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Roboam
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal Bost

Fils et successeur de Salomon, était né de Naama, femme ammonite, que Salomon avait épousée (1 Rois 14.20-21). Il avait quarante-un ans lorsqu’il commença à régner, et par conséquent il était né la première année du règne de son père, ou l’année d’auparavant. Il commença à régner l’an du monde 3019, avant Jésus-Christ 971, avant l’ère vulgaire 975. Salomon son père avait environ dix-huit ou dix-neuf ans, lorsque Roboam naquit. Ce prince régna dix-sept ans à Jérusalem, et mourut l’an du monde 3046, avant Jésus-Christ 954, avant l’ère vulgaire 958.

Après la mort de Salomon (1 Rois 12.1-3), Roboam vint à Sichem, parce que tout Israël s’y était assemblé, pour l’y établir roi. Jéroboam, fils de Nabat, qui s’était soulevé contre Salomon, et avait été obligé, sur la fin de son règne, de se réfugier en Égypte, revint promptement en Judée dès qu’il eut appris la mort de ce prince, et se trouva aussi à Sichem avec le peuple assemblé. Les Israélites dirent à Roboam : Votre père nous avait chargés d’un joug très-dur et très-pesant ; diminuez donc maintenant quelque chose de la pesanteur de ce joug, et nous vous servirons, comme nous avons servi votre père. Ces paroles font voir que la succession au royaume n’était pas encore bien établie dans la famille de David. Roboam leur dit : Allez chacun chez vous, dans trois jours revenez, et je vous rendrai réponse. Alors ce prince consulta les anciens conseillers, qui avaient été du conseil du roi son père, et ils lui répondirent : Si vous répondez avec douceur à ïe peuple, et que vous leur accordiez leur demande, ils s’attacheront à vous pour toujours.

Mais Roboam n’approuva point ce conseil ; il aima mieux suivre celui que lui donnèrent les jeunes gens qui avaient été nourris avec lui, qui lui dirent : Répondez à ce peuple : Le plus petit de mes doigts est plus gros que mon père ne l’était par le corps : mon père, à ce que vous dites, vous a imposé un joug très-pesant, et moi je le rendrai encore plus pesant ; mon père vous a battus avec des verges, et moi je vous battrai avec des scorpions.

Le peuple étant donc revenu le troisième jour, ainsi qu’on en était convenu, le roi leur répondit durement, suivant l’avis de ses jeunes conseillers : mais il eut bientôt sujet de s’en repentir. Toute l’assemblée coin’mença à dire : Quelle part avons-nous avec David, et quel intérêt à dérnéler avec le fils de David ? Israël, retirez-vous dans vos demeures ; David, pourvoyez maintenant à votre maison. Roboam envoya ensuite Aduram, intendant des tributs vers le peuple, pour le rappeler : mais le peuple le lapida, et il mourut. Roboam voyant cela, monta vite sur son char et s’enfuit à Jérusalem. Les tribus de Juda et de Benjamin demeurèrent attachées à Roboam : mais les dix autres tribus reconnurent pour roi Jéroboam, fils de Nabat, qui profita adroitement de cette mauvaise disposition du peuple pour exécuter le dessein qu’il avait conçu depuis longtemps de secouer le joug de la maison de David.

Roboam, étant arrivé à Jérusalem (1 Rois 12.21), assembla les tribus de Juda et de Benjamin qui lui étaient demeurées fidèles, et marcha à la tête de cent quatre-vingt mille soldats choisis, pour réduire les dix tribus, qui s’égaient soustraites à son obéissance. Alors le prophète Séméias vint lui dire de la part de Dieu : Vous ne vous mettrez point en campagne, et vous ne ferez point la guerre contre les enfants d’Israël, qui sont vos frères : que chacun retourne à sa maison ; car c’est moi qui ai fait ceci. Ils écoutèrent la parole du Seigneur et s’en retournèrent chacun dans sa maison. Or, Roboam étant demeuré à Jérusalem (1 Rois 14.22), s’appliqua à fortifier son royaume et à s’affermir contre Jéroboam, son ennemi. Il fortifia plusieurs villes de ses États ; Bethléem, Etham, Thécué, Betlisur, Soco, Odollam, Geth, Marésa, Ziph, Aduram, Lachis, Azéca, Saraa, Aïalon, Hébron ; et après les avoir fermées de bonnes murailles, il y établit des gouverneurs et y fit de grands magasins de vin et d’huile, et des arsenaux pleins d’armes, de boucliers et de lances.

Le nombre de ses sujets fut aussi grossi par les prêtres et les lévites, qui étaient dans les villes des États de Jéroboam, lesquels voyant que le roi d’Israël avait changé le culte du Seigneur, et établi pour prêtres des veaux d’or, les premiers de ses sujets qui avaient voulu entrer dans ce ministère, se retirèrent dans les terres de Juda et de Benjamin, pour y être à portée de faire leurs fonctions dans le temple du Seigneur à Jérusalem. Roboam et son peuple ne demeurèrent fidèles au Seigneur que pendant trois ans. Après ce terme si court, Juda fit le mal devant le Seigneur, et il l’irrita par ses crimes plus que n’avaient fait ses pères avant lui. Israël dressa des autels profanes et des statues ; il consacra des bois de futaie sur toutes les collines élevées. Il y eut aussi parmi eux des hommes et des femmes destinés à l’impudicité publique. Enfin ils commirent toutes les abominations qu’avaient commises les chananéens que le Seigneur avait exterminés.

Roboam épousa dix-huit femmes, et il eut soixante concubines ou femmes d’un moindre rang. Elles lui donnèrent vingt-huit fils et soixante filles. Mais de tous ses fils, celui qu’il aima le plus, et qu’il destina pour être son successeur, fut Abia, fils de Maaca, fille d’Absalom. Lorsqu’il vit son royaume affermi, il abandonna le Seigneur, lui et tout son peuple ; et Dieu, pour punir leurs prévarications, envoya coutre Juda, en la cinquième année de Roboam (2 Chroniques 12.1-3), Sésac, roi d’Égypte, qui enleva tous les trésors de la maison du Seigneur, les trésors du roi, les boucliers d’or qu’avait faits Salomon, désola tout le pays, menant avec lui une armée de douze cents chariots, de soixante mille chevaux et d’un nombre innombrable de troupes’ à pied, qui le suivaient. Il prit les meilleures places de Juda, et réduisit tout le pays jusqu’à Jérusalem. Alors le prophète Séméias vint trouver Roboam et les princes de Juda qui étaient avec lui dans cette ville, et leur dit de la part du Seigneur : Vous m’avez abandonné, et moi à mon tour je vous ai aussi livrés entre les mains de Sésac. Les princes, touchés de ces reproches, s’humilièrent et répondirent : Le Seigneur est juste. Alors Dieu dit à Séméias, qu’il ne les voulait pas entièrement délaisser, mais qu’il voulait seulement leur apprendre la différence qu’il y a entre servir le Seigneur et être assujetti à un prince étranger.

Après le départ de Sésac, Roboam fit Faire des boucliers de cuivre, en la place des boucliers d’or que le roi d’Égypte avait enlevés ; et lorsqu’il allait au temple, ses gardes portaient ces boucliers de cuivre devant lui, et les remettaient ensuite dans leur arsenal. Le Seigneur eut donc compassion de ce prince, parce qu’il s’humilia devant lui, et qu’il se trouva encore quelque bonne œuvre dans Juda. L’histoire du règne de Roboam avait été écrite au long, et avec grand soin, par les prophètes Séméias et Addo ; mais ces histoires ne sont point parvenues jusqu’à nous, non plus que le détail des guerres qui furent toujours entre Jéroboam et Roboam, pendant tout le temps de leur règne. Roboam étant mort après dix-sept ans de règne, fut enterré dans la ville de David, et il eut Abia son fils pour successeur. [Voyez Abia].

L’Écriture parle de ce prince d’une manière qui ne lui fait nullement honneur. Après avoir parlé de Salomon, voici ce que Jésus, fils de Sirach, dit de Roboam (Ecclésiaste 47.28) : Salomon laissa après lui son fils, la honte de sa race (à la lettre, la folie de sa race), qui, par le mauvais conseil qu’il suivit, éloigna le peuple de son obéissance. Abia, fils de Roboam, parlant de son père, dit que ce fut un prince ignorant et malhabile dans l’art de régner, un homme faible et sans courage (2 Chroniques 13.7) : Roboam erat rudis et corde pavido. Enfin Salomon semble avoir eu son fils et son successeur devant les yeux, lorsqu’il a dit (Ecclésiaste 2.18) : J’ai détesté toute l’application dans laquelle je me suis fatigué sous le soleil, devant laisser après moi un héritier, que je ne sais s’il sera sage ou insensé, et qui profitera de mes travaux ? Y a-t-il rien de plus vain et de plus inutile ?

Roc