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Onagre
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal Bost

Ou Âne Sauvage, animal autrefois fort commun dans la Palestine, et dont il est souvent parlé dans l’Écriture. Il demeure dans les déserts les plus reculés ; il est extrêmement jaloux de sa liberté (Job 11.12 ; 39.5) ; il souffre difficilement la soif (Jérémie 14.6 Psaumes 103.12), et se fait suivre par un grand nombre de femelles de son espèce. Josèphe raconte qu’Hérode le Grand tuait quelquefois dans une seule chasse jusqu’à quarante ânes sauvages. Quelques nouveaux ont prétendu que l’âne sauvage était un animal tout à fait beau, de la grandeur d’une moyenne mule, de bonne taille, gras, le poil couché, qui ne tient de l’âne que les oreilles, et dont le poil est bigarré d’une manière tout à fait singulière. Ce sont des bandes grises, noires et tirant sur le roux, toutes de même largeur et proportion, qui se tournent en cercle vers ies flancs, et ailleurs en volutes. On en a vendu un jusqu’à quatorze ou quinze mille écus d’or. Ludolf en a fait représenter un dans le commentaire sur son histoire d’Éthiopie, à la page 150. Il dit que les Africains appellent cet animal zecora, et ceux de Congo zebra, et que mal à propos on lui a donné le nom d’âne sauvage.

Les Orientaux tiennent que l’âne sauvage est un des animaux les plus viles à la course. Sa chair est bonne à manger. J’ai vu chez M. Paul Lucas la peau d’un de ces ânes barrés, qui sont de la grandeur d’une moyenne mule, ayant plusieurs bandes de couleur brunes, grises, noires et tirant sur le roux. Je soupçonne que ce sont ces ânes que l’Écriture appelle des dnes brillants (Juges 5.10) et qui servaient de monture aux princes d’Israël : il est certain que cet âne n’est point sauvage, mais domestique.

Le nom de Zechora, que les Africains lui donnent, revient beaucoup à celui de Zechora que Déhora donne aux ânesses qui servaient de monture aux grands d’Israël, et dont nous venons de parler. Elle semble insinuer que ces animaux servaient à la guerre ; et l’on en voit encore en Orient qui servent à cet usage.

L’animal que les mahométans donnent pour monture à leur faux prophète Mahomet dans le voyage prétendu qu’il fit au ciel était, disent-ils, d’une taille moyenne entre l’âne et la mule ; son nom était Borak, qui signifie brillant, éclatant ; je ne doute pas que ce ne soit de ces ânes dont nous parlons ici, et dont on a fait Bourique en notre langue. Les autres étymologies qu’on donne de ce terme sont toutes violentes et tirées de loin. Bonuk en arabe et Zechorah en hébreu signifient la même chose.

Les Kirguis occidentaux et les Calmouques, dit Sonnini (Nouveau Diction d’histoire naturelle, tome 12 pages 399, édition de Déterville Paris, 1803), appellent Koulan, Khoulan ou Choulan, une espèce de quadrupèdes qui se trouve dans les grands déserts de la Sibérie au delà du Jaïk, du Yemba, du Sarason, dans le voisinage du lac Aral et vers les montagnes de Tamanda. M. Pallas, qui a vu cet animal dans ces campagnes, le regarde comme une espèce intermédiaire entre l’dne et le czigithai, et il y a toute apparence que c’est l’onagre ou onager des auteurs. Sa taille est un peu au-dessus de celle du czigithai son poil est d’un beau gris, quelquefois un peu bleuâtre, d’autres fois tirant sur le jaune ; une bande noire suit l’épine du dos, et une autre descend sur les épaules en traversant le garrot ; sa queue ressemble à celle de ; mais ses oreilles sont moins larges et moins hautes. Les koulans marchent et paissent en troupeaux de plusieurs mille ; ils ont la même légèreté dans leur course que les czigithals, et le mémo naturel sauvage et intraitable ; l’on n’a jamais pu venir à bout d’eu dompter un seul.

M. Dureau de la Malle, membre de l’Institut, dans son Economie politique des Romains, livre 3 chapitre 15, tome 2 pages 1531.15 ; Paris., 1840, s’exprime en ces termes :

Dans le chapitre où il traite des ânes, Varron dit (livre 2 chapitre 6) : Il en existe deux variétés : l’une sauvage, qu’on appelle onagre : il en existe beaucoup vivant en troupes dans la Phrygie et la Lycaonie ; l’autre domestique, comme tous ceux de l’ltalie. L’onagre est très-propre à être employé comme étalon.

L’intérieur de l’Asie Mineure a été peu visité par les voyageurs modernes. Nous ne savons pas si l’âne sauvage existe encore dans les montagnes de la Phrygie et de la Lycaonie ; M. Charles Texier ne l’y a pas trouvé, mais il s’est assuré qu’on le trouve dans l’une des Sporades (Piscopia). Les derniers voyageurs anglais, MM. Ouseley, Malcolm, Kinneir et Ker-Porter ont assuré que l’onagre vit à l’état sauvage dans plusieurs provinces de l’orient de la Perse, d’où l’on a pu conclure que cette contrée et la chaîne du Taurus sont la patrie de l’âne, cet animal qui, depuis tant de siècles, a été réduit à l’état domestique ; mais il est difficile aujourd’hui d’adopter cette opinion. Jusqu’à l’année 1835 on ne connaissait d’autre bonne représentation du prétendu âne sauvage que celle qui est donnée dans le voyage de Ker-Porter. Ce voyageur avait chassé, tué, et dessiné après la mort un solipède qu’il croyait être l’âne sauvage ; aujourd’hui il y a tout lieu de penser que cette figure représente, non pas l’onagre sauvage, mais l’equus hemionus. Deux individus de cette dernière espèce, mâle et femelle, existent à la ménagerie du jardin des Plantes, et leur couleur isabelle, avec la raie dorsale noire qui se partage en croix sur le garrot, la forme de la tête, du corps et des jambes, la brièveté relative des oreilles de l’hemionus, se rapportent complétement à la figure et à la description fort exacte données par Ker Porter. Je regarde donc comme très-probable que le solipède, vivant en société à l’état sauvage dans la Perse et la haute Asie qui a été décrit sous le nom d’onagre par les Hébreux, les Grecs, les Latins, les Arabes et les voyageurs modernes en Asie, n’est autre chose que l’eguus hemiontts ; et que l’âne sauvage, au lieu d’être commun aux deux continents, a véritablement pour patrie l’intérieurde l’Afrique. Les nombreuses espèces du même genre, zèbres, couagas, etc., que nous connaissons pour vivre à l’état sauvage dans ce continent, donnent à cette détermination de l’origine de l’âne une fort grande probabilité ; de plus, dans les contrées tropicales, l’âne jouit d’une forme plus grande et plus belle que dans les pays froids ; il y est aussi plus vif et plus fort, et ce solipède qui, au Chili, est rentré dans la vie sauvage, ressemble beaucoup à la souche primitive, telle que nous pouvons la concevoir d’après les descriptions des anciens.

Lévitique 30 mars 1840, M. Eugène Boré, choisi par M. le comte de Sercey ambassadeur en Perse, pour accompagner M. le marquis de Lavalette, son premier secrétaire, dans un voyage de Teheran à Ispahan, rapporte ce qui suit : « Nous fûmes agréablement surpris par la rencontre d’un troupeau d’ânes sauvages, animal nommé gour par les Persans, qui le considèrent comme la proie la plus digne de leurs chasses royales. D’une taille plus élevée que l’âne domestique, et d’une couleur plus claire, il a l’œil étincelant, et une allure fière qui justifie la noblesse des comparaisons de nos Livres saints » Correspondances et Mémoires d’un voyageur en Orient, tome 2.

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