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Ruth 3
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Et Noomi, sa belle-mère, lui dit : Ma fille, ne te chercherai-je pas une position où tu sois heureuse ?

Mariage de Ruth avec Boaz, généalogie de David (chapitres 3 et 4)

Une position… Noomi sent que c’est à elle à pourvoir à l’avenir de celle qui s’est dévouée pour elle. Et pour cela elle fait usage d’une coutume établie en Israël. La loi voulait que, lorsqu’un Israélite avait vendu sa propriété (non toutefois le fonds, qui restait inaliénable, mais toute la série des récoltes qui devaient se succéder jusqu’à la prochaine année du jubilé), lui-même ou, à son défaut, l’un de ses proches parents eût en tout temps le droit de la racheter (Lévitique 25.25-27). Il est probable qu’Élimélec et Noomi avaient vendu leur propriété en partant, pour le pays de Moab. Revenue en Israël, il est naturel que Noomi cherche un proche parent qui la mette à même d’en jouir de nouveau. Mais à ce désir s’en joint un autre, celui de procurer un mari à sa belle-fille. C’est ce que la loi lui offrait aussi la possibilité et même le devoir de faire. La loi voulait qu’une veuve restée sans enfants devînt la femme du frère de son mari défunt, afin que le premiier enfant mâle naissant de cette union perpétuât la famille de celui-ci, qui sans cela se serait éteinte (Deutéronome 25.5-6). L’usage paraît avoir étendu cette prescription aux parents du défunt en général et l’avoir mise en rapport avec la loi relative aux propriétés de famille. C’est là ce qui suggère à Noomi le moyen qu’elle propose à Ruth. Nous ne savons quel était le degré de parenté qui unissait Machlon, mari de celle-ci, à Boaz. Elle ne pouvait guère ignorer qu’il existât un parent plus rapproché ; mais la bienveillance que Boaz avait témoignée à Ruth lui faisait penser que c’était lui, plutôt que l’autre, que la Providence avait choisi pour son goël ; c’est le nom hébreu donné à celui qui avait le droit de mariage ou de rachat.

2 Et maintenant Boaz, avec les servantes duquel tu as été, n’est-il pas notre parent ? Voici il vannera cette nuit les orges qui sont dans l’aire.

En Palestine les aires sont encore aujourd’hui établies en plein air. Elles consistent en une place unie affectant la forme d’un cercle de 15 mètres de diamètre environ, dont le sol a été fortement foulé et durci. Le vannage se fait le soir et jusque pendant la nuit pour profiter de l’air frais qui se lève à ce moment-là (voir Genèse 3.8) et qui emporte la balle. Pendant les semaines où l’on bat le grain, les agriculteurs ont l’habitude de dormir dans les aires pour les garder.

3 Lave-toi et oins-toi et mets sur toi tes vêtements, et descends vers l’aire. Ne te montre pas à lui jusqu’à ce qu’il ait achevé de manger et de boire.

Et descends vers l’aire. On place de préférence les aires dans les lieux les plus élevés, en sorte que l’expression dont se sert Noomi étonne. Mais, remarque M. Félix Bovet dans son Voyage en Terre Sainte, Bethléem fait exception, puisqu’ici la ville domine tout ce qui l’entoure. Soit que l’aire de Boaz fût située sur un des gradins de la montagne de Bethléem, soit qu’elle fût au sommet d’une des collines voisines, elle était en tout cas plus bas que la ville et l’expression employée est la seule qui convînt.

4 Et quand il se couchera, observe le lieu où il se couche ; puis entre et soulève la couverture de ses pieds, et te couche, et il te dira ce que tu auras à faire. 5 Et elle lui dit : Je ferai tout ce que tu me dis. 6 Et elle descendit dans l’aire et fit tout ce que sa belle-mère avait ordonné. 7 Et Boaz mangea et but, et son cœur fut joyeux, et il vint se coucher à l’extrémité du tas de gerbes, et elle vint tout doucement et découvrit ses pieds, et se coucha. 8 Et au milieu de la nuit cet homme-là eut peur et se pencha, et voici une femme était couchée à ses pieds.

Eut peur : en s’apercevant qu’il y avait quelqu’un tout près de lui.

9 Et il dit : Qui es-tu ? Elle répondit : Je suis Ruth, ta servante ; étends le pan de ton manteau sur ta servante, car tu as droit de rachat.

Étends le pan de ton manteau. Cet acte symbolique était comme une prise de possession de Ruth pour sa future épouse.

10 Et il dit : Bénie sois-tu de l’Éternel, ma fille. Cette dernière bonté que tu me témoignes est plus grande que la première, car tu n’es point allée après les jeunes gens, pauvres ou riches.

Au lieu de blâmer la démarche de Ruth, Boaz y voit l’accomplissement d’un devoir par lequel elle achève de témoigner son amour à Noomi et à la famille de Noomi, à laquelle lui-même s’était intéressé jadis (Ruth 2.20). Son premier acte de bonté avait été d’accompagner sa belle-mère en Israël, au lieu de rester dans sa patrie et d’y contracter un nouveau mariage. Le second est de préférer un homme âgé comme lui aux jeunes gens qu’elle eût facilement pu épouser, et cela, pour sauvegarder l’existence de la famille de son premier mari.

11 Et maintenant, ma fille, ne crains point ; je ferai à ton égard tout ce que tu dis, car tous les gens de l’endroit savent que tu es une femme vertueuse.

Tous les gens de l’endroit, littéralement : toute la porte de mon peuple ; dans tout l’Orient, les habitants des villes ont l’habitude de se réunir sur la place publique, qui est dans le voisinage immédiat de la porte et non pas au centre de la ville.

12 Et maintenant il est bien vrai que j’ai droit de rachat, mais il y en a un autre qui est plus proche que moi. 13 Passe ici la nuit. Et au matin, si cet homme veut user envers toi de son droit de rachat, bien ! Qu’il le fasse. Et s’il ne veut pas te racheter, je te rachèterai, moi ; l’Éternel est vivant ! Reste couchée jusqu’au matin.

Passe ici la nuit, jusqu’au matin. Avant ce moment elle n’eût pu faire sans danger le trajet qui la séparait de sa demeure et plus tard elle eût été aperçue.

14 Et elle resta couchée à ses pieds jusqu’au matin, et elle se leva avant qu’on pût se reconnaître l’un l’autre. Et Boaz dit : Qu’on ne sache pas que cette femme est venue dans l’aire. 15 Et il dit : Donne le manteau qui est sur toi, et tiens-le ; et elle le tint. Et il mesura six mesures d’orge qu’il chargea sur elle, et il vint à la ville.

Six mesures d’orge : non pas six éphas, ce qui eût été une charge beaucoup trop considérable (Ruth 2.17), mais six séas (deux éphas), ou six omers (un peu plus d’un demi-épha, ou douze litres).

16 Et Ruth revint chez sa belle-mère, et Noomi dit : Qu’as-tu fait, ma fille ? Et Ruth lui raconta tout ce que cet homme avait fait à son égard.

Qu’as-tu fait ? Littéralement : Qui toi ? En quelle qualité reviens-tu ?

17 Et elle dit : Il m’a donné ces six mesures d’orge, car il m’a dit : Tu ne retourneras point à vide auprès de ta belle-mère. 18 Et Noomi dit : Reste ici, ma fille, jusqu’à ce que tu saches comment la chose tournera, car cet homme ne se donnera point de repos qu’il n’ait terminé cette affaire aujourd’hui.

Ne se donnera point de repos. Elle n’ignore pas qu’il faut une tractation juridique pour constater le droit de Boaz.