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Genèse 39
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Joseph fut emmené en Égypte, et Potiphar, officier de Pharaon, chef des gardes, homme égyptien, l’acheta des Ismaélites qui l’y avaient amené.

Joseph chez Potiphar (1-20)

Versets 1 à 6 — Joseph devient intendant de Potiphar

Potiphar, officier de Pharaon, chef des gardes. Voir Genèse 37.36, note.

Homme égyptien : par opposition aux vendeurs, qui sont ismaélites et à l’esclave, qui est hébreu. Plusieurs, s’appuyant sur le fait que la dynastie qui régnait alors était probablement d’origine sémitique (hyksos), ont pensé que ces mots avaient pour but de distinguer Potiphar d’autres fonctionnaires, qui auraient appartenu à la même race que le roi. Mais rien dans le texte ne justifie ce sens. Les conquérants étrangers ont tous adopté, les mœurs égyptiennes et ne se sont point distingués des habitants du pays.

2 Et l’Éternel fut avec Joseph, et Joseph menait toutes choses à bien et son maître, l’Égyptien, le plaça dans sa maison.

Menait toutes choses à bien ; littéralement : était un homme qui fait réussir.

Dans sa maison. Au lieu d’un service extérieur aux champs ou dans les dépendances, Joseph reçoit une fonction dans la maison même de Potiphar. C’est un premier degré d’avancement.

3 Et son maître vit que l’Éternel était avec lui, et que l’Éternel faisait réussir entre ses mains tout ce qu’il faisait. 4 Et Joseph trouva grâce à ses yeux, et il fut employé à son service, et son maître l’établit sur sa maison et lui remit tout ce qui lui appartenait.

Employé à son service. Potiphar l’attache plus directement à sa personne. C’est le second degré d’élévation.

L’établit sur sa maison : en fit son intendant. C’était une charge considérable, car les grands seigneurs en Égypte possédaient non seulement de vrais palais, avec de vastes magasins à provisions, mais encore des domaines considérables. Chaque grande maison avait son intendant, que nous trouvons représenté sur les monuments tenant à la main tantôt un bâton, tantôt une tablette sur laquelle il prend note des revenus de son maître.

5 Et dès qu’il l’eut établi sur sa maison et sur tout ce qui lui appartenait, l’Éternel bénit la maison de l’Égyptien à cause de Joseph. Et la bénédiction de l’Éternel fut sur tout ce qui lui appartenait, dans la maison et aux champs. 6 Et il abandonna aux soins de Joseph tout ce qui lui appartenait, et avec lui il ne s’informa plus de rien, si ce n’est des aliments qu’il prenait. Et Joseph était beau de taille et beau de visage.

Avec lui. Ici et au verset 8, nous hasardons cette locution, qui nous parait seule rendre l’idée du texte hébreu.

Si ce n’est des aliments qu’il prenait. Ou bien il indiquait lui-même les mets qu’il désirait, ou bien il veillait lui-même à la préparation des aliments, qu’il ne pouvait confier à un étranger, parce qu’elle était compliquée en Égypte de nombreuses prescriptions rituelles.

Versets 6 à 20 Joseph vainqueur de la tentation

On avait souvent mis en doute la vérité de ce récit, en prétendant qu’il n’était point d’accord avec les mœurs égyptiennes et que jamais un serviteur ne pénétrait dans le harem où les femmes étaient enfermées. On en concluait que toute cette histoire avait été inventée par un Israélite qui ignorait les usages du pays. Or les découvertes faites récemment en Égypte ont démontré le caractère parfaitement égyptien de ce récit. Les femmes jouissaient alors d’une indépendance qu’elles ont perdue plus tard. On voit, dans les peintures des monuments, des femmes assises à côté des hommes, ou prenant part avec eux à des festins, ou sortant accompagnées de leurs serviteurs. Joseph pouvait donc rencontrer chaque jour la femme de Potiphar dans la maison de son maître.

On a retrouvé un conte égyptien (manuscrit d’Orbiney), le Roman des deux frères, qui date du temps de l’Exode et qui renferme une histoire tout à fait analogue à celle de Joseph. Une femme cherche à séduire le frère cadet de son mari, employé comme serviteur dans la maison. Les paroles qu’ils échangent sont presque identiques à celles que rapporte la Genèse. Ce n’est sans doute qu’une œuvre d’imagination, mais ce récit fictif, en faisant connaître les mœurs du temps, prouve que l’aventure de Joseph est très vraisemblable.

7 Et il arriva après ces choses que la femme de son maître jeta les yeux sur Joseph et dit : Couche avec moi. 8 Et il refusa et dit à la femme de son maître : Voici mon maître ne s’informe avec moi de rien dans la maison, et il a remis entre mes mains tout ce qui lui appartient. 9 Il n’est pas plus grand que moi dans cette maison, et il ne m’a rien interdit que toi, parce que tu es sa femme. Comment ferais-je ce grand mal et pécherais-je contre Dieu ?

La traduction ordinaire : Nul n’est plus grand que moi… ne tient pas compte de l’un des mots du texte.

10 Et comme elle en parlait tous les jours à Joseph et qu’il ne consentait point à coucher auprès d’elle ni à être avec elle, 11 il arriva un certain jour que Joseph, étant entré dans la maison pour faire ses affaires, sans qu’il y eût là au logis aucun des gens de la maison, 12 elle le saisit par son vêtement en disant : Couche avec moi. Et il lui laissa son vêtement dans la main, et il s’enfuit et sortit de la maison. 13 Et quand elle vit qu’il lui avait laissé son vêtement dans la main et qu’il s’était enfui dehors, 14 elle appela les gens de sa maison et leur parla disant : Voyez, on nous a amené un homme hébreu pour s’amuser de nous. Il est entré vers moi pour coucher avec moi ; et j’ai appelé à grands cris ;

On. Manière irrespectueuse de désigner son mari.

Un homme hébreu. Comparez Genèse 10.24 et Genèse 14.13, notes.

S’amuser de nous. Elle parle probablement aux domestiques femmes.

15 et quand il a entendu que j’élevais la voix et que je criais, il a laissé son vêtement à côté de moi et s’est enfui et est sorti de la maison. 16 Et elle garda près d’elle le vêtement de Joseph jusqu’à ce que son maître rentrât. 17 Et elle lui parla de cette manière, disant : Le serviteur hébreu que tu nous as amené est venu vers moi pour s’amuser de moi. 18 Et quand j’ai élevé la voix et que j’ai appelé, il a laissé son vêtement à côté de moi et s’est enfui dehors. 19 Et quand le maître de Joseph eut entendu les paroles de sa femme, qui lui disait : Voilà ce que m’a fait ton serviteur, sa colère s’enflamma.

Sa colère s’enflamma : probablement aussi bien contre sa femme que contre Joseph. S’il avait eu une entière confiance aux paroles de sa femme, il aurait traité ce dernier plus sévèrement. En effet, quoique la position des esclaves fût très douce en Égypte, le maître avait cependant le droit, en cas semblable, de mutiler son esclave coupable ou de lui faire administrer jusqu’à mille coups de fouet.

20 Et le maître de Joseph le prit et le mit dans la prison ; c’était le lieu où étaient détenus les prisonniers du roi. Il fut là dans la prison.

La prison : Beth-hassohar, proprement la maison d’arrêt, de détention. Le mot sohar ne se retrouve pas ailleurs dans l’Ancien Testament ; il est égyptien et signifie tenir à l’écart.

Si, comme le pensent plusieurs commentateurs, la résidence était à Memphis, il est probable que cette Beth-hassohar désigne ici la prison qui faisait partie de la citadelle de la ville, appelée Muraille blanche dans les inscriptions et par les auteurs anciens. Cette citadelle était fort vaste et renfermait, outre les prisons, les demeures des soldats et plusieurs temples. Memphis est même souvent nommée dans les inscriptions : Ville de la Muraille blanche. Potiphar, comme chef de la police du royaume, avait la surintendance de cette prison d’État et c’est là qu’il fait enfermer Joseph.

Il fut là dans la prison. Après l’élévation que Joseph avait obtenue graduellement, cette rechute subite dans l’état le plus misérable est particulièrement pénible pour sa foi.

21 Et l’Éternel fut avec Joseph, et il étendit sur lui sa bonté et lui concilia la faveur du gouverneur de la prison.

Joseph en prison (31.21 à 50.23)

Versets 21 à 23 — Joseph devient intendant de la prison

Gouverneur de la prison : non plus Potiphar, mais le geôlier en chef, qui était sous ses ordres.

22 Et le gouverneur de la prison confia à Joseph tous les prisonniers qui étaient dans la prison ; et tout ce qui s’y faisait, c’était lui qui le faisait. 23 Le gouverneur de la prison ne prenait connaissance de rien de tout ce que Joseph avait en mains, parce que l’Éternel était avec lui et que l’Éternel faisait réussir ce qu’il faisait.