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Jérémie 50
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Jérémie 50

Babylone (chapitres 50 et 51)

Le prophète continue à développer le thème du chapitre 25, en s’inspirant largement de la prophétie d’Ésaïe contre Babylone, chapitres 13 et 14. Babylone, l’instrument de la colère divine contre le peuple d’Israël et les nations païennes, ses parentes et ses voisines (Jérémie, chapitres 46 à 49), a accompli son mandat, mais l’a dépassé. Elle a agi dans une pensée d’orgueil (comparez Habakuk 1.11) et de cruauté et non dans un esprit d’obéissance à l’ordre de l’Éternel. Elle est donc responsable comme Ninive (comparez Ésaïe 10.5, note). Bien plus, ayant sévi contre le peuple de Dieu comme tel, Babylone demeure à jamais le type de la puissance terrestre impie, hostile à Dieu et à son peuple (Apocalypse 16.19 ; Apocalypse 17.5 ; Apocalypse 18.10-24). Sa chute renferme déjà dans l’intuition du prophète le triomphe final du Seigneur sur ses ennemis et la réalisation définitive des promesses pour le reste fidèle de son peuple. Cette prophétie est donc placée avec intention à la fin de toutes les autres, dont elle est le couronnement.

  • titre, Jérémie 50.1.
  • prophétie proprement dite, se développant dans une série de tableaux qui représentent les mêmes scènes, mais sous des couleurs et des images variées, Jérémie 50.2 à 51.58.
  • appendice historique, Jérémie 51.59-64.
1 La parole que l’Éternel adressa à Babel, à la terre des Chaldéens, par Jérémie le prophète.

Le temps ou la prophétie fut prononcée ou écrite doit être compris entre la quatrième année de Jéhojakim (première déportation) et la quatrième année de Sédécias (Jérémie 51.59).

2 Annoncez-le parmi les nations, publiez-le, élevez un étendard ; publiez-le, ne le cachez pas, dites : Babel est prise, Bel est confondu, Mérodac est abattu ; ses idoles sont confondues, ses faux dieux abattus.

Un étendard : signal convenu pour annoncer au loin un événement important. Comparez Ésaïe 13.2.

Bel et Mérodac : voyez Ésaïe 46.1, note. Ces deux noms paraissent s’appliquer à la même divinité, la principale dans le panthéon assyro-chaldéen. Le nom de Mérodac, aussi bien que celui de Bel, se retrouve dans celui de plusieurs souverains (Mérodac-Baladan, Evil-Mérodac).

Ses idoles… Comparez Ésaïe 21.9.

3 Car du septentrion un peuple est monté contre elle, il va faire de sa terre une solitude, personne n’y habitera plus ; des hommes jusqu’aux bêtes, tout a pris la fuite, tout s’en est allé.

Un peuple, en réalité plusieurs ; comparez versets 9 et 14.

Du septentrion. La Médie, d’où venait l’ennemi, était située au nord de Babylone.

4 En ces jours-là et en ce temps-là, dit l’Éternel, les enfants d’Israël reviendront, eux et les enfants de Juda ensemble ; ils iront pleurant et chercheront l’Éternel, leur Dieu.

L’anéantissement de Babel a pour conséquence immédiate la délivrance d’Israël. Les différents traits du tableau : retour de Babylone, réunion des deux parties du peuple exilé, conversion au Seigneur et conclusion d’une alliance éternelle (verset 5), ont déjà été développés chapitre 31.

Pleurant : comparez Jérémie 31.9, note.

5 Ils s’informeront de Sion, leur face est tournée vers elle. Venez et attachons-nous à l’Éternel par une alliance éternelle, qui ne soit point oubliée.

Ils s’informeront de Sion. Ils demanderont le chemin qui conduit à Jérusalem. Le châtiment a porté ses fruits et le peuple repentant a hâte de conclure, dans la ville sainte, avec son Dieu une alliance nouvelle qu’il ne violera pas comme la précédente.

6 Un troupeau de brebis qui se perdaient, c’était là mon peuple : leurs bergers les avaient égarées sur des montagnes perfides ; de montagne en colline elles allaient, oubliant leur gite.

Du point de vue de la délivrance future le prophète décrit la réalité présente comme passée : Israël est un troupeau que ses bergers égarent. Le jour viendra où, repentant, il soupirera après Jérusalem et rentrera dans l’alliance.

Montagnes perfides : allusion aux hauts-lieux.

Leur gîte : l’alliance avec Jéhova.

7 Quiconque les trouvait les dévorait, et leurs ennemis disaient : Nous ne sommes pas coupables, puisqu’elles ont péché contre l’Éternel, le pâturage de justice, contre l’Éternel, l’attente de leurs pères.

Poignante ironie, Israël était envisagé par les païens comme de bonne prise, parce qu’ils savaient que son Dieu l’avait rejeté en punition de ses révoltes.

8 Fuyez hors de Babel ! Qu’on sorte du pays des Chaldéens ! Mettez-vous comme des béliers à la tête du troupeau !

Comparez Ésaïe 48.20 ; Ésaïe 52.11.

Comme des béliers. Comme les béliers sont les premiers à sortir de l’étable, Israël doit se mettre à la tête des captifs de toutes nations qui fuient de Babel à l’approche de l’ennemi ; Israël doit être les prémices de la délivrance et le conducteur des peuples au salut.

9 Car voici, je vais susciter et faire marcher contre Babel une assemblée de grands peuples, venant de la terre du septentrion ; ils se rangeront en bataille contre elle ; et de ce côté-là elle sera prise ; leurs flèches sont celles d’un guerrier habile, qui ne revient pas à vide ;

Assemblée de peuples. Voyez verset 26. Comparez Ésaïe 13.4.

10 et la Chaldée sera mise au pillage ; tous ceux qui la pilleront se rassasieront, a dit l’Éternel. 11 Oui, réjouissez-vous, oui, livrez-vous à l’allégresse, pillards de mon héritage ; oui, bondissez comme une génisse qui foule le blé, et hennissez comme des étalons !

Contraste entre la joie insolente des Chaldéens qui triomphent de la ruine de Jérusalem (verset 11) et leur chute honteuse au moment de la ruine de Babylone (verset 12). L’ironie est d’autant plus poignante que les deux faits, successifs dans l’histoire, apparaissent simultanément dans l’esprit du prophète.

Comme une génisse. D’après la loi mosaïque, Deutéronome 25.4, l’animal employé à fouler le blé sur l’aire pouvait s’en repaître librement.

Votre mère : personnification de Babylone.

12 Votre mère est couverte de confusion, celle qui vous a enfantés rougit de honte ; voici, elle est la dernière des nations, un désert, une lande, une steppe. 13 À cause de la colère de l’Éternel on ne l’habitera plus, ce ne sera plus qu’une solitude ; quiconque passera près de Babel s’étonnera et sifflera à la vue de toutes ses plaies.

Comparez Jérémie 19.8 ; Jérémie 49.17.

Archers. L’arc était l’arme principale des Mèdes (verset 29 ; comparez Ésaïe 13.18).

14 Rangez-vous en bataille autour de Babel, vous tous, archers ! Tirez contre elle, n’épargnez pas les flèches ; car elle a péché contre l’Éternel. 15 Poussez de tous côtés sur elle un cri de guerre : elle succombe, ses colonnes tombent, ses murs s’écroulent ; car c’est ici la vengeance de l’Éternel. Vengez-vous sur elle, faites-lui comme elle a fait !

Dans ce nouveau tableau du siège de Babylone, il y a une allusion évidente, à la prise de Jéricho : Poussez le cri de guerre et les murailles s’écrouleront soudain.

Colonnes : les temples et les palais.

Comme elle a fait : comparez Apocalypse 18.6.

16 Exterminez de Babel celui qui sème et celui qui manie la faucille au temps de la moisson ! Devant le glaive funeste, que chacun se tourne vers son peuple, que chacun fuie vers sa patrie !

Celui qui sème. On pourrait appliquer ce verset aux champs cultivés qui se trouvaient dans l’enceinte des murs de la ville, mais il s’agit plutôt ici de toute la Chaldée. Le sens est que toute la contrée doit être réduite à l’état de désert.

Chacun : tout étranger habitant Babylone ; comparez Ésaïe 13.14, note.

17 Israël est une brebis égarée à qui des lions ont fait la chasse : le premier l’a mangée ; c’est le roi d’Assyrie ; puis l’autre lui a rongé les os ; c’est Nébucadretsar, roi de Babel.

Image de deux bêtes féroces ; l’une dévore les chairs, la seconde brise les os pour en manger la moelle.

18 C’est pourquoi, ainsi a dit l’Éternel des armées, Dieu d’Israël : Je vais faire rendre compte au roi de Babel et à son pays, comme j’ai fait rendre compte au roi d’Assyrie. 19 Et je ramènerai Israël dans son pâturage ; il paîtra au Carmel et en Basan, il se rassasiera sur la montagne d’Éphraïm et de Galaad.

Carmel, Basan. Sur Basan, voir Ésaïe 2.13. C’étaient les pâturages les plus fertiles de la Palestine. Comparez Michée 7.14 ; Ésaïe 33.9 ; Ésaïe 35.2. Le verset 20 montre qu’il s’agit ici d’une restauration spirituelle en premier lieu, puis ensuite aussi temporelle. Pour Jérémie, comme pour Ésaïe, le retour de l’exil se confond dans une même perspective avec l’avènement final du royaume des cieux.

20 En ces jours-là et en ce temps-là, dit l’Éternel, on cherchera l’iniquité d’Israël et elle ne sera plus, les péchés de Juda et on ne les trouvera plus ; car je pardonnerai à ceux que j’aurai laissés de reste.

Comparez Jérémie 31.31 ; Jérémie 33.8.

Laissés de reste. Comparez Ésaïe 1.9 ; Zacharie 13.8-9 ; Zacharie 14.2.

21 Marche contre le pays de Rébellion et contre les habitants de Punition ; détruis, extermine-les, poursuis-les, dit l’Éternel, et fais-leur tout ce que je t’ai ordonné.

Jérémie reprend avec de nouvelles images la description de la ruine de Babylone.

Rébellion et Punition. Les deux mots hébreux que nous traduisons ainsi ont été inventés par Jérémie, qui leur a donné une apparence de noms propres de pays, pour désigner la Babylonie.

22 Bruit de bataille dans le pays, et grande ruine !

Ayant commandé (verset 21), l’Éternel est immédiatement obéi.

23 Comment a été rompu et brisé le marteau de toute la terre ? Comment Babel est-elle devenue une solitude au milieu des peuples ?

Le marteau dont Dieu se servait pour briser les peuples, est brisé à son tour. Comparez Jérémie 51.20-23, où l’image est reprise et développée (Ésaïe 14.5-6).

24 Je t’ai tendu des lacets et tu t’y es prise, Babel, sans t’en douter ; tu as été trouvée et saisie ; car tu t’es mise en guerre contre l’Éternel.

Sans t’en douter. Cette prophétie a été accomplie à la lettre. Deux fois, sous Cyrus et sous Darius, Babylone fut prise par ruse et les ennemis étaient maîtres de la ville avant que la grande cité se doutât de sa perte (Hérodote I, 191 ; III, 158).

25 L’Éternel a ouvert son arsenal, il en a tiré les armes de sa colère ; car le Seigneur, Dieu des armées, a affaire au pays des Chaldéens.

Les armes de sa colère : les peuples du nord que l’Éternel a à sa solde (Ésaïe 13.3-5).

26 Arrivez-y de toutes parts, ouvrez ses greniers, entassez comme on entasse les gerbes, et exterminez ; qu’il n’en reste rien !

Il s’agit dans ce verset non seulement du blé des Babyloniens, mais de leurs richesses en général que les ennemis doivent amonceler et brûler ; proprement : traiter à la façon de l’interdit.

27 Tuez tous les taureaux ; qu’il descendent à la boucherie ! Malheur à eux, car leur jour est arrivé, le temps de leur visitation.

Ses taureaux : ses hommes forts, ses guerriers (Ésaïe 34.7).

28 On entend des fuyards et des échappés du pays de Babel annonçant en Sion la vengeance de l’Éternel notre Dieu, la vengeance de son temple. 29 Appelez contre Babel des tireurs, tous ceux qui bandent l’arc ; campez autour d’elle, que personne n’échappe ; rendez-lui selon son œuvre, faites-lui tout ce qu’elle a fait ; car elle a été insolente contre l’Éternel, contre le Saint d’Israël.

Saint d’Israël : nom de l’Éternel particulièrement dans le prophète Ésaïe ; voir Ésaïe 1.4, note. Jérémie l’emploie ici seulement et Jérémie 51.5.

30 Aussi ses jeunes gens tomberont sur ses places, et tous ses hommes de guerre périront en ce jour, dit l’Éternel.

Même menace appliquée à Damas Jérémie 49.26.

31 Me voici ; à ton tour, insolente ! Dit le Seigneur, l’Éternel. des armées ; car ton jour est venu, le temps où je te visite.

Me voici ; à ton tour ! C’est l’image d’un combat singulier entre l’Éternel et Babel. L’Éternel vient venger son offense.

Insolente ; littéralement : insolence ; toi qui es l’insolence même ! Même genre d’appellation qu’au verset 21.

32 Elle trébuche, l’insolente, et tombe, et personne ne la relève ; je mets le feu à ses villes, et il dévore tous ses alentours.

Ses villes. Voir Jérémie 49.13 ; comparez Jérémie 51.43.

33 Ainsi parle l’Éternel des armées : Les enfants d’Israël et les enfants de Juda avec eux sont opprimés ; tous ceux qui les ont emmenés captifs les tiennent et refusent de les lâcher.

Voyez Ésaïe 14.17.

34 Mais leur champion est fort ; l’Éternel. des armées est son nom ; il défendra leur cause jusqu’au bout, pour donner le repos à la terre et le trouble aux habitants de Babel.

Comparez Jérémie 31.11 ; Ésaïe 14.16. Il y a ici une assonance qui rend la pensée plus frappante : donner le repos (irgia) et le trouble (irgiz). Jusqu’ici c’était l’inverse : Babel se reposait sur sa puissance ; et la terre était troublée par l’insatiable ambition de la cité conquérante.

35 L’épée sur les Chaldéens, dit l’Éternel, et contre les habitants de Babel, et contre ses chefs, et contre ses sages !

L’épée : comparez Jérémie 47.6.

36 L’épée contre les charlatans, et qu’ils perdent le sens ! L’épée contre ses braves, et qu’ils soient épouvantés !

Charlatans : astrologues et devins. Les devins et les guerriers étaient les deux classes d’hommes sur lesquelles se reposaient les Chaldéens. Comparez Ésaïe 47.12-13.

37 L’épée contre ses chevaux et contre ses chars, et contre tout le ramassis des gens qui sont au milieu d’elle, et qu’ils deviennent des femmes ! L’épée contre ses trésors, et qu’ils soient pillés ! 38 Sécheresse sur ses eaux, et qu’elles tarissent ! Car c’est un pays d’idoles, et leurs horreurs les font délirer.

De l’épée (chérev) le prophète passe à la sécheresse (chorev) par un jeu de mots qu’on ne peut rendre.

Les eaux : tout le beau système d’irrigation qui faisait de la Chaldée une terre si fertile. Cette destruction la réduit à l’état de désert.

Leurs horreurs : leurs faux dieux.

39 C’est pourquoi les animaux du désert y habiteront avec les chacals ; les autruches s’y établiront ; à tout jamais personne n’y demeurera plus, elle sera inhabitée d’âge en âge.

Combinaison de Ésaïe 13.20-22 et Jérémie 34.13-14 ; voir les notes.

40 Ce sera comme lorsque Dieu renversa Sodome, Gomorrhe et les villes voisines, dit l’Éternel ; personne n’y demeurera, aucun fils d’homme n’y séjournera.

Reproduction de la menace faite à Édom, Jérémie 49.18. Comparez Ésaïe 13.19.

41 Voici, un peuple arrive du septentrion ; une grande nation et des rois nombreux surgissent des extrémités de la terre ;

Reproduction de Jérémie 6.22-26 (voir notes) avec quelques légères modifications, dans le but d’appliquer ce passage à Babel. Juda et Édom sont pleinement vengés : ce que Babylone leur a fait souffrir, elle le subit à son tour. Voilà pourquoi le prophète reproduit littéralement les passages antérieurs. Comparez avec versets 42 et 43, Ésaïe 13.8 ; Ésaïe 13.18.

42 ils manient l’arc et le javelot ; gens cruels et indomptables, leur voix gronde comme la mer ; ils sont montés sur des chevaux, rangés comme un seul homme pour la bataille contre toi, fille de Babel ! 43 Le roi de Babel en a appris la nouvelle, et ses mains ont défailli ; l’angoisse l’a saisi, les douleurs d’une femme qui enfante. 44 Voici, tel qu’un lion qui monte des halliers du Jourdain, il monte au pâturage toujours vert, et soudain je les fais fuir de leur terre ; et celui que j’ai choisi, je l’établirai sur elle. Car qui est comme moi ? Qui me défierait et qui serait le berger qui me tiendrait tête ?

Reproduction de Jérémie 49.19-21, relatif à Édom. Le lion du premier passage est devenu la brebis du second. La leçon à tirer est l’absolue souveraineté de Dieu : Qui est pareil à moi ? Quel est le berger qui me tiendra tête ?

45 Écoutez donc la résolution que l’Éternel a prise contre Babel, et les desseins qu’il a médités contre le pays des Chaldéens : Oui, certes, on les entraînera, faibles brebis ; oui, certes, on dévastera après eux leur pâturage ! 46 Du bruit de la prise de Babel la terre tremble, un cri s’est fait entendre chez les nations !