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Nil

Fleuve d’Égypte qui prend sa source dans les montagnes de l’Abyssinie, coule du sud au nord et se jette dans la Méditerranée après avoir parcouru l’Abyssinie, les déserts de la Nubie et l’Égypte. Son cours est d’environ 6700 Km ; il y entre en Égypte à la hauteur de l’île de Philé ou d’Éléphantine, et fertilise les déserts arides qu’il traverse. Ses inondations sont régulières et productives ; voir Égypte.

Il y a 720 Km de l’île d’Éléphantine au Caire, et cette vallée qu’arrose le Nil, a une largeur moyenne de 24 Km. Après le Caire, ce fleuve se divise en deux branches et forme une espèce de triangle, le Delta, qu’il couvre de ses débordements. Ce triangle, composé d’alluvions, a 288 Km de base, depuis la tour des Arabes jusqu’à Péluse, et 240 Km de la mer au Caire ; un de ses bras se jette dans la Méditerranée près de Rosette ; l’autre près de Damiette. Dans des temps plus reculés, il avait sept embouchures. La digue du Nil se coupe au Caire dans le courant de septembre, quelquefois dans les premiers jours d’octobre. « Si l’on suppose que tous les canaux qui saignent le Nil pour en porter les eaux sur les terres soient mal entretenus ou bouchés, son cours sera beaucoup plus rapide, l’inondation s’étendra moins, une plus grande masse d’eau arrivera à la mer et la culture des terres sera fort réduite. Si l’on suppose au contraire, que tous les canaux d’irrigation soient parfaitement saignés, aussi nombreux, aussi longs et profonds que possible, et dirigés par l’art de manière à arroser en tous sens une plus grande étendue de désert, on conçoit que très peu des eaux du Nil se perdent dans la mer, et que les inondations fertilisant un terrain plus vaste, la culture s’augmentera dans la même proportion. Il n’est donc aucun pays où l’administration ait plus d’influence qu’en Égypte sur l’agriculture, et par conséquent sur la population. Sous une bonne administration, le Nil gagne sur le désert ; sous une mauvaise, le désert gagne sur le Nil. En Égypte, le Nil ou le génie du bien, le désert ou le génie du mal, sont toujours en présence ; et l’on peut dire que les propriétés y consistent moins dans la possession d’un champ, que dans le droit fixé par les règlements généraux d’administration, d’avoir à telles époques de l’année et par tel canal, le bienfait de l’inondation ».

Ainsi parle du Nil et de l’Égypte le grand conquérant de notre siècle, tout ensemble profond observateur et grand écrivain. À ces extraits de ses Mémoires, nous ajouterons quelques détails sur le rôle que le Nil occupe dans l’Écriture. Il y est presque partout désigné par le mot égyptien yeôr qui signifie le fleuve, nom qui se retrouve sur l’inscription de Rosette, et qui est conservé dans les dialectes memphitiques et sahidiques (Jaro et Jero) ; le Nil était le fleuve par excellence de l’Égypte, comme le Jourdain était celui de la Palestine, et le nom de fleuve suffisait à le désigner.

Ce n’est que beaucoup plus tard que le nom égyptien ayant passé dans la langue des Hébreux comme nom commun, servit à désigner, et une seule fois (Daniel 12.5-7), un autre fleuve que le Nil, le Tigre. Le nom de Shikhor désigne évidemment aussi le Nil (Ésaïe 23.3 ; Jérémie 2.18), et probablement (Josué 13.3 ; 1 Chroniques 13.5) ; voir Shikhor. Les inondations de ce fleuve, qui s’élève de 5 à 7 m au-dessus de son niveau ordinaire, lui donnent facilement l’air d’un grand lac ou d’une mer intérieure (Ésaïe 19.5) sur laquelle les villes et les villages apparaissent comme des îles au milieu d’une contrée submergée (Amos 8.8 ; 9.3).

L’eau du Nil, comme celle du Tibre à Rome, est naturellement trouble, mais se clarifie facilement au moyen du filtrage ; elle jouit alors d’un goût agréable et sain (Jérémie 2.18), auquel il est peut-être fait allusion ; de là aussi les louanges que les Égyptiens accordaient à leur fleuve, les honneurs qu’ils lui rendaient, et les récits exagérés faits de ses différentes vertus ; il donnait la fécondité aux hommes et aux animaux. Le Nil était, comme il l’est encore, fort poissonneux (Ésaïe 19.8 ; cf. Nombres 11.5), à tel point qu’une partie de la population ne se nourrit presque que de poissons dans les mois d’avril et de mai. Des crocodiles habitent ses rives ombragées, surtout dans la Haute Égypte.

On comprend que les bienfaits des inondations du Nil aient fait considérer ce fleuve comme le bienfaiteur du pays, et lui aient mérité des païens les surnoms de bienveillant et de béni ; les prophètes aussi, parmi les maux dont ils menacent l’Égypte, n’oublient pas de compter le dessèchement de ses marais et de ses canaux (Ésaïe 19.5 ; Ézéchiel 29.10 ; 30.12). Le sept années d’abondance et les sept années de famine qui eurent lieu pendant l’administration de Joseph, ont dû se rattacher évidemment au plus ou moins grand accroissement des eaux du Nil (Genèse 41.1ss).

Nimra  

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