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Hébreux 5
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Hébreux 5

Rapports du souverain sacrificateur lévitique avec les hommes qu’il représente

Il est choisi d’entre eux et institué pour présenter à Dieu leurs sacrifices. Faible, il peut être indulgent aux faibles et doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés (1-3).

L’institution divine du souverain sacrificateur

Le souverain sacrificateur doit être établi par Dieu, comme le fut Aaron. Christ aussi a reçu une telle investiture, quand Dieu l’a appelé son Fils et l’a déclaré sacrificateur à toujours selon l’ordre de Melchisédek (4-6).

Christ devenu, par son obéissance, un sacrificateur accompli et l’auteur d’un salut éternel

Dans une allusion à l’agonie de Gethsémané, l’auteur rappelle les supplications de Christ en face de la mort et l’exaucement qu’il obtint ; lui, le Fils, apprit ainsi l’obéissance, et, élevé à la perfection, il est devenu le Sauveur de ceux qui lui obéissent, conformément à la déclaration de Dieu qui l’établissait souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédek (7-10).

Christ, souverain sacrificateur institué selon les règles et rendu accompli par la mort qu’il a soufferte

1 Car tout souverain sacrificateur, pris d’entre les hommes, est établi pour les hommes en vue des choses qui concernent Dieu, afin qu’il offre des dons et des sacrifices pour les péchés,

Christ, souverain sacrificateur, institué selon les règles et rendu accompli par la mort qu’il a soufferte (1-10)

C’est-à-dire en vue des choses qui concernent les rapports de l’homme avec Dieu : le pardon des péchés, la réconciliation avec Dieu, le culte que l’homme doit rendre à Dieu (Hébreux 2.17). L’auteur poursuit le grand sujet qu’il a commencé dans Hébreux 4.14-16 et qu’il développera jusqu’à la fin du chapitre Hébreux 10, interrompant une seule fois son exposé par une exhortation, Hébreux 5.11 à Hébreux 6.20.

Traitant de la souveraine sacrificature de Jésus-Christ, l’auteur la compare à celle de l’ancienne Alliance et il en fait ressortir par degrés la supériorité infinie et la perfection ; car elle est la réalité de la rédemption, dont l’autre n’était que l’image. L’auteur donne comme motif (car) de nous confier dans le souverain sacrificateur que nous avons (Hébreux 4.15) et, par conséquent, de nous approcher avec assurance du trône de grâce (Hébreux 4.16), le fait que ce sacrificateur a bien les deux caractères que doit présenter tout souverain sacrificateur :

  1. il est pris d’entre les hommes, n’est étranger à aucune de leurs misères (pensée développée à Hébreux 5.2 ; Hébreux 5.3) ;
  2. il est établi de Dieu, solennellement mis à part pour son office, qui est d’offrir des sacrifices pour le péché (Hébreux 5.4 et suivants) Et c’est ainsi que l’auteur est amené, ici déjà (Hébreux 5.7-9), à nous montrer Jésus-Christ s’immolant soi-même, tout ensemble sacrificateur et victime.

Les mots dons ou « offrandes », et sacrifices désignent les sacrifices non sanglants et les sacrifices sanglants (Comparez Romains 12.1, 3e note et ci-dessous Hébreux 9 et Hébreux 10).

2 étant capable d’avoir compassion de ceux qui sont dans l’ignorance et dans l’égarement, puisque lui-même aussi est enveloppé de faiblesse,

Le premier caractère du sacrificateur est « d’être pris d’entre les hommes » (Hébreux 5.1, note) afin qu’il offre des sacrifices et accomplisse son office de médiateur, en tant qu’il est capable de compatir aux infirmités de ses semblables, infirmités qu’il connaît par sa propre expérience.

C’est là aussi le caractère que l’auteur a déjà relevé dans notre grand Sacrificateur (Hébreux 2.17-18 ; Hébreux 4.15).

Seulement le mot par lequel il exprime ici la compassion des sacrificateurs de l’ancienne Alliance est différent de celui qu’il emploie (Hébreux 4.15) en parlant du Sauveur. On pourrait le rendre par user d’indulgence, littéralement souffrir avec mesure, c’est-à-dire, faire intervenir la modération et la douceur dans l’impression qu’ils ressentent du mal chez les autres.

Ceux envers qui ils doivent agir ainsi sont (grec) les ignorants et les errants. On admet généralement que ces mots font allusion à la distinction établie dans la loi entre les péchés accomplis « à main levée », dont l’auteur devait être retranché du milieu du peuple et les fautes commises involontairement, pour lesquelles le sacrificateur pouvait intervenir (Lévitique 4.13 ; Lévitique 5.15-17 ; Nombres 15.27-31).

Si cette disposition de la loi a inspiré la parole de notre verset, celle-ci doit être prise cependant dans un sens plus général : ceux dont il est question sont les hommes pécheurs de toute nation et de toute condition, que leurs péchés, quelle qu’en fût la nature, ont plongé dans l’ignorance (Actes 17.23) et l’égarement (1 Pierre 2.25).

Le souverain sacrificateur est enveloppé de faiblesse, la faiblesse l’entoure comme un vêtement, elle le paralyse ; dans Actes 28.20, le même verbe est employé de la chaîne dont Paul est lié.

3 et que, à cause de cette faiblesse, il doit offrir pour lui-même, aussi bien que pour le peuple, des sacrifices pour les péchés.

Ce n’était qu’après s’être purifié lui-même par des sacrifices que le sacrificateur pouvait remplir ses saintes fonctions (Lévitique 9.7 ; Lévitique 16.3 ; Lévitique 16.6 ; Lévitique 16.11 ; Lévitique 16.17 ; Lévitique 16.24 ; Lévitique 4.3 et suivants) ; alors seulement il les remplissait à la fois avec le sentiment de son infirmité et avec la conscience d’être purifié de ses souillures et apte à se présenter devant Dieu dans le sanctuaire.

L’auteur n’applique point ce premier caractère à Christ. Il se contente de ce qu’il vient de dire (Hébreux 4.15) et plus tard il affirmera positivement qu’il nous fallait un Sacrificateur parfaitement saint, qui n’eût pas besoin de tels sacrifices pour ses propres péchés (Hébreux 7.26 ; Hébreux 7.27). Cela montre d’une manière plus éclatante encore combien la réalité est supérieure au symbole.

Quant au second caractère de tout sacrificateur, indiqué à Hébreux 5.1, qu’il doit être directement « établi de Dieu », l’auteur nous le montre existant en Jésus-Christ (Hébreux 5.4 et suivants).

4 Et, nul ne s’attribue à soi-même cette dignité, mais il y est appelé de Dieu, comme le fut aussi Aaron.

Comparer Exode 28.1 et suivants ; Lévitique 8.1 et suivants et 2 Chroniques 26.18.

Si Dieu n’avait pas lui-même établi la souveraine sacrificature et donné cette dignité à la famille d’Aaron qui l’exerçait par son autorité, nul parmi le peuple n’aurait pu savoir si Dieu acceptait les sacrifices qui étaient offerts pour les péchés.

5 De même aussi le Christ ne s’est point attribué lui-même la gloire d’être souverain Sacrificateur ; mais il la tient de celui qui lui a dit : Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui ;

Psaumes 2.7, comparez Hébreux 1.5, note.

Dans ce dernier passage, l’auteur citait la parole de Psaumes 2 comme preuve que Jésus est le Fils de Dieu.

Or la sacrificature royale de Jésus-Christ est impliquée dans cette déclaration faite par Dieu au Messie, puisque dans Hébreux 1.5 l’auteur admet que la parole du Psaume 2 fut adressée à Christ lors de sa résurrection et de sa glorification, par lesquelles il est entré pour nous dans les lieux très saints comme sacrificateur, pensée à laquelle il revient fréquemment (Hébreux 4.14, note ; comparez Hébreux 7.16).

Il faut, pour traduire littéralement, rendre de cette manière les premiers mots de notre verset : De même aussi le Christ ne s’est point glorifié lui-même pour devenir souverain Sacrificateur, mais celui qui lui a dit : Tu es mon Fils… l’a glorifié.

6 comme il dit aussi dans un autre endroit : Tu es Sacrificateur éternellement, selon l’ordre de Melchisédek.

Psaumes 110.4. Voir pour le sens de cette citation Hébreux 7.1 et suivants, où l’auteur développe sa pensée.

7 C’est lui qui, dans les jours de sa chair, ayant offert avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à Celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé et délivré de la crainte,

De sa vie humaine (Hébreux 2.14, 2e note) et tout particulièrement de ses dernières souffrances en la chair (1 Pierre 3.18).

Les faits rappelés dans la suite du verset sont encore la preuve que Jésus ne s’est point lui-même glorifié en s’attribuant la sacrificature (Hébreux 5.5), car tout en lui fut, au contraire, souffrance, obéissance (Hébreux 5.7 ; Hébreux 5.8) et compassion (Hébreux 5.2).

L’auteur rappelle dans ces émouvantes paroles la scène de Gethsémané qu’il suppose connue de tous les lecteurs (comparez Luc 22.41 et suivants ; Matthieu 26.36 et suivants) et il nous en donne une précieuse explication.

C’est comme Sacrificateur et Sacrificateur établi de Dieu (Hébreux 5.4-10), que Jésus a souffert. Quiconque ne voit pas cela dans l’histoire de la passion ne saurait la comprendre.

Ce que Jésus-Christ a offert, avec de grands cris et avec larmes, ce furent d’ardentes prières et des supplications prononcées dans son angoisse.

Le mot rendu par supplications désigne la démarche de ceux qui viennent implorer le secours. Il ne se trouve qu’ici dans le Nouveau Testament.

Par ces grands cris (au singulier dans l’original) on ne saurait entendre le dernier cri de Jésus sur la croix (Matthieu 27.50 ; Marc 15.37 ; Luc 23.46), car dans ce cri Jésus ne demandait pas à être sauvé de la mort. Les récits évangéliques de la scène de Gethsémané ne mentionnent pas les larmes et les cris de Jésus. Ce trait est parvenu à la connaissance de l’auteur par la tradition orale, à moins qu’il ne l’ait ajouté de sa propre autorité pour peindre la tristesse et les angoisses du Sauveur.

Les mots : à celui qui pouvait le sauver de la mort, rappellent ceux des évangiles : « Père, toutes choses te sont possibles ; détourne cette coupe loin de moi » (Marc 14.36) !

Le Sauveur en appelait, dans ses supplications, à la toute-puissance de Dieu et en même temps il ajoutait : « Que ta volonté soit faite et non la mienne ». Et après avoir fait le sacrifice complet de sa volonté à la volonté de Dieu, il put, avec un sentiment de profonde compassion (Hébreux 4.15) et en même temps avec la conscience d’être élevé au-dessus de la possibilité de faillir, s’offrir à Dieu comme le Médiateur parfait des hommes pécheurs.

Grec : Et ayant été exaucé et délivré de la crainte. Encore un précieux commentaire de la scène de Gethsémané. Qu’était-ce que la « coupe » que le Sauveur suppliait Dieu d’éloigner de lui ? La mort physique et les souffrances qui l’accompagnent ? en ce cas, Jésus se serait montré le moins courageux des martyrs et de plus, il ne serait pas vrai qu’il eût été exaucé, puisqu’il mourut sur la croix.

Mais l’auteur entend par la mort, comme le fait toujours l’Écriture (Jacques 5.20), la mort de l’âme aussi bien que du corps, la séparation d’avec Dieu, les indicibles angoisses de la mort seconde. Voilà ce qui causait la crainte de Jésus, « mis au rang des transgresseurs, ; » (Marc 14.33 ; Luc 22.44) il supplia Dieu de le sauver, de le délivrer de cette crainte ; et il fut exaucé.

Les faits rapportés par les évangélistes sont en parfaite harmonie avec cette parole : le courage que déploya le Sauveur lorsqu’il s’avança au-devant de ses ennemis en protégeant ses disciples, immédiatement après la terrible lutte où il fut près de succomber, montre qu’une force nouvelle venait de lui être accordée d’en haut (comparer Luc 22.43).

Plusieurs exégètes pensent que Jésus fut exaucé, non par cette délivrance morale, spirituelle, mais par sa résurrection. Nous ne voudrions pas exclure ce sens, mais il n’est assurément pas le premier dans la pensée de l’auteur, puisqu’en Gethsémané ce n’était pas la résurrection que Jésus implorait de son Père.

La plupart de nos versions modernes, à la suite des Pères grecs, de la Vulgate, de Luther, ont rendu ainsi les paroles qui nous occupent : « Il fut exaucé à cause de sa crainte de Dieu », ou « à cause de sa piété ». Mais relever la piété du Sauveur, en un tel moment et attribuer à cette piété l’exaucement de sa prière, a quelque chose d’étrange.

Le mot employé par l’auteur signifie, il est vrai, plutôt circonspection, quand on le prend dans son sens général de crainte. Mais le verbe d’où il est formé se trouve avec le sens de fuir, redouter. Et ce sens prévaut dans notre passage, comme divers passages de la version des Septante, dans Sapient 17.8 et peut être dans Hébreux 12.28. Il est admis par l’Itala, la Peschito, Calvin, Bengel, Weiss, Kübel, Weizsäcker, von Soden.

Il nous paraît que l’idée principale de la phrase, exprimée (Hébreux 5.8) par ces mots : « Il apprit l’obéissance par les choses qu’il a souffertes », recommande cette interprétation. La souffrance morale est indiquée comme la cause de la lutte soutenue par Jésus et c’est d’elle qu’il fut délivré en réponse à ses prières.

8 quoiqu’il fût Fils, a appris, par les choses qu’il a souffertes, l’obéissance ;

L’esclave, le serviteur est né pour obéir ; le fils est destiné au commandement (Matthieu 4.3 ; Matthieu 4.6), or, quoique Fils Jésus a obéi (C’est le même contraste que l’on retrouve dans Philippiens 2.5-8).

Et c’est ainsi qu’il est à la fois notre Sauveur et notre modèle, type de l’humanité régénérée.

Mais ici il y a une autre pensée non moins frappante : il a appris l’obéissance, et cela, par les choses qu’il a souffertes, non qu’il n’eut pas toujours connu et pratiqué l’obéissance, mais, dans la carrière de douleur qu’il parcourut jusqu’à son dernier soupir, il passa d’un sacrifice à l’autre de sa volonté et acquit à chaque pas la conscience toujours plus claire d’une obéissance portée jusqu’à la plus haute perfection (Hébreux 5.9).

9 et ayant été élevé à la perfection, il est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent, l’auteur d’un salut éternel,

Le mot que nous rendons par élevé à la perfection, que d’autres traduisent par étant accompli, consommé et nos anciennes versions, d’après Calvin, par consacré, revient souvent dans notre épître, appliqué tantôt aux chrétiens (Hébreux 10.10-14 ; Hébreux 11.40 ; Hébreux 12.23), tantôt au Sauveur lui-même (Voir, outre notre verset, Hébreux 2.10 ; Hébreux 7.28).

Ce mot signifie, d’après son étymologie, être parvenu au but, être achevé, rendu parfait et doit s’entendre au sens religieux et moral.

Lorsqu’il s’agit des enfants de Dieu, ce terme indique le moment où, affranchis de tout péché et de toutes les suites morales du péché, il n’y a plus pour eux de combat, mais le repos après la victoire, l’union complète avec Dieu dans la sainteté, l’amour, la joie.

Appliqué au Sauveur, ce verbe exprime :

  1. son affranchissement de toutes les infirmités de la chair, de notre nature qu’il avait revêtue ;
  2. dans un sens plus intime encore, l’harmonie parfaite de sa volonté avec la volonté de Dieu, surtout dans les souffrances, l’obéissance, le renoncement, le sacrifice de lui-même, comme souverain Sacrificateur (Hébreux 5.8 ; Hébreux 2.10) ;
  3. sa glorification, la possession pleine et entière de la gloire et de la félicité du ciel qu’il s’est acquises, en tant qu’homme, par ses combats et sa victoire.

Tel est le sens du mot dans notre passage et dans Hébreux 7.28.

Mais Christ n’est jamais considéré comme isolé de ses rachetés : tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a, tout ce qu’il est, ses rachetés y ont part et le possèdent en lui. C’est pourquoi l’auteur peut tirer de l’élévation de Jésus à la perfection cette conclusion : il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel.

Il n’y a pas ici, comme partout ailleurs : « pour ceux qui croient ; » car l’auteur, venant de parler de l’obéissance du Christ, qui à été pour lui le chemin de la gloire, tient à indiquer que ceux qui croient en lui doivent le suivre dans cette même voie, la seule qui conduise là où il est. Il est évident qu’on ne peut le suivre que par une foi vivante, mais cette foi, c’est l’obéissance même, comme l’incrédulité, c’est la révolte (Hébreux 3.12, 2e note).

10 ayant été proclamé par Dieu souverain Sacrificateur selon l’ordre de Melchisédek.

Dieu l’a proclamé tel en le glorifiant et en l’élevant à la perfection (comparez Hébreux 1.5. 2e note) et dès lors Christ accomplit perpétuellement son office de Sacrificateur dans les lieux très saints, en faveur de ceux qui s’approchent de lui (Hébreux 4.14, note).

Quant au parallèle entre Christ et Melchisédek, voir Hébreux 7.1 et suivants, note.

11 Au sujet de ce souverain Sacrificateur, nous avons beaucoup à dire, et des choses difficiles à expliquer, parce que vous êtes devenus lents à comprendre.

Sujet difficile et lecteurs peu avancés

L’auteur a beaucoup à dire sur la sacrificature de Christ, mais ses lecteurs sont devenus paresseux d’esprit ; eux qui devraient être depuis longtemps capables d’enseigner les autres, ils en sont encore aux rudiments, ils ont besoin de lait (11, 12).

Les enfants et les hommes faits

Les enfants, qui s’en tiennent au lait des éléments, ne se sont pas approprié, par une foi d’expérience, la rédemption en Christ ; les hommes faits ont le sens moral exercé à distinguer le bien du mal (13, 14).

Répréhension aux lecteurs sur leur lenteur à comprendre (11-14)

Grec : Au sujet duquel.

On peut voir dans ce pronom relatif un neutre et traduire : à ce sujet. Mais il est plus naturel de le prendre au masculin et de le rapporter non à Melchisédek, mais au souverain sacrificateur l’ordre de Melchisédek.

C’est au sujet de Jésus et de la sacrificature dont il est revêtu, que l’auteur a (grec) un discours considérable et difficile à interpréter en l’exposant, à cause de l’inintelligence de ses lecteurs. Avant d’entreprendre cette tâche ardue, il éprouve le besoin de réveiller leur attention par une répréhension sévère et une pressante exhortation dans laquelle il leur reproche leurs dispositions (Hébreux 5.11 à Hébreux 6.3), montre le danger que celles-ci leur font courir (Hébreux 6.4-8), puis adresse des paroles d’encouragement et d’espérance (Hébreux 6.9-20).

Grec : Paresseux d’ouïes, ce qui doit s’entendre, au sens figuré, de la lenteur à recevoir les vérités du salut. Les temps de paresse spirituelle suivent d’ordinaire les réveils. Les Hébreux n’avaient pas toujours été tels, ils l’étaient devenus. Au zèle des premiers jours, créé et entretenu par l’esprit de la Pentecôte, avaient succédé la tiédeur et la mollesse (comparer Hébreux 10.32).

12 Car vous qui devriez aussi être des maîtres, vu le temps, vous avez de nouveau besoin que quelqu’un vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu ; et vous en êtes venus à avoir besoin de lait, et non de nourriture solide.

Grec : Car vous devriez être maîtres (propres à enseigner les autres) à cause du temps, du long temps écoulé déjà depuis votre conversion. L’avancement des chrétiens dans la connaissance et dans la vie intérieure ne se mesure pas toujours par les années !

Les oracles de Dieu sont ses déclarations, ses révélations en général. D’après Hébreux 6.1, la plupart des interprètes entendent par les rudiments de ces oracles les « éléments de la doctrine de Christ » et non les révélations de l’Ancien Testament. On a proposé de traduire : « qu’on vous enseigne quels sont les rudiments ». Mais cette traduction est moins justifiable. Il y a proprement, dans l’original, les rudiments du commencement des oracles de Dieu.

Dans Hébreux 6.1, il y a de même : « la parole du commencement du Christ ». On a rapproché cette expression de celle employée Hébreux 3.14. Le commencement de la foi correspond au commencement de la révélation. Ce commencement n’est pas, dans la pensée de l’auteur, l’enseignement qu’il vient de donner sur le Révélateur et Médiateur de la nouvelle Alliance (Hébreux 1 à Hébreux 5.10) ; il a en vue certaines instructions élémentaires par lesquelles débutait la prédication chrétienne chez les Juifs comme chez les païens (Hébreux 6.2, note).

Comparer 1 Corinthiens 3.1 ; 1 Corinthiens 3.2 et dans un sens différent, 1 Pierre 2.2.

13 Car quiconque en est au lait, ne saurait comprendre une parole de justice ; car il est un enfant.

L’auteur passe dans la même phrase du style figuré au langage propre (comparer Luc 9.62).

Grec : Celui qui participe au lait est inexpérimenté (ou ignorant) d’une parole de justice ; car il est un petit enfant.

Par une parole de justice, on a entendu la doctrine de la réconciliation avec Dieu par Christ. Mais l’absence des articles porte la plupart des interprètes modernes à admettre que l’auteur pense à un discours, un enseignement qui expose avec justesse, d’une manière exacte et complète, la vérité chrétienne.

14 Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, qui, grâce à l’habitude, ont le sens exercé à discerner le bien et le mal.

Encore ici l’auteur emploie des figures empruntées à la condition de l’homme physique, pour représenter les qualités morales qu’il exige de ses lecteurs.

Pour comprendre ses enseignements, ils devront avoir exercé leur sens moral, par l’habitude, par l’usage, à discerner ce qui est bien et ce qui est mal.

Il faut vivre la vérité pour la comprendre. La connaissance de la vérité qui sauve ne dépend pas du développement de l’intelligence elle n’est pas le privilège des mieux doués ni des plus instruits (Matthieu 11.25 ; 1 Corinthiens 1.19-25).

La seule condition que tout homme doit remplir, c’est d’avoir le sens exercé à discerner le bien et le mal, c’est-à-dire une conscience qui ne soit ni émoussée ni endormie par le péché, mais qui, toujours en éveil, juge sévèrement le mal dans toutes ses manifestations, fasse sentir au pécheur le besoin qu’il a du pardon de Dieu, entretienne en lui une ardente aspiration à la sainteté et le dispose de la sorte à recevoir le salut qui est en Christ.

Le mot rendu ici par hommes faits, parce qu’il est mis en opposition avec « enfant » (Hébreux 5.13), signifie proprement les parfaits, ceux qui sont parvenus au but (1 Corinthiens 2.6 ; Éphésiens 4.13 ; Philippiens 3.15 ; Colossiens 1.28 ; Jacques 1.4).