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Juges 19
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Juges 19

Second appendice le lévite d’Éphraïm (chapitres 19 à 21)

  • Chapitre 19 — Infamie commise à Guibéa
  • Chapitre 20 — Guerre d’Israël contre la tribu de Benjamin
  • Chapitre 21 — Relèvement de cette tribu presque anéantie

Cette histoire appartient aux premiers temps qui suivirent la mort de Josué. Cela ressort premièrement du fait, mentionné Juges 20.28, que Phinées, fils d’Eléazar, était alors grand sacrificateur, car son père était contemporain de Josué ; deuxièmement du lien très étroit qui unissait alors les tribus (chapitres 20 et 21) et qui ne paraît plus avoir existé à ce degré pendant la période des Juges, pas même au temps de Débora.

1 En ce temps, où il n’y avait pas de roi en Israël, un homme de la tribu de Lévi, séjournant dans la partie la plus reculée de la montagne d’Éphraïm, prit pour concubine une femme de Bethléem de Juda.

Il n’y avait pas de roi. L’auteur veut dire qu’un fait pareil n’aurait pu se produire sous le gouvernement d’un roi.

Séjournant : le mot hébreu indique que le lévite vivait là, comme en passant, en dehors d’une ville lévitique.

La partie la plus reculée : la plus septentrionale.

Prit pour concubine : il la prit sans avoir accompli les formalités accoutumées, fiançailles, paiement aux parents d’une somme d’argent, cadeaux, etc. Si elle avait été sa femme par droit de mariage, la loi de Deutéronome 24.2-4 ne lui aurait pas permis de la reprendre comme il le fit, après l’infidélité qui les avait séparés (verset 2).

2 Et sa concubine lui fut infidèle et elle s’en alla d’avec lui dans la maison de son père à Bethléem de Juda, et elle resta là l’espace de quatre mois. 3 Et son mari se leva et alla après elle pour parler à son cœur et le ramener à lui. Et il avait avec lui son serviteur et deux ânes. Et elle le fit entrer dans la maison de son père, et le père de la jeune fille le vit, et alla au-devant de lui avec joie.

Le ramener à lui : le cœur de sa femme.

Deux ânes : comme montures pour lui et pour elle.

4 Et son beau-père, le père de la jeune fille, le retint, et il demeura chez lui trois jours. Et ils mangèrent et burent et ils y logèrent.

Entre le verset 3 et le verset 4 il faut sous-entendre la mention du succès de la démarche du lévite, que le père avait sans doute appuyée de son assentiment.

5 Et le quatrième jour, ils se levèrent de bon matin et il se disposait à partir. Et le père de la jeune fille dit à son gendre : Fortifie ton cœur en prenant un morceau de pain, et vous partirez ensuite. 6 Et ils s’assirent, et ils mangèrent tous deux ensemble et burent. Et le père de la jeune fille dit au mari : Consens, je te prie, à passer la nuit, et que ton cœur se réjouisse ! 7 Et le mari se leva pour s’en aller, mais son beau-père le pressa, et il revint et passa la nuit. 8 Et le cinquième jour, il se leva de bon matin pour partir. Et le père de la jeune fille dit : Je te prie, fortifie ton cœur et diffère jusqu’à ce que le jour baisse. Et ils mangèrent tous deux.

Jusqu’à ce que le jour baisse : que la grande chaleur soit passée. Plus tard, le beau-père tirera de l’heure tardive un argument contre le départ.

9 Et le mari se leva pour partir, lui et sa concubine et son serviteur, mais son beau-père, le père de la jeune fille, lui dit : Vois, je te prie, le jour faiblit ; le sombre vient, passez ici la nuit. Voici, le jour baisse, passe ici la nuit et que ton cœur se réjouisse ; et demain vous vous lèverez de bon matin pour vous mettre en route, et tu retourneras chez toi.

Il désire par tous ces retards affermir autant que possible le lien qui s’est reformé. Il tient évidemment à avoir un gendre lévite.

10 Et le mari ne voulut point passer la nuit et il se leva et partit. Et il vint jusqu’en face de Jébus, qui est Jérusalem, et il avait avec lui les deux ânes bâtés et sa concubine.

En face de Jébus. La route passait non par Jérusalem, mais près de cette ville.

11 Lorsqu’ils furent près de Jébus, le jour avait beaucoup baissé. Et le serviteur dit à son maître : Viens, je te prie, détournons nous vers cette ville des Jébusiens, et nous y passerons la nuit. 12 Et son maître lui dit : Nous ne nous détournerons pas vers une ville étrangère, où il n’y a pas de fils d’Israël, et nous passerons jusqu’à Guibéa.

Où il n’y a pas de fils d’Israël. Le fait s’est sans doute passé avant l’expédition de Juda racontée Juges 1.8 ; sinon, il faut simplement entendre l’expression du lévite dans ce sens : où domine la population étrangère voir Juges 1.24, note.

13 Et il dit à son serviteur : Allons et tâchons d’atteindre l’une de ces localités, et nous passerons la nuit à Guibéa ou à Rama.

Guibéa : Josué 18.28, note.

Rama, Josué 18.25 ; Guibéa était à 4 km au nord de Jérusalem, Rama plus au nord encore.

14 Et ils passèrent outre et continuèrent leur route, et le soleil se coucha pour eux comme ils étaient près de Guibéa qui est à Benjamin. 15 Et ils se détournèrent du chemin pour aller passer la nuit à Guibéa. Et il entra et s’arrêta sur la place de la ville, et il n’y eut personne qui les recueillit dans sa maison pour y passer la nuit. 16 Et voici, un vieillard revenait le soir de son travail, de la campagne, et cet homme était de la montagne d’Éphraïm ; et il séjournait à Guibéa, et les gens du lieu étaient Benjamites.

De la montagne d’Éphraïm : non Benjamite.

17 Et il leva les yeux et vit le voyageur sur la place de la ville ; et le vieillard dit : Où vas-tu et d’où viens-tu ? 18 Et il lui dit : Nous allons de Bethléem de Juda jusqu’à la partie la plus reculée de la montagne d’Éphraïm, d’où je suis. Je suis allé jusqu’à Bethléem de Juda, et je suis employé dans la maison de l’Éternel, et il n’y a personne qui me reçoive dans sa maison.

Employé : appelé à fonctionner dans le sanctuaire.

Personne qui me reçoive. Il y avait ici double péché : péché contre les lois de l’hospitalité et péché contre la dignité du lévite, qu’il était sans doute aisé de reconnaître.

19 Et pourtant j’ai de la paille et du fourrage pour nos ânes, et aussi du pain et du vin pour moi, pour ta servante et pour le jeune homme qui est avec tes serviteurs ; nous avons de tout. 20 Et le vieillard dit : La paix soit sur toi ! Seulement je te donnerai tout dont tu auras besoin ; mais tu ne passeras pas la nuit sur la place.

La paix soit sur toi : équivalent à : Prends courage ! Je te recevrai, moi. Seulement le vieillard éphraïmite se réserve d’exercer en plein envers ses hôtes les devoirs de l’hospitalité.

21 Et il le fit entrer dans sa maison, et il donna du fourrage aux ânes, et ils se lavèrent les pieds ; et ils mangèrent et burent.

Les pieds : Genèse 18.4 ; Genèse 19.2.

22 Pendant qu’ils étaient là à se réconforter, voici, les hommes de la ville, hommes pervers, entourèrent la maison, se ruant contre la porte, et ils dirent au vieillard, maître de la maison : Fais sortir l’homme qui est entré chez toi, pour que nous le connaissions.

Hommes pervers : Deutéronome 13.13, note.

Fais sortir… Même exigence monstrueuse que Genèse 19.6. Les Israélites se ravalent au niveau des Sodomites.

23 Et le maître de la maison sortit vers eux et leur dit : Non, mes frères, ne faites pas le mal, je vous prie ! Puisque cet homme est entré dans ma maison, ne commettez pas cette infamie. 24 Voici, ma fille qui est vierge, et sa concubine, je vous les amènerai dehors ; vous leur ferez violence et vous les traiterez comme il vous plaira. Mais sur cet homme ne commettez pas cette action infâme.

Il préfère le plus grand malheur domestique à la violation du devoir de l’hospitalité.

Et sa concubine. Comme femme, elle ne lui paraît pas avoir le même droit à la protection de l’hôte que son mari.

25 Et ces hommes ne voulurent pas l’écouter. Et l’homme prit sa concubine et la leur amena dehors. Et ils la connurent et abusèrent d’elle toute la nuit jusqu’au matin, et ils la renvoyèrent au lever de l’aurore.

Le lévite lui-même intervient et livre sa femme pour sauver le vieillard et sa fille.

26 Et vers le matin, cette femme vint, et elle tomba à la porte de la maison de l’homme chez qui était son maître, et y resta jusqu’au jour. 27 Et le matin, son maître se leva, et il ouvrit la porte de la maison et sortit pour continuer son chemin ; et voici, la femme, sa concubine, était étendue à l’entrée de la maison, les mains sur le seuil.

Sortit pour continuer son chemin. Il ne pensait pas pouvoir retirer sa femme des mains de ceux à qui il l’avait livrée.

Les mains sur le seuil. Elle était tombée en voulant ouvrir la porte.

28 Et il lui dit : Lève-toi et partons !
Et personne ne répondit. Et le mari la prit sur son âne, et il partit et s’en alla chez lui. 29 Et arrivé dans sa maison, il prit le couteau, et saisit sa concubine, et la coupa membre par membre en douze morceaux, et il l’envoya dans tout le, territoire d’Israël.

Douze morceaux : un morceau pour chaque tribu. Le sentiment de l’unité nationale originaire ne saurait s’exprimer plus clairement que par ce procédé du lévite. C’est à Israël comme corps qu’il en appelle pour venger le crime de l’un de ses membres ; comparez un trait semblable 1 Samuel 11.7. Lucien raconte ce que fit un Scythe qui, ne pouvant se venger lui-même, partagea un bœuf en autant de morceaux qu’il avait d’amis sur lesquels il pouvait compter et les leur distribua ; en les acceptant ceux-ci s’engagèrent à l’assister selon leurs forces dans sa vengeance. Seulement il s’agit ici de punition encore plus que de vengeance.

30 Et tous ceux qui virent cela dirent : Jamais chose pareille n’est arrivée et ne s’est vue depuis le jour où les fils d’Israël sont montés du pays d’Égypte jusqu’aujourd’hui. Prenez la chose à cœur, consultez et prononcez !