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Jérémie 34
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Jérémie 34

Chapitres 34 à 45

Ces chapitres renferment une série de morceaux historiques qui se suivent sans ordre chronologique. Les cinq premiers, 34 à 38, sont sans doute destinés à montrer combien la catastrophe finale décrite chapitre 39, était méritée et inévitable (voir introduction).

1 La parole qui fut adressée en ces mots à Jérémie de la part de l’Éternel, lorsque Nébucadretsar, roi de Babylone, et toute son armée, tous les royaumes de la terre soumis à sa domination et tous les peuples combattaient contre Jérusalem et contre toutes ses villes :

Cette prédiction se rattache à ce qui précède plutôt qu’à ce qui suit (1-7)

La parole qui fut… C’est ici le texte même de la prophétie mentionnée Jérémie 32.3-5 ; il est ajouté comme annexe aux deux chapitres précédents.

Toute son armée… Par ces expressions accumulées, le prophète veut exprimer l’idée que tout l’univers civilisé était rassemblé contre la capitale du petit royaume de Juda.

Ses villes : les villes de Jérusalem, la métropole du pays.

2 Ainsi parle l’Éternel, Dieu d’Israël : Va et parle à Sédécias, roi de Juda, et dis-lui : Ainsi parle l’Éternel : Voici, je vais livrer cette ville au roi de Babylone, et il la brûlera. 3 Et toi, tu n’échapperas point à sa main, car certainement tu seras pris, tu lui seras livré, tes yeux verront les yeux du roi de Babylone, il te parlera bouche à bouche et tu iras à Babylone.

Tu n’échapperas point… Comparez Jérémie 21.7 où Jérémie avait déjà prononcé une sentence générale semblable sur le roi, les chefs et le peuple tout entier, en réponse à une question de Sédécias qui se flattait encore de la délivrance. Mais cette menace n’avait qu’un caractère collectif. Car prise à la lettre et appliquée à tous les individus, elle exclurait jusqu’à la possibilité d’une déportation quelconque à la suite de la ruine annoncée. Dans ce passage-ci il s’agit du sort de Sédécias personnellement. Le prophète déclare qu’il participera au malheur qui frappera tout son peuple. Mais il ajoute en sa faveur dans le verset suivant une restriction importante.

4 Toutefois, écoute la parole de l’Éternel, Sédécias, roi de Juda : Voici ce que l’Éternel a dit de toi : Tu ne mourras point par l’épée.

Toutefois… On peut envisager cette restriction comme conditionnelle : Tout ira bien pour toi ; bien entendu : à la condition que tu suives mon conseil et que tu te rendes aux Chaldéens. Ou bien, comme cette condition n’est pas indiquée, il est plus simple d’expliquer ainsi : Sédécias reçoit la promesse de ne pas périr par l’épée (en paix, verset 5, signifie ici simplement : de mort naturelle) et de recevoir une sépulture honorable. Son sort est ainsi opposé expressément à celui de son frère Jéhojakim (Jérémie 22.18-19). Dieu établit cette différence entre les deux frères, parce que, comme nous le verrons, le cadet était moins corrompu et endurci que l’aîné. Mais Jérémie se garde d’aller plus loin. Il ne dit pas si cela se passera à Jérusalem, où Sédécias resterait comme roi-vassal de Nébucadnetsar, ou à Babylone, où il serait emmené captif. Cela dépend encore du parti qu’il prendra : celui de se soumettre, comme Jérémie ne cesse de le conseiller, ce qui serait son salut, ou celui de résister jusqu’au bout, comme l’y pousse son propre penchant. On ne peut opposer au second sens ni le verset 21, qui dit uniquement que Sédécias sera livré aux Chaldéens, ni Jérémie 38.18-19, qui annonce le salut de la ville et du trône en cas de reddition et la ruine de l’un et de l’autre en cas de résistance.

5 Tu mourras en paix ; et comme on a brûlé des parfums pour tes pères, les anciens rois qui t’ont précédé, ainsi l’on en brûlera pour toi. On mènera le deuil sur toi en disant : Hélas ! Seigneur ! Car, j’ai parlé, moi, dit l’Éternel.

Sur le cérémonial des funérailles royales, voir 2 Chroniques 16.4 et 2 Chroniques 21.19.

Hélas, Seigneur ! Complainte chantée à la mort des rois (Jérémie 22.18, note).

6 Jérémie le prophète répéta toutes ces paroles à Sédécias, roi de Juda, à Jérusalem. 7 Or, l’armée du roi de Babylone combattait contre Jérusalem et contre les villes de Juda qui tenaient encore, contre Lakis et contre Azéka ; car c’était là ce qui restait des villes fortes entre les villes de Juda.

L’état du royaume, alors déjà conquis tout entier, sauf ces trois places fortes, aurait dû être pour Sédécias un avertissement.

8 La parole qui fut adressée à Jérémie de la part de l’Éternel, après que le roi Sédécias eut fait un accord avec tout le peuple qui était à Jérusalem pour qu’on proclamât un affranchissement,

L’affranchissement des Hébreux :

  • La convention volontaire des habitants de Jérusalem et sa rupture, versets 8 à 14
  • répréhension de cette conduite, versets 12 à 16
  • son prochain châtiment, versets 17 à 22

Rien ne prouve mieux que le fait raconté dans ce chapitre l’état de démoralisation incurable où le peuple était plongé. Ils ont pris devant Dieu dans le temple, d’un commun accord, l’engagement d’affranchir leurs esclaves juifs ; croyant le danger d’une ruine imminente conjuré par l’arrivée de l’armée égyptienne, accourue à leur secours et par la levée du siège, ils se hâtent d’annuler les effets de la mesure qu’ils avaient prise au moment de la détresse. Ils n’avaient donc offert à Dieu qu’un sacrifice égoïste et intéressé. Leur intention n’avait pas été de revenir à l’accomplissement fidèle de la loi, mais de se rendre Dieu favorable et peut-être d’augmenter le nombre des défenseurs de la place.

Il ne s’agissait que des esclaves d’origine juive.

9 en renvoyant libre chacun son esclave et chacun sa servante, hébreu ou hébreuse, en sorte qu’il n’y eût personne qui retînt en servitude un Juif, son frère.

La loi n’exigeait la libération des esclaves qu’après qu’ils avaient servi six ans. Il est probable que la plupart des esclaves avaient déjà ces six années de service et en tout cas cela ne s’appliquait qu’à ceux-là.

10 Or, tous les chefs, ainsi que tout le peuple, qui étaient entrés dans cet accord, consentirent à affranchir chacun son esclave et chacun sa servante, pour ne plus les retenir en servitude ; ils y consentirent et les renvoyèrent. 11 Mais ensuite ils revinrent en arrière et firent revenir les esclaves, hommes et femmes, qu’ils avaient renvoyés libres, et les obligèrent à être leurs esclaves et leurs servantes. 12 La parole de l’Éternel fut donc adressée à Jérémie de la part de l’Éternel en ces mots : 13 Ainsi parle l’Éternel, Dieu d’Israël : J’avais traité alliance avec vos pères, lorsque je les tirai du pays d’Égypte, de la maison de servitude, en leur disant :

Le souvenir de la servitude d’Égypte devait être pour tout maître israélite un motif d’humanité (Deutéronome 15.15).

14 Au terme de sept ans, vous renverrez chacun votre frère hébreu qui vous aura été vendu ; il te servira six ans, puis tu le renverras libre de chez toi. Mais vos pères ne m’ont point écouté et n’ont point prêté l’oreille.

Comparez Exode 21.2 ; Deutéronome 15.12.

Au terme de sept ans : dans le courant de la 7e année.

Mais vos péres… Cette loi était restée inexécutée. Il faut donc se garder de conclure, de ce que certaines institutions dites mosaïques n’ont pas laissé leur empreinte dans vie nationale, qu’elles n’existassent pas dans le code primitif.

15 Et vous vous étiez amendés aujourd’hui et aviez fait ce qui est droit devant moi, en donnant la liberté chacun à son prochain ; vous aviez fait un accord en ma présence, dans la maison sur laquelle mon nom est invoqué.

Dans la maison… Circonstance aggravant la faute (verset 16). Comparez la scène solennelle 2 Rois 23.1-3.

16 Mais vous êtes revenus en arrière et avez profané mon nom, car vous avez fait revenir chacun son esclave et chacun sa servante que vous aviez affranchis, rendus à eux-mêmes, et vous les avez obligés à être vos esclaves et vos servantes. 17 C’est pourquoi l’Éternel parle ainsi : Vous ne m’avez point obéi en donnant la liberté chacun à son frère et chacun à son prochain ; voici, je vous donne la liberté, dit l’Éternel, d’aller au-devant de l’épée, de la peste et de la famine, et je vous livrerai pour être agités parmi tous les royaumes de la terre.

Vous ne m’avez point obéi… En revenant en arrière, ils avaient annulé leur première obéissance.

Je vous donne la liberté… Menace terrible sous la forme ironique d’un jeu de mots il y a correspondance entre la faute et la punition ; comparez une manière de parler semblable dans la menace contre Hanania, Jérémie 28.15-16.

18 Et les hommes qui ont transgressé mon alliance et qui n’ont pas exécuté les termes de l’accord qu’ils ont fait devant moi, je les rendrai tels que le veau qu’ils ont coupé en deux pour passer entre ses deux moitiés,

Ce texte est particulièrement intéressant, en ce qu’il nous donne la vraie explication du symbole qui, dès les temps antiques (comparez Genèse 15.7-17), accompagnait la conclusion d’un contrat. Le partage sanglant de l’animal en deux moitiés, entre lesquelles passaient les contractants, équivalait à une imprécation prononcée sur eux-mêmes, s’ils venaient à violer la foi ainsi jurée.

19 les chefs de Juda et les chefs de Jérusalem, officiers de la cour et sacrificateurs, et tous ceux du pays qui ont passé entre les moitiés du veau.

Les chefs, nommés deux fois, étaient probablement les plus coupables. C’étaient ceux dont l’exemple avait entraîné le reste du peuple.

20 Je les livrerai à leurs ennemis et à ceux qui cherchent leur vie, et leurs cadavres seront la pâture des oiseaux des cieux et des bêtes de la terre. 21 Et Sédécias, roi de Juda, et les principaux de sa cour, je les livrerai à leurs ennemis et à ceux qui cherchent leur vie, à l’armée du roi de Babylone qui s’est éloignée de vous.

Qui s’est éloignée. Voir verset 8, note.

22 Voici, je vais leur donner ordre, dit l’Éternel, et les ramener contre cette ville ; ils combattront contre elle, ils la prendront et la brûleront, et je ferai des villes de Juda des lieux désolés sans habitants.

C’est l’Éternel qui donne ses ordres à Nébucadnetsar et qui lui fait reprendre le siège de Jérusalem.