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Lévitique 10
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Lévitique 10

Faute et châtiment des fils d’Aaron

L’événement raconté dans ce chapitre doit, d’après les versets 12 et 16, avoir eu lieu le jour même où Aaron et ses fils venaient d’entrer dans leur charge.

Si l’Éternel avait donné, par la manifestation racontée dans les derniers versets du chapitre précédent, une sanction positive et éclatante au culte inauguré en ce jour, il en donne ici une d’un autre genre, par le châtiment dont il frappe ceux qui se permettent de porter atteinte à ces institutions cérémoniales. Le même feu qui a consacré l’autel, consume ceux qui ont manqué de respect envers l’autel et le sanctuaire.

Il est fait allusion à cet événement Lévitique 16.1 ; Nombres 3.4 ; Nombres 26.61

1 Et les fils d’Aaron, Nadab et Abihu, prirent chacun son encensoir, y mirent du feu, posèrent du parfum dessus, et offrirent devant l’Éternel un feu étranger ; ce qu’il ne leur avait point commandé.

Le péché des fils d’Aaron (1-5)

Nadab et Abihu, les deux fils aînés d’Aaron, avaient eu l’honneur d’accompagner leur père et leur oncle au sommet du Sinaï (Exode 24.1). Cette distinction les avait-elle peut-être enflés d’orgueil ?

Chacun son encensoir. S’il avait été parlé précédemment d’un encensoir particulier existant dans le sanctuaire et consacré pour l’offrande du parfum, on pourrait penser que le péché des fils d’Aaron avait commencé par l’emploi qu’ils auraient fait d’encensoirs non consacrés. Mais il a été parlé de brasiers en général (Exode 27.3, 38.3) et non d’un seul ; comparez Nombres 16.17 ; Nombres 16.18. Il semble donc plutôt que leur première faute fût d’entrer à deux dans le Lieu saint pour offrir ensemble (chacun ayant un encensoir) le parfum, ce dont Dieu n’avait jamais parlé. Était-ce à l’heure du parfum de l’après-midi ou bien à une autre heure arbitrairement choisie par eux ? Dans ce second cas, il y aurait une irrégularité de plus. En faveur de ce sens parle Lévitique 16.2 (en tout temps).

Y mirent du feu : un feu quelconque et non celui que l’Éternel avait consacré le matin même (Lévitique 9.24).

Devant l’Éternel : en entrant du parvis dans le Lieu saint et se dirigeant vers l’autel d’or.

Un feu étranger : expression analogue à celle d’encens étranger (autre que l’encens rituellement confectionné, Exode 30.9) : un feu autre que celui qui doit seul entrer dans le sanctuaire (Lévitique 16.12 ; Nombres 16.46).

Ce qu’il ne leur avait point commandé. Aucune défense expresse n’ayant encore été faite à l’égard du feu, ces mots ne doivent pas être pris comme une litote destinée à exprimer l’indignation. Il faut les rapporter à tout l’ensemble de la conduite des fils d’Aaron : entrer dans le sanctuaire à deux, de leur propre chef et avec un feu non consacré.

2 Et un feu sortit de devant l’Éternel et les dévora, et ils moururent devant l’Éternel.

De devant l’Éternel : sans doute de l’autel d’or dont ils s’approchaient.

Moururent devant l’Éternel : pas nécessairement dans le Lieu saint, que Dieu n’aurait pas profané par des cadavres, mais dans le parvis (Lévitique 1.5), où ils furent foudroyés en reculant épouvantés. Comparez les châtiments semblables Nombres 11.1 ; Nombres 16.35 ; 2 Rois 1.10. Celui d’Ananias et de Saphira (Actes 5) a quelque analogie avec ces faits. Notre Dieu aussi (celui de la nouvelle alliance) est un feu consumant (Hébreux 12.29).

Qu’est-ce qui a pu pousser les fils d’Aaron à agir de la sorte ? Peut-être étaient-ils exaltés par les cérémonies de ce jour, dans lesquelles ils avaient joué un rôle considérable aux yeux de tout Israël. La défense qui suit immédiatement (verset 8) : Ne bois ni vin, ni cervoise, ni toi, ni tes fils, quand vous entrerez dans la Tente d’assignation, de peur que vous ne mouriez, fait penser aussi à une autre cause : les deux jeunes gens s’étaient sans doute laissés aller à l’intempérance et c’était sans bien savoir ce qu’ils faisaient qu’ils avaient commis cet acte d’outrecuidance et de légèreté.

3 Et Moïse dit à Aaron : C’est ce dont l’Éternel a parlé en disant : Je serai sanctifié en ceux qui s’approchent de moi, et je serai glorifié en présence de tout le peuple. Et Aaron se tut.

Et Moïse dit. Il se hâte de prévenir le murmure qui allait s’élever du cœur et des lèvres d’Aaron, de peur qu’un nouveau péché et un nouveau châtiment ne viennent troubler ce jour.

Je serai sanctifié. Quand Dieu s’est choisi des serviteurs particuliers, sa sainteté doit infailliblement être manifestée en eux, soit par leurs actes, s’ils le servent fidèlement, soit par un châtiment éclatant, s’ils déshonorent la charge dont ils ont été revêtus.

Ceux qui s’approchent de moi : les sacrificateurs, à qui seul ce droit a été donné afin qu’ils servent d’intermédiaires entre le peuple et Dieu. La parole rappelée en ces mots : C’est ce dont l’Éternel a parlé, est sans doute Exode 19.22.

Aaron, se tut. Il comprend que le moindre mot de regret serait déplacé en face d’un fait dans lequel la main de Dieu s’est si évidemment montrée (Je n’ai point ouvert la bouche, parce que c’est toi qui l’as fait. Psaumes 39.9). Ce silence est d’autant plus frappant que chez les orientaux les manifestations de la douleur à l’occasion d’un deuil sont plus bruyantes.

Misaël et Eltsaphan, fils d’Uzziel. Uzziel était le frère cadet d’Amram, père d’Aaron et ses deux fils étaient sans doute les plus jeunes d’entre les cousins germains de celui-ci ; c’est comme tels qu’ils sont appelés à ensevelir les corps (verset 5). Comparez Actes 5.6 et 10, où les jeunes gens de l’Église sont chargés d’un office semblable. Comme Lévites, ils avaient le droit d’entrer dans le parvis.

Hors du camp. Les Juifs n’enterrent que hors des endroits habités.

4 Et Moïse appela Misaël et Eltsaphan, fils d’Uzziel, oncle d’Aaron, et leur dit : Approchez-vous, emportez vos frères de devant le sanctuaire, hors du camp. 5 Et ils s’approchèrent et les emportèrent dans leurs tuniques hors du camp, comme Moïse l’avait dit.

Dans leurs tuniques : les tuniques sacerdotales des deux coupables, qui avaient été souillées par l’attouchement de leurs cadavres et ne devaient pas être transmises à d’autres.

6 Et Moïse dit à Aaron et à Éléazar et à Ithamar, ses fils : Ne décoiffez pas vos têtes et ne déchirez point vos vêtements, de peur que vous ne mouriez et qu’Il ne s’irrite contre toute l’assemblée. Vos frères, toute la maison d’Israël, pleureront sur l’embrasement que l’Éternel a fait.

Défense aux sacrificateurs de mener deuil (6-7)

La défense faite au grand sacrificateur, Lévitique 21.10, est appliquée ici à tous les sacrificateurs en raison des circonstances qui avaient amené ce deuil.

Ne décoiffez pas vos têtes. Laisser flotter ses cheveux en désordre est un signe de deuil (comparez Ézéchiel 24.17-23).

Ne déchirez pas vos vêtements : déchirer ses vêtements est également une marque de deuil chez les Juifs ; voir Genèse 37.34 ; Genèse 44.13.

Toute l’assemblée. Si les sacrificateurs se rendaient coupables, le peuple entier participerait à leur faute et à leur châtiment.

Vos frères pleureront. Le deuil du peuple n’aura rien qui ressemble à une révolte personnelle ; ce sera une douleur purement nationale.

7 Et ne sortez pas de l’entrée de la Tente d’assignation, de peur que vous ne mouriez ; car l’huile de l’onction de l’Éternel est sur vous. Et ils firent selon la parole de Moïse.

Cette défense implique pour les sacrificateurs celle d’accompagner leurs morts au sépulcre.

L’huile, qui représente l’esprit de vie et dont ils ont été oints, ne leur permet pas d’avoir rien à faire avec la mort. Cette parole rappelle celle de Jésus : Laisse les morts ensevelir leurs morts.

8 Puis l’Éternel parla à Aaron en disant :

Défense à Aaron et à ses fils de boire du vin quand ils sont en fonctions (8-11)

Nous avons déjà parlé de la relation qui doit exister entre cette défense et le cas des deux fils d’Aaron, comparez Ézéchiel 44.21, où la même recommandation est associée aux prescriptions relatives aux deuils.

À Aaron. L’Éternel lui parle cette fois directement et non par l’intermédiaire de Moïse ; sans doute à cause du caractère personnel de cette défense.

9 Ne bois ni vin ni cervoise, toi non plus que tes fils, quand vous entrerez dans la Tente d’assignation, afin que vous ne mouriez pas, c’est une loi perpétuelle de génération en génération,

Ne bois ni vin… En temps ordinaire il n’était pas défendu aux sacrificateurs de boire du vin. Aussi Dieu ajoute : quand vous entrerez ; c’est-à-dire quand vous aurez à entrer.

Cervoise : toute boisson fermentée, fabriquée avec grain, orge, millet, pommes, dattes, etc.

Afin que vous ne mouriez pas. Ces mots prennent toute leur valeur, après ce qui vient de se passer pour Nadab et Abihu.

10 et [aussi] afin que vous puissiez discerner entre ce qui est saint et ce qui est profane, entre ce qui est souillé et ce qui est pur,

Deux motifs nouveaux sont ajoutés au précédent. Le sacrificateur doit toujours posséder la lucidité nécessaire pour savoir appliquer les prescriptions légales relatives aux domaines du saint et du profane, de ce qui est souillé et de ce qui est pur, et cela, non seulement pour se diriger lui-même, mais pour donner au peuple des directions pratiques dans les cas difficiles.

Saint : mis à part pour un usage sacré ; profane : laissé, à la disposition de chacun.

Souillé ou pur : atteint ou exempt des impuretés qui vont être indiquées dans les chapitres 11 à 15.

11 et enseigner aux fils d’Israël toutes les ordonnances que l’Éternel leur a données par Moïse. 12 Et Moïse dit à Aaron et à Éléazar et à Ithamar, ses fils, qui lui restaient : Prenez l’oblation restant des sacrifices faits par le feu à l’Éternel et mangez-la en pains sans levain à côté de l’autel, car c’est une chose très sainte.

Instruction sur la part des sacrificateurs dans les oblations et les victimes (12-15)

Pour éviter de nouveaux malheurs. Moïse rappelle à Aaron et à ses deux fils, à l’occasion des divers sacrifices qui ont eu lieu ce premier jour et du repas qui doit les clore, ce qu’il avait prescrit précédemment relativement à la portion des oblations qui leur revient.

13 Vous la mangerez dans un lieu saint, car c’est ta part et celle, de tes fils sur les sacrifices faits par le feu à l’Éternel ; car tel est l’ordre que j’ai reçu.

Vous la mangerez dans un lieu saint : près de l’autel (verset 12). Dans un tel voisinage, les abus n’étaient guère possibles.

14 Quant à la poitrine qui aura été balancée et à la cuisse qui aura été prélevée, vous les mangerez en lieu pur, toi, tes fils et tes filles avec toi ; car elles vous sont données comme ta part et la part de tes fils sur les sacrifices d’actions de grâces des fils d’Israël.

La poitrine balancée… la cuisse prélevée. Ces deux pièces provenaient du sacrifice d’actions de grâces, Lévitique 9.18-21. Le singulier n’empêche pas qu’il n’y eût plusieurs pièces de la même sorte.

Et tes filles avec toi. La famille tout entière des sacrificateurs peut participer au repas.

15 On joindra avec les graisses destinées à être consumées par le feu la cuisse prélevée et la poitrine que l’on offre en la balançant, afin qu’elles soient balancées devant l’Éternel ; et cela t’appartiendra ainsi qu’à tes fils par une ordonnance perpétuelle, comme l’Éternel l’a commandé.

On joindra … la cuisse… Cette cuisse et cette poitrine, après avoir été offertes à l’autel avec les graisses, puis balancées, doivent revenir aux sacrificateurs (Lévitique 7.29).

16 Et Moïse s’enquit de ce qu’était devenu le bouc du sacrifice pour le péché ; et il se trouva qu’on l’avait brûlé. Alors il s’irrita contre Éléazar et Ithamar, les fils survivants d’Aaron, et leur dit :

Question difficile au sujet de la chair de la victime offerte dans le sacrifice pour le péché (16-20)

Versets 16 à 18

Le matin, un bouc avait été immolé comme victime pour le péché du peuple (Lévitique 9.3 et 15). D’après l’ordonnance concernant cet acte (Lévitique 4.6-7 ; Lévitique 4.17-18), le sang devait être porté dans le Lieu saint et il devait en être fait aspersion sur l’autel d’or (tandis que, dans les sacrifices pour le péché offerts pour un simple particulier il suffisait de l’aspersion du sang sur l’autel d’airain, dans le parvis ; Lévitique 4.25 et 30), Mais la chose n’avait pas eu lieu ce jour-là de cette manière (voir le mot Lévitique 9.8-11, note). Il résultait de là une difficulté. L’ordonnance était que lorsque le sang avait été porté dans le Lieu saint, la chair devait être immédiatement brûlée pour être soustraite à toute profanation mais que s’il n’avait été répandu que sur l’autel d’airain, comme dans les cas des sacrifices pour de simples particuliers, la chair devait être mangée par les sacrificateurs. Moïse s’irrite contre les deux fils d’Aaron, parce qu’il estime que, le sang n’ayant pas été porté cette fois dans le sanctuaire, la chair devrait être mangé par les sacrificateurs, bien qu’il s’agisse d’un sacrifice offert en faveur du peuple. Il craint qu’une nouvelle violation n’amène une nouvelle plaie.

17 Pourquoi n’avez-vous pas mangé le sacrifice pour le péché dans le saint lieu ? Car c’est une chose très sainte, et cela vous a été donné, afin que vous portiez l’iniquité de l’assemblée, pour que vous fassiez propitiation pour eux devant l’Éternel. 18 Voici, quand le sang de la victime n’a pas été porté dans l’intérieur du sanctuaire, vous ne devez pas manquer de la manger dans le saint lieu, comme je l’ai commandé. 19 Et Aaron dit à Moïse : Voici, aujourd’hui ils ont offert leur sacrifice pour le péché et leur holocauste devant l’Éternel ; et voilà ce qui m’est arrivé, et j’aurais mangé aujourd’hui le sacrifice pour le péché ! Est-ce que l’Éternel l’aurait approuvé ?

Aaron reconnaît humblement ce qu’ il y a de fondé dans l’observation de Moïse Mais il en appelle à la circonstance poignante qui avait troublé la solennité de ce jour.

Voici, ils ont offert… C’est de ses fils, y compris les deux qui viennent de périr, qu’il veut parler. La chair des victimes offertes pour leur péché était réunie à celle des victimes offertes pour le péché du peuple. Or, Aaron et ses fils survivants ne pouvaient manger des viandes qui provenaient du sacrifice offert pour leur propre péché et ensuite ils ne pouvaient manger non plus de celles provenant du sacrifice pour le péché du peuple, dont ils faisaient eux-mêmes partie.

20 Et Moïse entendit cela et l’approuva.

Moïse se rend à ces raisons si légitimes. Il y a des cas où une loi supérieure intervient et force à violer la lettre du Code pour rester fidèle à une moralité d’une autre nature. Est-ce peut-être pour inculquer cette grande leçon à ceux qui doivent veiller à l’observation des statuts légaux, que ce fait remarquable a été conservé dans le récit sacré ? En tout cas il ne peut avoir été inventé dans un temps comme celui d’Esdras, où se consolidait définitivement l’esclavage de la lettre et où nul ne pouvait songer à créer un conflit d’opinions entre deux personnages tels qu’Aaron et Moïse. Il porte en lui-même le sceau de son authenticité et doit avoir été conservé dès l’origine par tradition ou par écrit.