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Lamentations 4
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Lamentations 4

Quatrième élégie, les derniers jours du siège

Le prophète se transporte par le souvenir aux derniers jours du siège ; il en décrit en détail les horreurs. Les onze premiers versets dépeignent d’abord les souffrances de la population en général, puis plus particulièrement celles des familles nobles.

1 Comment l’or s’est-il terni, L’or pur s’est-il altéré ? Comment les pierres sacrées ont-elles été semées Au coin de toutes les rues ?

Comment… Comparez la même forme Lamentations 1.1 et Lamentations 2.1. Le prophète éprouve un étonnement toujours nouveau en contemplant la catastrophe sous ses différents aspects.

L’or, l’or pur : emblème du peuple choisi de Dieu ; l’or, le peuple dans sa totalité ; l’or pur, son élite, les classes élevées (versets 2 et 7).

Les pierres sacrées : Israël est appelée un peuple de rois, le joyau de l’Éternel (Exode 19.5-6). Et c’est ce peuple, destiné à être le sanctuaire vivant de l’Éternel, dont les cadavres ont été gisants au coin de toutes les rues de sa capitale !

2 Les nobles fils de Sion, Evalués au poids de l’or fin, Comment ont-ils été comptés pour des vases de terre, Ouvrage de mains de potier ?

Les nobles fils de Sion : tous les membres de ce noble peuple.

3 Même les chacals présentent la mamelle à leurs petits et les allaitent, La fille de mon peuple est devenue cruelle Comme les autruches dans le désert.

Le prophète commence par les petits enfants (versets 3 à 5).

Les chacals : comparez Ésaïe 13.22 et Job 30.29, où l’animal ici désigné est joint à l’autruche comme un animal du désert.

L’autruche passe en Orient pour un animal dénaturé à l’égard de ses petits. Comparez Job 39.17-19. Elle dépose ses œufs dans le sable du désert sans les enfouir profondément et les abandonne par moments, de sorte qu’on trouve souvent de ces œufs brisés ou pourris.

4 La langue du nourrisson, dans sa soif, S’attache à son palais. Les enfants demandent du pain ; Personne ne leur en distribue.

C’est ici l’explication du verset précédent. Les parents affamés mangent eux-mêmes les quelques aliments dont ils pourraient nourrir leurs enfants.

5 Ceux qui mangeaient des mets délicats, Meurent de faim dans les rues ; Ceux qu’on portait sur la pourpre, Se couchent dans le fumier.

Les enfants d’un âge plus avancé et appartenant aux classes riches.

Se couchent dans : littéralement : embrassent le fumier.

6 L’iniquité de la fille de mon peuple À été plus grande que le péché de Sodome, Qui fut renversée en un instant, Sans qu’aucune main se fût levée contre elle.

Ce verset partage en deux parties égales le tableau général des souffrances du siège (versets 1 à 11). C’est une réflexion sur l’énormité du péché d’Israël démontre par le fait que son châtiment a surpassé en sévérité celui de Sodome elle-même.

Plus grande que. Le châtiment de Sodome, ayant été directement l’œuvre de Dieu, a été court et soudain, par conséquent accompagné de moins de souffrances que le long siège de Jérusalem.

7 Les nobles surpassaient en éclat la neige, En blancheur le lait ; Leur corps était plus vermeil que le corail ; Leur figure était un saphir.

La description recommence. L’auteur retrace maintenant les souffrances des grands.

La blancheur et le vermeil pour désigner la force et la santé.

Le saphir taillé avec soin représente la finesse des traits ; selon d’autres, l’élégance de la taille.

8 Leur aspect est plus sombre que le noir même ; On ne les reconnaît plus dans les rues ; Leur peau est attachée à leurs os, Elle est sèche comme du bois.

Le contraste résultant de la famine ; noir répondant à blanc et vermeil, bois à saphir.

9 Heureux ont été ceux que l’épée a tués, Plus que ceux qu’a tués la faim ; Car eux, les transpercés, Ils avaient en abondance les produits des champs.

Le poète déclare ceux qui ont péri sur le champ de bataille, pendant qu’il y avait encore des vivres, plus heureux que ceux qui ont eu à subir les horreurs de la famine. La seconde partie du verset est appliquée par plusieurs a ceux qui ont péri par la famine, en expliquant ainsi : Plus que ceux qu’a tués la faim et qui ont défailli transpercés non par l’épée, mais par la disette.

10 Des femmes compatissantes ont de leurs mains Fait cuire leurs enfants ; Ils leur ont servi d’aliment Dans le désastre de la fille de mon peuple.

Comparez Lamentations 2.20, note.

11 L’Éternel a épuisé sa fureur ; Il a répandu l’ardeur de sa colère
Et allumé en Sion un feu Qui en a dévoré les fondements.

Réflexion générale analogue à celle du verset 6. Le péché a été si énorme que cette fois-ci l’Éternel n’a plus frappé à demi, comme auparavant.

12 Ils ne croyaient pas, les rois de la terre, Ni aucun des habitants du monde, Que l’adversaire, l’ennemi entrerait Dans les portes de Jérusalem.

Ici commence la seconde partie de l’élégie. Les principaux coupables, sur lesquels repose surtout la responsabilité de cette catastrophe, ont été les sacrificateurs et les prophètes.

Depuis que Jérusalem avait été fortifiée par les soins d’Ozias, de Jotham et de Manassé (2 Chroniques 26.9 ; 2 Chroniques 27.3 ; 2 Chroniques 33.14), elle passait pour imprenable. Nébucadnetsar, avec toute sa puissance, dut employer dix-huit mois à en faire le siège. Peut-être la destruction miraculeuse de l’armée de Sanchérib avait-elle augmenté ce prestige.

13 C’est à cause des péchés de ses prophètes, Des iniquités de ses sacrificateurs, Qui répandaient au milieu d’elle Le sang des justes.

Les sacrificateurs et les faux prophètes ont rendu possible ce qui semblait incroyable ! Comparez Jérémie 6.13-15 ; Jérémie 23.9 et suivants, etc., où le prophète leur reproche la rapine, l’adultère, le meurtre jusque dans la maison de l’Éternel. C’était chez eux aussi que la vérité divine, proclamée par les vrais prophètes, trouvait les adversaires les plus acharnés (Jérémie 26.7 et suivants).

14 Ils erraient comme des aveugles dans les rues, Souillés de sang ;
De sorte qu’on ne pouvait Toucher leurs vêtements.

Tableau de l’horreur et du mépris général qu’inspiraient dans les derniers temps ces deux classes de personnes (14-15)

Ils erraient… État d’hommes torturés par leur conscience, maudits par leurs concitoyens et rejetés de Dieu.

On agissait à leur égard, quand on les rencontrait dans les rues, comme on agit à l’égard des lépreux ; comparez l’ordre Lévitique 13.45, d’après lequel le lépreux lui-même devait crier à ceux qu’il rencontrait : Thamé, impur ! afin qu’ils se détournassent. Ainsi, en voyant un de ces sacrificateurs s’avancer, les passants se criaient mutuellement : Écartez-vous ! Voilà un impur !

Leur criait-on : c’était à eux que s’adressait cette épithète, lors même que l’avertissement était donné aux passants. Ce détail frappant des derniers jours de la vie israélite, ne nous a été conservé que dans ce passage.

Quand ils fuyaient. Ce n’était pas pour leurs compatriotes seulement qu’ils étaient un objet d’horreur ; les peuples voisins d’entre les Gentils ne pouvaient souffrir de les voir se fixer parmi eux et leur refusaient, comme à des lépreux, l’asile qu’ils allaient leur demander. Il s’agit ici soit de sacrificateurs et de prophètes qui s’étaient sauvés pendant le siège, soit de faits qui s’étaient passés après la prise de la ville. Comparez Deutéronome 28.65.

15 Ecartez-vous ! Un impur ! leur criait-on : Ecartez-vous ; écartez-vous ! Ne le touchez pas ! Quand ils fuyaient, ils erraient çà et là,
Et l’on disait parmi les Gentils : Qu’ils ne demeurent plus ici ! 16 La face de l’Éternel les a dispersés, Il ne les regarde plus ; On n’a pas respecté les sacrificateurs ; On n’a pas fait grâce aux vieillards.

La face, ici pour : le regard irrité ; Lévitique 17.10.

On n’a pas respecté : littéralement : considéré la face des sacrificateurs ; tenu compte de leur dignité et de leur âge. On les égorge ni plus ni moins que les autres.

17 Et nous, nos yeux se consumaient encore Après un vain secours ; Du haut de nos tours nous regardions attentivement Vers une nation qui ne délivrait point !

Malgré toutes ces abominations qui rendaient inévitable le châtiment de Jérusalem, les Israélites pieux eux-mêmes ne pouvaient s’empêcher de compter encore sur un secours que Dieu leur enverrait ; ils regardaient surtout du côté de l’Égypte ; comparez Jérémie 37.5.

Ce verset divise en deux parties la description des misères du siège ; elle reprend au verset 18. Nous arrivons maintenant aux dernières péripéties du drame. Et d’abord la surveillance active des ennemis (verset 18) ; puis la rapidité de leur poursuite (verset 19) ; enfin la prise du roi, le dernier espoir d’Israël (verset 20).

18 Ils épiaient nos pas, Nous empêchant de marcher dans nos places ; Notre fin approche ; nos jours sont accomplis ; Oui, notre fin est venue !

Les terrasses de siège construites par les Chaldéens se sont maintenant avancées assez près de la ville pour dominer les rues et les places. De là l’ennemi épie ceux qui se hasardent hors de leurs maisons pour leur lancer des flèches ou des pierres et pour surveiller toute tentative de fuite ou de sortie.

Notre fin approche… langage des assiégés dans cette extrémité ; ils se résignent à la mort.

19 Ceux qui nous poursuivaient Ont été plus légers que les aigles du ciel ; Ils nous ont pourchassés sur les montagnes ; Ils nous dressent des embûches dans le désert.

Allusion à des faits tels que celui de la fuite de Sédécias atteint et saisi par les cavaliers chaldéens ; Jérémie 39.5 et suivants.

Les expressions : les montagnes, le désert, rappellent les lieux où Sédécias a été pris. Le chemin de Jéricho traverse d’abord des montagnes, puis la plaine.

20 Le souffle de nos narines, l’oint de l’Éternel, À été pris dans leurs fosses, Lui dont nous disions : Nous vivrons sous son ombre au milieu des Gentils !

Le souffle de nos narines : le roi ; figure orientale très énergique, pour dire que l’existence de la nation était liée à la royauté issue de David, qui venait de périr par la prise de Sédécias.

Les fosses : image empruntée à la chasse.

Au milieu des Gentils : comme une nation indépendante parmi les autres peuples de la terre.

21 Égaie-toi et réjouis-toi, fille d’Édom, Qui habites au pays de Uts ! À toi aussi passera la coupe ; Tu n’enivreras et tu te mettras à nu.

Invitation ironique à Édom, de célébrer la destruction de Juda, son rival. Édom : le plus acharné d’entre les voisins d’Israël, le frère ennemi ; comparez Jérémie 49.7 et suivants et tout le livre du prophète Abdias. Psaumes 137.7 montre quelle part active ce peuple avait prise à la destruction et au pillage de Jérusalem.

Le pays de Uts : patrie de Job ; ce pays doit avoir été situé à l’extrémité du pays d’Édom, du côté du désert, vers l’orient ; comparez Jérémie 25.20.

À toi aussi : allusion directe à Jérémie 25.17 et suivants. Maintenant l’ironie cesse : que l’ennemi triomphe aujourd’hui ; le jugement fondra un jour sur lui, tandis qu’Israël, abattu à cette heure, se relèvera de ses ruines (verset 22).

Édom ne pourra refuser de boire la coupe de la colère divine ; alors il sera couvert d’une ignominie telle que celle d’un homme qui dans son ivresse découvre lui-même sa nudité.

22 Ton iniquité a pris fin, fille de Sion ; Il ne t’enverra plus en captivité. Il visite ton iniquité, fille d’Édom ; Il met à découvert tes péchés.

À pris fin : littéralement est accomplie. La faute nationale de Juda est complètement expiée par le grand châtiment qui vient de le frapper. Il n’a donc plus rien à craindre de ce chef ; ce qui ne veut pas dire que de nouvelles fautes ne puissent amener sur lui de nouveaux châtiments.

Les derniers mots décrivent le sort contraire réservé à Édom. Au moment où Dieu couvre (pardonne) le péché d’Israël, il découvre (met au grand jour) celui d’Édom, en le punissant d’une ruine éternelle. Édom n’existe plus à cette heure ; mais Israël est encore là, attendant le salut final.

C’est par l’expression prophétique de ce contraste, qui témoigne de l’espérance messianique la plus vivace, que se termine le quatrième chant.