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Eutyche

(Actes 20.9)

Jeune homme de Troas, qui, s’étant endormi sur l’embrasure d’une fenêtre pendant un discours de Paul, tomba dans la rue et fut relevé mort ; mais l’apôtre s’étant approché se pencha sur lui, l’embrassa, et annonça aux assistants que le jeune homme était revenu à la vie. La réunion ne fut ainsi interrompue qu’un instant, puis les frères s’assemblèrent de nouveau en attendant le départ de Paul, prirent la cène, et s’entretinrent jusqu’au jour. On a révoqué en doute le miracle, par conséquent la mort et la résurrection d’Eutyche, et l’on s’appuie sur le peu de cérémonies que fait l’apôtre, qui ne prie pas même ; on dit encore que le jeune homme, n’ayant éprouvé qu’une violente secousse, a bien eu besoin du reste de la nuit pour se remettre, ce qui explique pourquoi au lieu de remonter immédiatement dans la salle, il ne reparut qu’après le départ de Paul. Nous répondons : le verset 9 est positif ; même s’il n’y a eu que secousse violente on ne se remet pas en quelques heures d’une chute de trois étages ; les paroles du verset 10 ont le même sens que celles de Matthieu 9.24 ; Paul s’est penché sur le jeune homme comme le firent Élie et Élisée en pareille occasion (1 Rois 17.21 ; 2 Rois 4.34). « Enfin, ajoute M. Coquerel, s’il n’y a point ici de miracle, l’accident était trop peu important pour être rapporté par saint Luc. Depuis Éphèse jusqu’à Milet (Actes 20.1-15), le récit ne s’arrête point et n’offre aucun intérêt ; l’historien aurait-il interrompu la rapidité de son narré pour raconter seulement qu’un dormeur était tombé par une fenêtre sans se tuer. Luc, présent à toute cette scène, était médecin ; s’il s’agit d’un évanouissement et non d’une résurrection, c’est de son aide et non de celle de Paul que l’on avait besoin, et en se rappelant que le récit est d’un homme de l’art, il est impossible de ne pas y voir un prodige divin et non un accident vulgaire ».

Il est intéressant de voir avec quelle bonté et quelle compassion Luc rapporte le fait de ce jeune homme qui s’endort pendant que le grand apôtre parle aux âmes ; Eutyche ne cède qu’à un profond sommeil, il faisait une chaleur étouffante, et la fumée des lampes nombreuses y ajoutait son influence engourdissant ; c’était extrêmement tard, minuit ; enfin Paul avait fait un long discours, de l’aveu même de Luc ; toutes les circonstances se réunissaient pour faire succomber la chair, et là, où bien des formalistes se seraient indignés, le Saint-Esprit n’exprime pas un seul mot de blâme. Chacun sait que ce n’est pas bien de dormir au culte, et l’on peut même dire qu’une âme pieuse n’en éprouvera jamais le besoin. Voilà la règle, puis vient l’exception, c’est que la chair est toujours chair avec une faiblesse insurmontable, inhérente à sa nature ; s’il y a des cas où la faiblesse est péché, il y en a d’autres où la faiblesse n’est qu’un malheur et doit être pardonnée, et le tact chrétien joint à la charité pure saura toujours faire distinguer les uns des autres.

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