Appuyez sur Entrée pour rechercher ou ESC pour annuler.

Rechab
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Rechab (1)

Et Baana sont les deux assassins d’Isboseth, fils de Saül (2 Samuel 4.2). Voyez Isboseth, ou Baana.

Rechab (2)

Fils de Jonadab, instituteur des Réchabites. On ne sait en quel temps vivait Réchah, ni quelle est son origine. Quelques-uns le font sortir de la tribu de Juda. D’autres croient qu’il était prêtre, ou au moins lévite, parce qu’il est dit dans Jérémie (Jérémie 35.19) que l’on verra toujours des descendants de Jonadab attachés au service du Seigneur. Quelques rabbins veulent que les Réchabites ayant épousé des filles des prêtres eu des lévites, les enfants qui en étaient sortis furent employés au service du temple. D’autres croient qu’à la vérité ils servaient au temple, mais simplement en qualité de ministres, de même que les Gabaonites et les Nathinéens, qui étaient comme les serviteurs des prêtres et des lévites (Josué 9.27 ; 1 Chroniques 9.1 Néhémie 2.43-55-58,70 ; 7.57). On lit dans les Paralipomènes (1 Chroniques 2.55) que les Réchabites étaient Cinéens d’origine, et qu’ils étaient chantres dans la maison de Dieu. L’Hébreu porte : Les portiers et les obéissants, qui logent sous des tentes ; ce sont eux qu’on nomme Cinéens, qui sont descendus de Chamath, chef de la maison de Réchab.

Les Cinéens ne sont pas de la race de Jacob, mais de celle de Madian, fils de Chus. Ils descendaient de Hobab ou de Jétro, père de

Séphora, et beau-père de Moïse. Ils entrèrent avec les Hébreux dans la terre promise, et demeurèrent dans le lot de la tribu de Juda, aux environs de la mer Morte. Ils ne furent distingués des Israélites que par leur vie champêtre, et par le mépris qu’ils faisaient des villes et des maisons. Quelques-uns ont cru que nabab ou, Jétro était lui-même le premier instituteur des Réchabites ; que Réchab était un de ses noms ; que Jonadab connu du temps de Jéhu, était un de ses descendants ; que Héber le Cinéen était de l’institut des Réchabites. Serrarius distingue les anciens Réchabites descendus et institués par Jétro, des nouveaux, institués, par Jonadab, fils de Réchab, qui vivait sous Jéhu, roi d’Israël.

Le Père Boulduc a imaginé sur le sujet des Réchabites un système tout à fait extraordinaire. Il va chercher leur origine dès avant le déluge, dans Enos et ses descendants. Après le déluge, ils furent connus successivement sous les noms de Cinéens, de Cinézéens, d’Hébreux, de Nazaréens, d’enfants des prophètes ; et enfin de Réchabites et de pharisiens. Tous ces gens étaient des religieux vivant en communauté, ayant leurs supérieurs généraux et particuliers, ainsi qu’on en voit aujourd’hui parmi les différents ordres religieux de l’Église latine. Mais d’où leur vient le nom de Réchab ? L’étymologie en est remarquable. Élisée voyant son maître qui montait au ciel, lui cria (2 Rois 2.12) : À ton père, mon père, qui êtes le chariot d’Israël et son conducteur. Le roi Joas étant allé visiter Élisée dans sa dernière maladie, lui dit de même (2 Rois 13.14). Mon père, mon père, qui êtes le chariot d’Israël et son conducteur. L’Hébreu porte : Aton père, mon père, Réchab d’Israël. C’est de là qu’est venu le nom de Réchabites aux disciples d’Élie et d’Élisée ; fils des Réchabtam, des deux chariots d’Israël. Ce n’est pas assez à cet auteur de faire venir les Réchabites du chariot d’Élie ; il fait venir les pharisiens de ses chevaux. Pharasim en hébreu, signifie des Chevaux.

Mais il est inutile d’aller chercher de ces étymologies forcées, éloignées, douteuses et puériles. L’Écriture (Jérémie 35.6-7) nous apprend que Jonadab, fils de Réchab, qui vivait du temps de Jéhu, roi d’Israël, ordonna à ses descendants de ne boire jamais de vin, de ne point bâtir de maisons, de ne semer aucun grain, de ne planter point de vignes, de ne posséder aucun fonds et de demeurer sous des tentes toute leur vie. Telle fut la règle des Réchahites et des enfants de Réchab. Elle n’obligeait point les autres Cinéens, ni les autres enfants de Jétro. Cette observance subsista pendant plus de trois cents ans. La dernière année du règne de Joakim, roi de Juda, Nabuchodonosor étant vend, assièger Jérusalem, les Réchabites furent obligés de quitter la campagne et de se retirer dans la ville, sans toutefois abandonner leur coutume de loger sous des tentes. Jérémie durant le siégé, reçut ordre du Seigneur d’aller chercher les disciples de Réchab, de les faire entrer dans le temple, et de leur présenter du vin à boire (Jérémie 35.1-3). Jérémie exécuta les ordres du Seigneur : mals les Réchabites répondirent : Nous ne boirons point de vin, parce que Jonadab, fils de Réchab, notre père, nous a défendu d’en boire, et nous lui avons obéi jusqu’aujourd’hui, nous et nos femmes, nos fils et nos filles. Et lorsque Nabuchodonosor est venu dans le pays, nous avons dit : Entrons dans Jérusalem devante l’armée des Chaldéens et des Syriens ; et nous avons demeuré à Jérusalem. Alors le Seigneur dit à Jérémie : Dites au peuple de Juda et aux habitants de Jérusalem : Les paroles de Jonadab, fils de Rechab, ont eu assez de force sur l’esprit de ses enfants pour les obliger à ne point boire de vin jusqu’à cette heure ; mais pour vous, vous n’avez point voulu m’écouter jusqu’aujourd’hui ? Ensuite adressant sa parole aux Réchabites, il leur dit : Parce que vous avez obéi aux paroles de Jonadab, votre père, et que vous avez observé ses ordonnances, la race de Jonadab ne cessera point de produire des hommes qui serviront toujours en ma présence.

Les Réchabites furent apparemment menés captifs après la prise de Jérusalem par les Chaldéens, puisqu’on lit dans le titre du psaume (Psaumes 70.1), qu’il fut chanté par les fils de Jonadab et par les premiers captifs, qui sont. Ézéchiel et Mardochée, emmenés au delà de l’Euphrate par les Chaldéens, après la prise de Jérusalem, sous le roi Joakim. Ils revinrent de captivité, et s’établirent dans la ville de Jabès, au delà du Jourdain, comme il paraît par les Paralipomènes (1 Chroniques 2.55) : La race des scribes qui demeuraient à Jabès, nommés portiers, obéissants et demeurant sous des tentes, sont les Cinéens, descendus de Chamath, père de la maison de Réchab. Il y a quelque difficulté sur ce passage. Quelques-uns ont cru que Jabès en cet endroit marquait non, une ville, mais un homme que les Cinéens honoraient comme leur maître. Quoi qu’il en soit, il n’est plus parlé des Cinéens dans les livres écrits depuis la captivité de Babylone.

Quelques-uns ont prétendu que les Assidèens, dont il est parlé dans les Machabées (1 Machabées 2.42 ; 7.17 2 Machabées 14.6), étaient les successeurs et les imitateurs des Réchabites. D’autres confondent les Réchabites avec les Esséniens. Mais si les Assidéens étaient les mêmes que les Esséniens, comme il y a assez d’apparence, ces deux sentiments reviendront au même ll est sûr que la manière de vivre de ces derniers, qui nous sont méconnus, était fort différente de celle des Réchabites, comme il paraît dans ce qu’en dit Josèphe, qui nous apprend que les Esséniens avaient des champs qu’ils cultivaient en commun, qu’ils demeuraient dans des maisons, qu’ils n’avaient ni femmes ni enfants, et ne faisaient point leurs cérémonies avec les autres Juifs dans le temple de Jérusalem. Or tout cela était contraire aux pratiques des Réchabites. Hégésippe, cité par Eusèbe, raconte que comme on conduisait saint Jacques au supplice, un des prêtres de la race des Réchabites cria aux Juifs qui voulaient le lapider : Qu’allez-vous faire ? Le juste prie pour vous. Il est certain, comme nous l’avons déjà dit, que les Réchabites n’étaient pas de la race des prêtres ; mais comme ils servaient dans le temple, cet auteur aura cru qu’ils étaient prêtres ; ou il aura pris le nom de prêtre, dans un sens générique, pour un ministre du Seigneur. [Voyez Nazaréens].

Benjamin de Tudéle dit qu’il vit dans ses voyages un grand, pays habité par les fils de Réchab. Voici ses paroles : De Pundebite sur l’Euphrate, j’allai dans le pays de Séba, nommé aujourd’hui Aliman, qui confine au pays de Sénaar. Après vingt et un jours de marche par des solitudes, j’arrivai dans le pays où demeurent les Juifs nommés fils de Béhab, autrement peuples de Théima ; car Théima est le commencement de leur État, qui est aujourd’hui gouverné par le prince Hanan. La ville de Théima est grande et bien peuplée. Le pays a vingt journées de long, entre les montagnes septentrionales. Il est rempli de bonnes et fortes villes, qui n’obéissent à aucun prince étranger. Les peuples de ce pays font des courses sur leurs voisins et même sur les peuples éloignés. Ils cultivent des champs et nourrissent des troupeaux, ayant un bon, et vaste pays. Ils donnent la Mme de tout leur revenu pour l’entretien des disciples des sages, qui vaquent continuellement à la prédication, et pour la nourriture des pharisiens qui déplorent le malheur de Sion et la chute de Jérusalem ; n’usant jamais ni de vin ni de chair, allant toujours vêtus de noir, et n’ayant point d’autre demeure que des cavernes ; jeûnant tous les jours, à l’exception du jour de sabbat, et toujours appliqués à la prière, pour obtenir de Dieu la liberté et le retour de la captivité d’Israël.

Tous les Juifs de Théima et de Thélimas font les mêmes prières au Seigneur, et ils sont au nombre d’environ cent mille hommes. Ils ont pour prince Salomon, frère de Hanan, tous deux de la race de David, comme ils le prouvent par leurs histoires généalogiques qu’ils ont en main. Ils vont ordinairement avec des habits de deuil et déchirés, et jeûnent quarante jours pour tous les Juifs qui sont en captivité. La province comprend environ quarante villes, deux cents bourgs et cent châteaux : La capitale du pays est Thénaï, et le nombre des Juifs qui habitent dans la province est d’environ trois cent mille. La capitale, dont on a parlé, est close de bonnes murailles, qui enferment dans leur enceinte un grand terrain, où l’on sème du froment en quantité ; car elle a quinze milles de long et autant de large ; (c’est-à-dire, cinq grandes lieues en carré et environ quinze lieues de tour). On y voit le palais du prince Salomon, avec de très beaux jardins. Voilà quel est le pays des Réchabites, selon ce voyageur, qui vivait au, douzième siècle. Mais tout ce récit a si fort l’air fabuleux, qu’on n’y peut ajouter aucune créance.