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Psaumes 6
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Psaumes 6

Prière et délivrance d’une âme troublée

Ce psaume est le premier de ceux que l’ancienne Église a appelés Psalmi pœnitentæ, psaumes de repentance, voir l’introduction.

C’est en effet le sentiment douloureux de la condamnation divine qui domine dans le psaume 6, bien que le mot même de péché ne s’y trouve pas. L’auteur n’est pas seulement entouré d’ennemis (versets 8 et 11), mais il se sent sous le poids de la colère de Dieu. Dans les psaumes 3 et 4 nous le voyons, quoique dans la position la plus désespérée, à vues humaines, rempli de confiance et même de joie, parce que l’Éternel est avec lui. Maintenant Dieu se tient éloigné et le sentiment poignant de cet abandon accable son âme, au point qu’il en oublie toute autre chose. Même les persécuteurs disparaissent à l’arrière-plan. Ils ne sont mentionnés qu’au moment où l’assurance de l’exaucement fait rentrer la paix dans l’âme du psalmiste.

L’extraordinaire sensibilité qui se révèle dans ce cantique n’est point, ainsi qu’on l’a prétendu, hors de place dans la vie d’un guerrier tel que David. Elle est confirmée par divers traits de l’histoire du roi-prophète (2 Samuel 1.12 ; 2 Samuel 3.32 ; 2 Samuel 12.16-19, etc.). C’est d’ailleurs un signe d’endurcissement et non de force que de rester insensible sous le poids de la colère divine. Un plus grand que David n’a pas connu de douleur plus intense que de se sentir abandonné de Dieu (Matthieu 26.46). Ce rapprochement nous amène à constater ce fait, qui nous frappera partout dans l’étude des psaumes, d’un écrit qui n’a rien de directement prophétique et dont pourtant telle parole se trouve non seulement citée, mais réalisée pleinement dans la vie du Sauveur (voir versets 4 et 9, notes).

Le psaume comprend trois strophes. Après un cri de détresse (versets 2 à 4), le psalmiste, dans la strophe centrale, expose à Dieu l’état misérable où l’a plongé sa douleur (versets 5 à 8) ; puis, assuré de l’exaucement, il reprend courage (versets 9 à 11).

1 Au maître chantre. Avec instruments à cordes. Sur l’octave. Psaume de David.

Sur l’octave, hébreu : al hascheminith. Dans le passage 1 Chroniques 15.21, ce terme est opposé à celui de al alamoth, qui désigne des voix de jeunes filles ou de soprano. L’octave signifie donc vraisemblablement : voix de basse. Un ton bas convient à un psaume de repentance, tel qu’est celui-ci, de même qu’au Psaume 12, qui porte la même indication musicale. Le Psaume 46, où nous trouvons al alamoth, exprime au contraire l’allégresse.

2 Éternel, ne me reprends pas dans ta colère
Et ne me châtie pas dans ton courroux !

Extrême détresse (2-4)

Le mot Éternel, répété quatre fois, fait de cette strophe un cri d’appel.

Dans ta colère. Comparez Psaumes 38.1. On a pensé que le psalmiste établit une différence entre le châtiment qui procède de la colère et celui qui procède de l’amour. C’est ainsi que Jérémie demande : Châtie-moi, mais selon le droit et non dans ta colère (Jérémie 10.24). Cette distinction, juste en elle-même, ne nous semble pas être dans la pensée de notre psaume. L’auteur succombe sous le poids de la colère de Dieu et sent que, si elle déploie ses effets, il est perdu.

3 Fais-moi grâce, ô Éternel ! Car je suis défaillant ;
Guéris-moi, Éternel ! Car mes os sont tremblants.

Défaillant. La détresse morale est telle que le corps en est malade.

4 Mon âme aussi est toute tremblante ;
Et toi, Éternel ! Jusques à quand ?…

Tremblante. Les Septante ont traduit : Mon âme est troublée, Jésus s’est appliqué cette parole dans une occasion qui préludait à la scène de Gethsémané, et, dans cette dernière circonstance, le bouleversement de tout son être a bien été celui que décrit ici le psalmiste.

Jusques à quand… ? Aucun terme ne saurait être plus expressif que cette interruption dans la phrase.

5 Reviens, Éternel, délivre mon âme ;
Sauve-moi, à cause de ta grâce ;

Ce qui motive la demande en grâce du coupable (5-8)

À cause de ta grâce. L’affligé ne fait valoir aucun mérite ; il ne trouve d’autre terrain solide que celui de la grâce divine.

6 Car il n’est plus fait mention de toi dans la mort :
Qui te louera dans le séjour des morts ?

Le séjour des morts. Le Schéol des Hébreux (Hadès des Grecs) est dépeint comme un lieu souterrain, où règnent d’épaisses ténèbres et le plus profond silence. Les morts y sont incapables d’agir et privés de relations conscientes avec Dieu. Ce n’est pas l’anéantissement, mais ce n’est pas la vie (Ésaïe 5.14 ; Ésaïe 14.9-10 ; Psaumes 63.10 ; Psaumes 115.17, etc.). L’ancienne alliance, dominée par la condamnation prononcée sur le péché, ne pouvait offrir aux croyants les certitudes que nous a apportées la résurrection de Jésus-Christ. Il était d’ailleurs dans la nature de la révélation israélite de porter l’espérance des croyants vers les temps futurs du règne messianique ici-bas, plutôt que vers le monde invisible et éternel. Nous verrons cependant dans d’autres psaumes (16, 17, 49), sans parler des déclarations d’Ésaïe et de Daniel, que, pour le croyant, des lueurs traversent la nuit du Schéol et que même l’espoir d’une rédemption se fait jour. Notre psaume, ainsi que d’autres où domine la même note triste, se place au point de vue régnant dix siècles avant la venue du Sauveur. Saisi de la certitude que les morts sont hors d’état de louer l’Éternel, le psalmiste s’en sert comme d’un motif pour demander que Dieu ne le fasse pas mourir avant le temps : touchante manifestation de sa piété, qui lui a enseigné que la vie n’a de valeur qu’en ce qu’elle offre la possibilité de glorifier Dieu. Bien que la mort ait été transformée par l’œuvre de Christ, le fidèle a néanmoins à s’approprier en quelque mesure la déclaration du psalmiste. C’est ici-bas que s’accomplit le travail pour le bien et que se livre le combat contre le mal, qui doit aboutir à l’état de choses parfait. Le héros de Dieu préfère le champ de bataille au repos auquel la mort le condamnerait. Le Seigneur lui-même a parlé des douze heures du jour dont il faut profiter (Jean 11.9).

7 Je m’épuise à gémir ; je baigne chaque nuit ma couche de pleurs,
J’arrose mon lit de larmes ;

La douleur du psalmiste a une grande analogie avec celle d’Ézéchias, qui, dans sa maladie, verse beaucoup de larmes et parle de la mort dans les mêmes termes (Ésaïe 38.2-20).

8 Mon œil s’éteint dans le chagrin,
Il vieillit, à cause de mes persécuteurs. 9 Retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d’iniquité !
Car l’Éternel a entendu la voix de mes pleurs,

Assurance du relèvement (9-11)

Le ton change soudain, jusqu’à devenir triomphant. C’est que l’Éternel a entendu. Tout est là, pour celui qui ne peut supporter d’être séparé de Dieu.

Retirez-vous, ouvriers d’iniquité. C’est ainsi que le Seigneur parlera à ses ennemis (Matthieu 7.23).

À remarquer la répétition de a entendu (deux fois) et de l’Éternel (trois fois).

10 L’Éternel a entendu ma supplication ;
L’Éternel accueillera ma prière. 11 Tous mes ennemis seront confus et tremblants d’épouvante ;
Ils reculeront, saisis soudain de confusion.

Tremblants : même terme que verset 4. L’épouvante momentanée du fidèle devient pour toujours le partage de ses adversaires. Ils reculeront parce que l’Éternel est revenu. Le même verbe hébreu est employé pour le retour de l’Éternel (verset 5) et le recul des ennemis (verset 11).