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Péage, péagers

Depuis que les Romains se furent emparés de la Palestine, ils y établirent, comme dans les provinces voisines de l’Asie, leurs impôts ou droits d’octroi, qui pesaient essentiellement sur les importations, parfois aussi sur les exportations. Sous la république déjà c’était l’usage, et il fut conservé sous les empereurs, d’affermer à bail, ordinairement pour cinq ans, à des chevaliers, ou à des associations de chevaliers romains, l’exploitation entière des impôts d’une province. Ces riches et grands publicains traitaient ensuite en détail avec des particuliers, romains ou provinciaux, de l’exploitation spéciale de certaines villes frontières, ou ports de mer, et ils cherchaient naturellement à retirer le plus grand profit possible de ces espèces de marchés. Ces subordonnés, que les auteurs profanes connaissent sous les noms d’exacteurs, de visiteurs, percepteurs ou autres, sont appelés dans le Nouveau Testament des péagers. À Jéricho il y avait un chef des péagers, sans doute à cause du transit considérable de baume (Luc 19.2). Leur nom est souvent associé à celui des gens de mauvaise vie, des femmes de mauvaise vie, des méchants, et des païens (Matthieu 9.10 ; 11.19 ; 18.17 ; 21.31 ; Luc 3.30 ; 7.34). Les rabbins même les assimilent aux voleurs de grands chemins et aux meurtriers, et ceux des Juifs qui embrassaient cette profession étaient déclarés incapables de témoigner en public, et chassés de la synagogue. Cette haine profonde qui a toujours poursuivi et qui poursuit encore les péagers, les douaniers et tous les hommes attachés à ce genre d’occupation, s’explique soit par l’impatience naturelle avec laquelle on supporte généralement les systèmes de douanes et toutes les gênes prohibitives de la liberté de circulation, soit et surtout à cause de la brutalité avec laquelle ces employés bouleversent et maltraitent les effets des voyageurs ou les marchandises qui passent par leurs mains, à cause du zèle souvent plus qu’indiscret qu’ils témoignent pour les intérêts de l’État, à cause de leurs estimations souvent arbitraires, et par conséquent plus difficiles à supporter et plus équivoques, à cause de leur rapacité intéressée ; enfin, à cause de leurs extorsions, de leurs concussions et des fraudes dont ils se rendaient fréquemment coupables, et contre lesquelles il n’y avait d’appel qu’auprès d’un pouvoir qui profitait lui-même de ces vexations et qui se croyait intéressé à épuiser la fortune particulière au profit de la fortune publique.

Matthieu et Zachée étaient péagers avant leur conversion ; ils paraissent s’être enrichis l’un et l’autre, mais si leur condition antérieure nous est inconnue, on peut dire d’une manière générale que ce n’étaient jamais que des gens du commun peuple qui s’engageaient dans une occupation aussi méprisée que haïe, et cette circonstance ne pouvait qu’empirer avec le temps la haine et le mépris, en y ajoutant le préjugé et l’habitude.

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