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Jérémie 11
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Jérémie 11

Infidélité de Juda et angoisses du prophète (chapitres 11 à 13)

Cette nouvelle série de discours peut se subdiviser comme suit :

  • L’alliance traitée et violée, Jérémie 11.1-17
  • les persécutions auxquelles le prophète est en butte de la part de ses concitoyens, Jérémie 11.18 à 12.17
  • le symbole de la ceinture gâtée, chapitre 13

Quelques commentateurs ont pensé que ces discours furent prononcés à la suite de la découverte de l’exemplaire de la loi dans le temple (2 Rois 23.37). Les mots : de cette alliance, verset 2, peuvent paraître favorables à cette opinion, qui reste d’ailleurs une conjecture.

Le premier morceau, Jérémie 11.1-17 expose d’abord la teneur du contrat de l’alliance (versets 1 à 8) ; puis la violation de cette alliance par le peuple (versets 9 à 14) ; enfin la condamnation de cette conduite (versets 12 à 17).

1 La parole qui fut adressée à Jérémie de la part de l’Éternel en ces mots : 2 Écoutez les paroles de cette alliance, et parlez aux hommes de Juda et aux habitants de Jérusalem !

Écoutez…, parlez. Cette double invitation s’adresse sans doute aux auditeurs actuels du prophète dans le temple ; ils sont exhortés à répéter aux autres habitants de Jérusalem et de Juda ce qu’ils vont entendre.

3 Et tu leur diras : Ainsi parle l’Éternel, Dieu d’Israël : Maudit soit l’homme qui n’écoute pas les commandements de cette alliance,

Tu leur diras. C’est ici le message divin dont Jérémie est chargé et qui doit parvenir par ses auditeurs à la connaissance de tout le peuple. Ce message n’est qu’une répétition des exhortations contenues dans la loi et en particulier dans le Deutéronome. Comparez Deutéronome 27.26.

Fourneau à fer ; destiné à la fonte et à la purification des métaux ; comparez Deutéronome 4.20.

4 que j’ai donnés à vos pères au jour où je les fis sortir du pays d’Égypte, du fourneau à fer, en leur disant : Écoutez ma voix et faites tout ce que je vous commanderai, et vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu, 5 afin que je maintienne le serment que j’ai fait à vos pères, de leur donner un pays découlant de lait et de miel, comme cela se voit aujourd’hui. Et je répondis et dis : Amen, Éternel !

Afin que je maintienne, littéralement : afin que je relève. Les paroles prononcées par Moïse, qui ont été rappelées plus haut, avaient été ratifiées et comme renouvelées pour chaque génération par le don et la possession de Canaan ; comme cela se voyait encore au temps du prophète. Mais l’expression afin que rappelle que ce privilège dépendait de la fidélité du peuple et que si cette condition n’était pas remplie, la promesse tomberait.

Amen : c’était le mot par lequel, le peuple avait dû ratifier autrefois sur les deux montagnes d’Ébal et de Garizim chacune des bénédictions et des malédictions de l’alliance (Deutéronome 27.1-26 ; Josué 8.30-34). Jérémie semble rester seul aujourd’hui pour prononcer ce oui solennel.

6 Et l’Éternel me dit : Crie toutes ces paroles dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem, disant : Écoutez les paroles de cette alliance et mettez-les en pratique.

Crie. Quelques commentateurs traduisent : lis, ce qui se rapporterait au volume de la loi récemment retrouvé. En tout cas, il s’agit ici d’un message que le prophète doit proclamer avec la plus grande publicité.

7 Car j’ai sommé vos pères depuis le jour où je les fis monter du pays d’Égypte jusqu’à ce jour ; je les ai sommés dès le matin, disant : Écoutez ma voix.

Dès le matin : tout le temps de l’alliance est comparé à une journée (Ésaïe 65.2).

8 Et ils n’ont point écouté, point tendu l’oreille ; chacun d’eux a marché suivant l’endurcissement de son mauvais cœur, et j’ai exécuté sur eux toutes les paroles de cette alliance que je leur avais commandé de pratiquer et qu’ils n’ont point pratiquées.

La première partie de ce verset est une répétition de Jérémie 7.13 ; comparez 2 Rois 17.13-14.

9 Et l’Éternel me dit : Il s’est fait une conjuration chez les hommes de Juda et chez les habitants de Jérusalem.

Conjuration. Les méchants semblent avoir fait entre eux un pacte pour la révolte, en opposition à l’alliance légitime du peuple avec l’Éternel.

10 Ils sont retournés aux péchés de leurs premiers pères qui ont refusé d’écouter mes paroles, et ils ont suivi d’autres dieux pour les servir ; la maison d’Israël et la maison de Juda ont rompu mon alliance que j’avais traitée avec leurs pères.

Leurs premiers pères : du temps de Moïse.

11 C’est pourquoi l’Éternel parle ainsi. Voici, j’amène sur eux un mal dont ils ne pourront sortir ; s’ils crient vers moi, je ne les écouterai pas ;

Dont ils ne pourront sortir. Ces mots signifient non seulement qu’ils n’échapperont pas, mais qu’ils demeureront longtemps sous le coup du châtiment.

12 et les villes de Juda et les habitants de Jérusalem iront invoquer les dieux qu’ils encensent, et ces dieux ne les sauveront pas au temps de leur malheur. 13 Car, autant tu as de villes, autant tu as de dieux, Juda, et autant il y a de rues à Jérusalem, autant vous avez dressé d’autels à l’infamie, d’autels pour encenser Baal.

Autant tu as de villes. Comparez Jérémie 2.28.

14 Et toi, n’intercède pas pour ce peuple, et n’élève point en sa faveur de supplication et de prière, car je n’écoute point lorsqu’ils m’invoquent au temps de leur malheur. 15 Qu’est-ce que ma bien-aimée a à faire dans ma maison ? Des machinations ! Est-ce que les vœux et la chair sacrée enlèveront de dessus toi le malheur, que tu puisses te féliciter ?

Pour rendre le texte de ce verset intelligible, les Septante y avaient déjà apporté quelques modifications et leur exemple est généralement suivi. Nous n’avons pas cru nécessaire de recourir à ce moyen. Dans ce verset, Jérémie reproche à Israël d’allier les formes extérieures de la religion à une vie de péché ; comparez avec le chapitre 7.

Ma bien-aimée : la fille de Sion ; comparez l’expression correspondante appliquée à Dieu, Ésaïe 5.1.

Des machinations ! Ils viennent dans le temple délibérer, sur quoi ? Sur de nouveaux crimes à commettre, et cela, tout en offrant leurs vœux et leurs sacrifices (la chair sacrée).

Te féliciter : d’avoir échappé.

16 Olivier verdoyant, orné de beaux fruits : c’est le nom que l’Éternel t’avait donné. Au bruit d’un grand fracas, il y met le feu, et ses rameaux sont brisés.

Olivier : même comparaison Osée 14.6 ; Psaumes 52.10 ; Psaumes 128.3.

Orné de beaux fruits : l’olivier n’est beau que par ses fruits.

Le nom que l’Éternel t’avait donné. Le nom exprime dans l’Écriture l’idée que doit réaliser l’être qui le reçoit.

Au bruit d’un grand fracas. L’image est celle d’un coup de foudre qui, éclatant avec fracas, brise et allume l’arbre. Dans la réalité, ce sera l’invasion ennemie.

17 L’Éternel des armées, celui qui t’avait planté, a annoncé le mal contre toi, à cause du mal qu’ont fait la maison d’Israël et la maison de Juda pour m’irriter en encensant Baal. 18 Et l’Éternel m’a informé, et j’ai su,… alors tu m’as fais voir leurs œuvres !

Tentative de meurtre des gens d’Anathoth (11.18 à 12.17)

Cette entrée en matière est très propre à éveiller l’attention du lecteur. Il ne sait pas d’abord de quoi il s’agit ; ce n’est que par degrés qu’il est initié au complot meurtrier que Dieu a déjà fait connaître à son prophète.

19 Moi, j’étais comme un agneau familier qu’on mène tuer ; et je ne savais pas qu’ils formaient des desseins contre moi : Détruisons l’arbre avec son fruit ! Retranchons-le de la terre des vivants, et qu’on ne se rappelle plus son nom !

Un agneau familier (domestique), tel que les Arabes en gardent encore et qui est comme un membre de la famille. Le même usage existait chez les Hébreux. Comparez 2 Samuel 12.3. Un être aussi inoffensif que Jérémie ne devait pas s’attendre à exciter tant de haines. Mais la vérité, dure à entendre, est par là même dangereuse à dire.

L’arbre avec son fruit : le prophète avec sa parole importune. Ils comptent anéantir jusqu’au souvenir du nom du prophète. Dieu s’est plu à infliger à ceux qui parlaient ainsi un éclatant démenti !

20 Mais l’Éternel des armées juge avec justice. Il sonde les reins et le cœur ; je verrai la vengeance que tu tireras d’eux, car c’est à toi que j’ai remis ma cause.

La vengeance que tu tireras d’eux. Dieu se venge lui-même en vengeant son prophète, parce que c’est Dieu qu’on offense dans la personne de son serviteur.

Jérémie peut sans crainte en appeler à la toute-science de Dieu, parce qu’il a été un serviteur fidèle.

C’est à toi que j’ai remis ma cause. Comparez Lévitique 19.18 et 1 Pierre 2.23.

21 C’est pourquoi l’Éternel a parlé ainsi au sujet des hommes d’Anathoth qui en veulent à ta vie et disent : Ne prophétise pas au nom de l’Éternel, si tu ne veux mourir de notre main ! 22 C’est pourquoi l’Éternel des armées a parlé ainsi : Voici, je vais les punir ; les hommes d’élite mourront par l’épée ; leurs fils et leurs filles mourront de faim ; rien ne restera d’eux, car j’amènerai le malheur sur les hommes d’Anathoth, l’année de leur visitation.

C’est pourquoi l’Éternel… Il y a de l’émotion dans cette répétition. Elle exprime l’infaillibilité de la menace.