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Israël

Ce nom, qui signifie vainqueur de Dieu, fut d’abord donné en surnom à Jacob par Dieu lui-même, lors de la rencontre du Jabbok et de la lutte de Jacob avec l’Éternel, parce que, dit l’ange, tu as été le maître en luttant avec Dieu et avec les hommes, et tu as été le plus fort (Genèse 32.28 ; 35.10). Le nom d’Israël devint ensuite celui de la postérité bénie, et les douze tribus le portèrent en commun. Lors de la première division du royaume, après la mort de Saül, sous David et Ish-Bosheth, les onze tribus qui marchaient sous les armes de ce dernier, conservèrent le nom d’Israël, qui était celui de la nation tout entière, dont elles formaient la plus grande partie, tandis que la douzième tribu, celle de Juda, qui marchait avec David, resta tout ensemble tribu et royaume de Juda (2 Samuel 2.9-10 ; cf. 19.40). Ces deux noms de Juda et d’Israël servirent donc à désigner en quelque sorte, dans les temps de trouble, la minorité et la majorité du royaume, et après la mort de Salomon, lorsque le pays tout entier se partagea (975 av. J.-C.), les tribus de Juda et de Benjamin gardèrent le nom de royaume de Juda, tandis que les dix autres prirent le nom de royaume d’Israël, qu’elles méritaient moins que les deux premières, puisqu’elles s’éloignaient de la branche théocratique, abandonnant le roi que le Dieu d’Israël leur avait donné. Ces dix tribus sont Éphraïm, Dan, Siméon, Manassé, Issacar, Zabulon, Aser, Nephthali, Gad et Ruben, auxquelles il faut joindre la partie tributaire de Moab et les autres peuplades et terres qui avaient été conquises par Salomon. La capitale de ce royaume fut d’abord Sichem (1 Rois 12.25), puis Tirtsa (1 Rois 14.17 ; 15.21), et enfin, depuis Omri, Samarie. La puissante et toujours jalouse tribu d’Éphraïm (cf. 1 Chroniques 5.1 ; Genèse 48.17 ; Juges 8.1 ; 12.1) fut sans doute à la tête de ce mouvement de séparation ; elle se glorifiait d’avoir donné le jour à Josué, et Jéroboam, qui sépara le royaume, était Éphraïmite ; aussi le nom de royaume d’Éphraïm serait-il beaucoup plus justifié que celui de royaume d’Israël, et les auteurs sacrés l’emploient-ils quelquefois (Psaumes 78.9-67, 68 ; Osée 6.4 ; Ésaïe 11.13). Neuf révolutions successives, toujours accompagnées de leurs calamités ordinaires, amenèrent sur le trône neuf dynasties différentes qui ne comptèrent pas plus de dix-huit rois, et ne durèrent ensemble que 240 ans à peu près (975-729), ce qui donne pour chaque roi une moyenne de 13 ans, et pour chaque dynastie une moyenne de 26 ans et demi.

1ère Dynastie Jéroboam règne 22 ans
Nadab 2 ans
2e Dynastie Baësça 24 ans
Éla 2 ans
3e Dynastie Simri 7 jours
4e Dynastie Omri 22 ans
Achab 22 ans
5e Dynastie Achazia 22 ans
Joram 12 ans
Jéhu 28 ans
Joachaz 17 ans
Joas 16 ans
Jéroboam II 41 ans
Zacharie 6 mois
6e Dynastie Sallum 1 mois
7e Dynastie Manahem 10 ans
Pékachia 2 ans
8e Dynastie Pékach 20 ans
9e Dynastie Osée 9 ans
241 ans, 7 mois, 7 jours

Les années étant exprimées en nombres ronds, on ne doit pas s’étonner que dans les détails les fractions négligées amènent une différence de quelques années en plus, et le synchronisme des rois de Juda compte, pour le même espace de temps, 260 années. Sans entrer dans des discussions chronologiques qui pourraient nous mener loin sans nous mener nulle part, nous nous bornerons pour le moment aux observations suivantes :

On doit admettre que les années sont indiquées d’une manière générale, sans égard aux fractions, et le récit sacré l’indique lui-même en plusieurs endroits, comme on peut s’en convaincre par la comparaison des passages suivants (1 Rois 15.9-25 ; 15.25-33 ; 2 Rois 14.1 ; cf. 14.17 ; 13.1 ; et ailleurs).

Quelquefois un fils a commencé à régner pendant les dernières années de son père, et les années de cette association sont quelquefois attribuées à l’un et à l’autre tout ensemble, et par conséquent doublées.

Il y a eu des interrègnes qui, n’étant pas comptés dans la chronologie des rois, diminuent d’autant les années de cette époque, et doivent y être ajoutées pour les compléter ; c’est ce qu’a fait Des Vignobles dans sa chronologie de l’histoire sainte. Ajoutons encore que, lorsqu’il y a désaccord, il faut donner la préférence aux dates du royaume de Juda, parce que l’histoire de ces deux tribus est plus simple, mieux suivie, moins compliquée d’anarchie, d’interrègnes et de révolutions, et par conséquent moins sujette à erreurs.

Les suites de la scission furent, pour Israël, sa décadence comme nation, l’abaissement de sa puissance politique, l’anéantissement de son commerce et de sa prospérité intérieure, la démoralisation du peuple par les guerres intestines. Le principe de la révolution porta ses fruits, et huit usurpations successives furent autorisées par l’usurpation de Jéroboam. En religion ce fut pire encore (cf. 1 Rois 15.34 ; 16.2 ; 22.53 ; 2 Rois 3.3 ; 10.29 ; 13.2 ; 14.24 ; 15.9 ; 17.22) ; le culte du veau d’or ayant été établi par Jéroboam, et celui de Baal par la maison d’Achab, les prêtres, les lévites, et tous les hommes pieux et zélés pour le culte du vrai Dieu abandonnèrent Israël et se réfugièrent en Juda (2 Chroniques 11.13-16). Les prophètes de l’Éternel cependant ne manquèrent jamais en Israël, même dans les périodes de la plus sombre idolâtrie et des plus profondes ténèbres, et il se rencontra toujours, même à la cour des rois, quelques hommes qui ne fléchirent point le genou devant un autre que Jéhovah (1 Rois 18.4). Dans les premiers temps de son existence, Israël fut quelquefois inquiété par Juda, mais sans succès ; les entreprises des Philistins furent également passagères et n’amenèrent pas de résultat (1 Rois 16.15). Bientôt la séparation des deux royaumes fut si bien reconnue que les deux cours rivales, se regardant comme indépendantes, en vinrent à contracter des alliances, soit politiques (1 Rois 22.2 ; 2 Rois 3.7 ; 8.28), soit même domestiques (2 Rois 8.18-27). Mais Israël trouva un ennemi opiniâtre et puissant dans les rois de la Syrie de Damas, qui, à diverses reprises, passèrent les frontières (1 Rois 20.34 ; 22.3), et réduisirent Éphraïm à la dernière extrémité (2 Rois 13.7) ; cependant, sous Jéroboam II, grâce à la puissance assyrienne qui s’élevait, et qui affaiblissait ainsi par son voisinage le royaume de Syrie, les Israélites redressèrent la tête, repoussèrent vigoureusement le Syrien, s’emparèrent d’une portion de son territoire, et s’élevèrent à une hauteur de prospérité que jusqu’alors ils ne connaissaient point. Cela dura peu ; le bien-être engendra le luxe, la volupté, le relâchement ; ce furent les délices de Capoue ; les querelles de parti se renouvelèrent, une fausse politique commença à prédominer (Osée 5.13), et Israël, devenu tributaire d’Assyrie (2 Rois 15.19), vit bientôt une partie de ses habitants conduits en captivité (2 Rois 15.29 ; cf. Ésaïe 8 et 9). Dès lors il n’y eut plus rien que de précaire dans l’existence de ce pauvre pays, sa ruine parut inévitable, et la malheureuse alliance d’Osée avec le roi d’Égypte fut le dernier acte politique de ce royaume ; Israël tout entier fut déporté et mené en exil (2 Rois 18.9), environ 131 ans avant la chute du royaume de Juda. Aussitôt après avoir raconté cette catastrophe, l’historien sacré énumère les causes qui l’ont amenée et met en première ligne l’idolâtrie intellectuelle et morale de ce peuple. Les Israélites qui demeurèrent dans le pays se mêlèrent peu à peu avec les colons qui y furent envoyés d’Assyrie pour le cultiver et le défendre ; ils retournèrent cependant au culte de l’Éternel, et plusieurs d’entre eux se réunirent à Juda pour l’exercice de ce culte (2 Rois 23.15-19 ; 2 Chroniques 34.33 ; 35.19) ; voir Exil.

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