où les âmes des saints patriarches étaient détenues, et où elles attendaient sa venue ; il leur annonça leur délivrance, et les tira de ce cachot ; et à l’égard des esprits qui avaient été autrefois incrédules au temps de Noé, à l’esprit de Jésus-Christ, qui leur avait fait annoncer la vérité, et qui les avait fait exhorter à la pénitence du temps de Nué, mais qui, n’ayant pas voulu profiler de ses avis, étaient morts dans l’incrédulité et dans l’endurcissement ; ceux-là apprirent aussi la venue de Jésus-Christ, et furent informés de sa descente aux enfers ; mais cette nouvelle ne fil qu’augmenter leurs remords, leurs supplices, et leur désespoir.

Esprits. Apparitions des Esprits. Le sentiment qui croit que les esprits, les anges, les démons, les âmes des morts, apparaissent quelquefois aux hommes, est universellement répandu parmi toutes les nations. Il est fondé sur une infinité d’histoires et d’expériences, et principalement sur l’autorité des livres sacrés. Les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament sont remplis d’apparitions d’anges et de démons ; et on y voit l’opinion qui croit le retour et l’apparition des esprits et des âmes des défunts, dans l’histoire de l’évocation de Samuel par la pythonisse (1 Samuel 28.11-12), dans ce que dit Jésus-Christ à ses apôtres : Voyez et touchez : un esprit n’a ni chair ni os (Luc 24.39) ; dans ce que pensaient les apôtres, voyant Jésus-Christ qui marchait pendant la nuit sur les eaux (Matthieu 14.28), Dicentes quia phantasma est. Et dans les Actes des apôtres (Actes 12.13-15), saint Pierre étant venu frapper à la porte, on crut que c’était son, ange, parce qu’on savait qu’il avait été mis en prison quelques jours auparavant. Et dans les livres des Machabées (2 Machabées 15.12-16), le grand prêtre Onias et le prophète Jérémie apparaisent en songe à Judas Machabée.

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