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Jérémie 5
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Jérémie 5

Dans l’intérieur de cette ville menacée, rien qui motive une suspension du jugement, Dieu doit punir sans toutefois anéantir (versets 1 à 19) ; cette punition est méritée à cause des infidélités du peuple envers l’Éternel et des monstruosités qui se commettent dans le pays au préjudice des petits (versets 20 à 31).

1 Parcourez les rues de Jérusalem et regardez ; informez-vous et cherchez dans ses places si vous y trouvez un homme ; s’il en est un qui pratique la justice, qui recherche la fidélité, et je ferai grâce à la ville.

Dieu demandait dix justes à Sodome, Genèse 18.1-33 ; il n’en demande qu’un à Jérusalem et ce juste unique ne s’y trouve pas. Comparez Ésaïe 59.16.

Un homme : digne de ce nom. On s’est demandé s’il fallait prendre ces paroles à la lettre. Quelques interprètes répondent que, devant Dieu et à un point de vue absolu, il n’y a point de juste et que dès lors la sentence du prophète doit être prise à la lettre. Mais comme c’est là une expérience permanente et universelle, Jérusalem en serait plutôt excusée. Le prophète laisse, selon nous, libre cours à son sentiment qui lui fait oublier les exceptions encore supposables au sein de cette masse perdue.

Justice, fidélité : dans les rapports avec le prochain. Les deux membres de la phrase marquent une gradation : personne qui pratique, personne même qui recherche le bien.

2 Même quand ils disent : L’Éternel est vivant ! Ils jurent en mentant.

La révélation du vrai Dieu qu’Israël avait reçue, ne servait à ces Israélites qu’à tromper plus efficacement. Étrange renversement ! De là à jurer par les faux dieux (verset 7), il n’y avait qu’un pas. Le serment vrai, proféré au nom de Jéhova, devait être et doit redevenir un des privilèges du peuple de Dieu. Voir Jérémie 4.2 ; comparez Deutéronome 6.13 ; Deutéronome 10.20 ; Ésaïe 65.16.

3 Éternel, tes yeux ne cherchent-ils pas la fidélité ? Tu les as frappés, et ils n’en ont pas tremblé ; tu les as achevés, et ils ont refusé d’en prendre instruction ; ils ont endurci leur face plus que le roc ; ils ont refusé de se convertir.

Comparez Ésaïe 1.6 ; Apocalypse 16.21. Il y a lutte à mort entre Dieu qui frappe et l’homme qui s’endurcit toujours d’avantage. Toute chance de guérison est détruite, lorsque les moyens qui devaient ramener l’homme à Dieu l’en éloignent.

Tu les as achevés. Il n’y a pas contradiction avec les versets 10 et 18 ; Dieu peut exterminer une génération sans faire disparaître la nation elle-même.

Ils ont endurci leur face. La ténacité que Jérémie devait montrer au service de Dieu et à leur égard (Jérémie 1.18) ils la montrent dans la rébellion. Que d’énergie mal employée !

4 Et moi, je disais : Ce ne sont que les petits, ils sont fous, parce qu’ils ne connaissent pas la voie de l’Éternel, le droit de leur Dieu ;

Le premier mouvement est souvent de croire que les hautes classes sont moralement meilleures que le bas peuple ; mais l’expérience fait bientôt revenir de ce préjugé ; et de plus, les grands et les riches quand ils font le mal, ont moins d’excuse, pour la raison indiquée.

5 je m’en irai vers les grands et leur parlerai, car eux, ils connaissent la voie de l’Éternel, le droit de leur Dieu. Eh bien ! Eux tous ensemble ont brisé le joug, rompu les liens.

Eux tous ensemble : les petits comme les grands, les grands comme les petits.

6 C’est pourquoi le lion de la forêt les a frappés ; le loup des déserts les désole ; la panthère est aux aguets devant leurs villes ; tout homme qui en sort est déchiré ; car leurs infidélités se sont multipliées, et leurs révoltes se sont accrues.

Les bêtes féroces peuvent être entendues à la lettre, car elles figurent dans les menaces de la loi parmi les instruments de la justice de Dieu (Lévitique 26.22. Comparez 2 Rois 17.25 ; Ézéchiel 14.15). Mais il vaut mieux y voir l’image des envahisseurs du pays (comparez Jérémie 4.7 ; Ésaïe 56.9).

7 Pourquoi te ferais-je grâce ? Tes fils m’ont abandonné, et ils jurent par ce qui n’est pas Dieu ; j’ai reçu leurs serments, et ils ont été adultères ; ils s’attroupent dans la maison de la prostituée.

Pourquoi te ferais-je grâce ? Dieu avait autrefois des raisons de faire grâce à son peuple ; ces raisons n’existent plus. Il semble imposer silence à sa propre compassion.

J’ai reçu leurs serments : devant Sinaï, lors du mariage entre Jéhova et Israël. Comparez Deutéronome 27.1-26 ; Josué 23.1 à 24.33.

Ils s’attroupent dans la maison de la prostituée. Les sanctuaires des idoles étaient fréquemment des lieux de débauche. Les hommes ne s’y rendent plus à la dérobée, mais ouvertement et par bandes.

8 Ce sont des étalons bien repus, vagabonds ; chacun d’eux hennit après la femme de l’autre.

Image singulièrement énergique qui rappelle celle Jérémie 2.24.

9 Et je ne punirais pas ces choses ! Dit l’Éternel, et je ne me vengerais pas d’une nation comme celle-là ! 10 Escaladez ses murs et détruisez, mais n’achevez pas ; enlevez ses sarments, car ils ne sont pas à l’Éternel ;

N’achevez-pas… Comparez Jérémie 4.27. Ces retours toujours plus brefs de la grâce qui arrête la justice, sont extrêmement éloquents. Soit que les prophètes prononcent des promesses ou des menaces, ils restent toujours dans la vérité ; seuls, les orateurs faibles exagèrent. La vigne de Jéhova est livrée aux étrangers ; elle ne doit pourtant pas être extirpée, mais seulement émondée. Les sarments ne sont plus à l’Éternel, mais la souche lui appartient encore, puisque c’est lui qui l’avait plantée. Comparez Jérémie 2.21.

11 car la maison d’Israël et la maison de Juda m’ont trahi, dit l’Éternel ; 12 ils ont renié l’Éternel et dit : Il n’est pas, et le malheur n’arrivera pas jusqu’à nous ; nous ne verrons ni l’épée, ni la famine ;

Ils ne sont pas athées, puisqu’ils invoquent de fausses divinités, verset 7 ; mais ils renient Jéhova comme le seul Dieu vivant ; ils ont leur religion.

13 les prophètes sont du vent, et personne n’a parlé en eux. Ainsi leur soit fait à eux-mêmes !

Personne n’a parlé en eux, littéralement : Le : il a dit ; n’est pas en eux (Reuss). Nier Jéhova, c’est nier la mission de ses serviteurs dont ils tournent en ridicule le refrain : Ainsi a dit l’Éternel.

Ainsi leur soit fait. On pourrait supposer que c’est le prophète qui reprend : Que ces moqueurs soient eux-mêmes du vent ! Mais ces paroles sont encore mieux placées dans la bouche des moqueurs qui souhaitent que les menaces des prophètes de l’Éternel s’accomplissent en la personne de ces censeurs incommodes.

14 C’est pourquoi, ainsi parle l’Éternel, le Dieu des armées : Parce que vous dites ces paroles-là, voici je fais de mes paroles dans ta bouche un feu, et de ce peuple du bois, et ce feu les dévore.

Même image Ésaïe 1.31 ; Ésaïe 10.17 : le pouvoir donné au prophète (Jérémie 1.10) déploie déjà ses effets : la parole de l’Éternel n’annonce pas seulement, elle exécute, par le moyen de la nation étrangère qui arrive à ses ordres.

15 Voici j’amène sur vous une nation de loin, maison d’Israël, dit l’Éternel ; C’est une nation inépuisable ; c’est une nation d’ancienneté ; une nation dont tu ne connais pas la langue, et tu n’entends pas ce qu’elle dit ;

Quatre caractères qui rendent cette nation redoutable :

  • elle vient de loin : elle est par conséquent barbare
  • inépuisable, comme une source qui jette sans cesse des flots nouveaux
  • d’ancienneté : durable et forte
  • dont tu ne connais pas la langue : avec laquelle tu ne pourras pas même négocier.

Citation de Deutéronome 28.49. Comparez Ésaïe 28.11-12.

16 son carquois est comme un sépulcre ouvert ; tous ils sont des héros.

Son carquois ; réclamant (par les flèches qu’il renferme), abondance de morts, comme le sépulcre.

17 Et elle dévorera ta moisson et ton pain ; ils dévoreront tes fils et tes filles ; elle dévorera tes brebis et tes bœufs ; elle dévorera ta vigne et ton figuier ; elle détruira tes villes fortes dans lesquelles tu te confies, par l’épée.

Tes villes dans lesquelles : Deutéronome 28.52.

18 Et même en ces jours-là, dit l’Éternel, je ne vous détruirai pas entièrement.

Nouveau rayon de grâce au milieu de horreurs du jugement.

19 Et quand vous direz : Pour quelle raison l’Éternel nous a-t-il fait tout cela ? Tu leur diras : Comme vous m’avez abandonné, et avez servi dans votre pays des dieux étrangers, ainsi vous servirez des étrangers dans un pays qui n’est pas à vous.

Des étrangers : Vous serez punis par où vous avez péché ; il y aura harmonie entre votre conduite et votre état.

20 Publiez ceci dans la maison de Jacob, et annoncez-le en ces termes dans Juda.

Publiez… : formule analogue Jérémie 4.5.

21 Écoutez ceci, peuple stupide et sans cœur : ils ont des yeux et ne voient point ; des oreilles, et ils n’entendent point.

Comparez Ésaïe 6.10, où est annoncé le jugement divin qui est maintenant réalisé.

22 Ne me craindrez-vous pas ? Dit l’Éternel ; ne tremblerez-vous pas devant moi, qui ai mis le sable pour limite à la mer, borne éternelle qu’elle ne franchira pas ? Ses flots s’agitent et n’y peuvent rien ; ils bouillonnent et ne la dépassent pas ;

La mer même respecte la barrière que Dieu lui a assignée, quoi qu’elle ne consiste que dans le sable de ses bords. Comparez Job 38.10-11. La nature obéit ; et Israël n’obéit pas !

23 mais ce peuple a un cœur indocile et rebelle ; ils se retirent et s’en vont ;

Ils se retirent et s’en vont, sans et s’adresser à eux-mêmes la leçon qu’ils devraient retirer du spectacle de la nature et qui leur est traduite par le prophète, verset 24.

24 et ils ne disent pas dans leur cœur : Craignons donc l’Éternel notre Dieu, lui qui donne les pluies, la pluie de la première saison et la pluie de l’arrière-saison, en leur temps ; qui nous maintient les semaines destinées à la moisson.

Sur les pluies de la première et de la dernière saison, voir Jérémie 3.3, note. C’est Dieu qui donne la pluie par le moyen des forces naturelles, d’après Jérémie comme d’après Jésus-Christ (Matthieu 5.45).

Les semaines de la moisson : de Pâques à la Pentecôte. Cette dernière est appelée la fête des semaines (Deutéronome 16.9-10). Nous savons, par Jérémie 3.3 et Jérémie 14.1, qu’on était dans un temps de sécheresse.

25 Ce sont vos iniquités qui ont dérangé tout cela ; ce sont vos péchés qui vous ont privés de ces biens,

Mais ce n’est pas la sécheresse qui est le grand mal.

Cette solidarité étroite entre la conduite du peuple et les vicissitudes de la nature était une loi particulière de l’ancienne alliance, dont nous aurions tort de rechercher dans tous les événements d’aujourd’hui des applications constantes et rigoureuses.

26 parce que dans mon peuple il se trouve des pervers ; ils épient comme l’oiseleur qui se baisse ; ils dressent des piéges, prennent des hommes.

Qui se baisse : pour se cacher.

27 Comme une cage est pleine d’oiseaux, ainsi leurs maisons sont pleines de fraude ; c’est ainsi qu’ils croissent et s’enrichissent.

Cage pleine d’oiseaux. Ces oiseaux pris au piège sont l’image des biens acquis par des moyens frauduleux.

28 Ils s’engraissent, ils reluisent, ils dépassent même la mesure du mal ; ils ne font pas justice, justice à l’orphelin, et ils prospèrent ; ils ne font pas droit à la cause des malheureux.

Du mal : tel qu’on en conçoit ordinairement la possibilité.

29 Ces choses, ne les punirai-je pas, dit l’Éternel ; ne me vengerai-je pas d’une nation comme celle-là ?

Nouvelle délibération entre la grâce et la justice, où celle-ci l’emporte (comparez versets 7 à 9). Les derniers faits mentionnés mettent un terme à la patience.

30 Il se fait dans le pays des abominations et des horreurs.

C’est le comble : les prophètes et les sacrificateurs, qui devaient se contrôler mutuellement, s’entendent pour faire le mal et dans cet accord les seconds, les représentants officiels de Jéhova, se font les instruments des premiers. Comparez Jérémie 29.24-31. Chose plus étrange et plus déplorable encore ! Ce régime obtient l’assentiment populaire, tant on s’habitue vite au mal !

Ce n’est pas tout cependant de faire le mal ; il faudra encore affronter le jugement. Expression de la compassion suprême.

31 Les prophètes prophétisent en mentant ; les sacrificateurs gouvernent au gré des prophètes, et mon peuple l’aime ainsi. Et que ferez-vous au terme de tout cela ?