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Genèse 33
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Et Jacob leva les yeux et aperçut Ésaü qui venait, avant avec lui quatre cents hommes. Et il partagea les enfants entre Léa, Rachel et les deux servantes.

Rencontre avec Ésaü (1-16)

Il partagea. D’après Genèse 30.7, Jacob avait déjà partagé ses troupeaux et ses serviteurs en deux troupes ; il ne s’agit plus ici que de sa famille proprement dite, qui était tout entière avec lui.

2 Et il plaça les servantes et leurs enfants en tête, ensuite Léa et ses enfants, et ensuite Rachel et Joseph.

Léa est la première des deux femmes, comme la moins aimée, car le danger est grand.

3 Et lui-même passa devant eux et se prosterna en terre sept fois, jusqu’à ce qu’il fût proche de son frère.

Se prosterna. Cet hommage envers son frère, qui reste son aîné et son supérieur, est conforme aux mœurs de l’Orient.

4 Et Ésaü courut à sa rencontre, l’embrassa, se jeta à son cou et lui donna un baiser, et ils pleurèrent.

Toute pensée de vengeance disparaît du cœur d’Ésaü, lorsqu’il voit son frère humilié devant lui et dénué de tout moyen de résistance. C’est l’effet de la bénédiction divine rendue à Jacob.

Lui donna un baiser. Ce mot est marqué d’un signe de doute dans les bibles hébraïques. Les rabbins en effet n’ont pas pu croire à la sincérité de ce baiser ; ils se sont imaginé qu’Ésaü avait mordu Jacob et que tous deux avaient pleuré, Jacob parce que cette morsure était douloureuse, Ésaü parce que les dents lui faisaient mal !

5 Puis il leva les yeux et vit les femmes et les enfants, et il dit : Qui sont ceux que tu as là ? Et il dit : Ce sont les enfants que Dieu a accordés à ton serviteur.

Qui sont ceux que tu as là ? Le sens exact serait : Que te sont ceux-là ; dans quelle relation sont-ils avec toi ?

6 Et les servantes s’approchèrent, elles et leurs enfants, et se prosternèrent. 7 Léa aussi s’approcha, elle et ses enfants, et ils se prosternèrent. Et ensuite s’approchèrent Joseph et Rachel, et ils se prosternèrent. 8 Et Ésaü dit : Que veux-tu faire avec toute cette troupe que j’ai rencontrée ? Et il dit : C’est pour trouver grâce aux yeux de mon seigneur. 9 Et Ésaü dit : J’ai bien assez, mon frère ; que ce qui est à toi soit à toi. 10 Et Jacob dit : Non, je te prie ; si j’ai trouvé grâce à tes yeux, tu accepteras, je te prie, mon offrande de ma main, car c’est pour cela que j’ai vu ta face comme on voit la face de Dieu et que tu m’as accueilli favorablement.

Si j’ai trouvé grâce… tu accepteras. Jacob tient à ce qu’Ésaü accepte ses présents, parce que, après cela, il lui sera moralement impossible de se tourner contre lui. Cette acceptation équivaudra à un renouvellement de leur fraternité. Comparez un présent qui a le même but Genèse 21.30.

Car c’est pour cela… ou à cause de cela (de ce présent). C’est ce présent qui a fait qu’en te rencontrant j’ai vu ta face s’éclairer de bienveillance envers moi comme celle de Dieu quand il se montre à ceux qu’il aime.

Puisque ce présent m’a concilié ta faveur, veut dire Jacob, ne le refuse pas maintenant, car je n’aurais plus de garantie que tu m’es favorable.

Ce sens nous paraît plus naturel que le suivant, qui a été aussi proposé : C’est pour cela, c’est-à-dire pour que tu acceptes mon présent, que je me suis présenté devant toi comme on se présente devant Dieu, c’est-à-dire avec une offrande.

11 Accepte, je te prie, mon présent qui t’a été amené, car Dieu a été, bon pour moi, et j’ai de tout. Et il le pressa, et Ésaü accepta.

Dieu a été bon pour moi. Ésaü n’a parlé que de son abondance ; Jacob fait intervenir les gratuités de l’Éternel.

12 Et il dit : Partons et marchons, et j’irai devant toi. 13 Et Jacob dit : Mon seigneur sait que les enfants sont délicats ; et je suis chargé de brebis et de vaches qui allaitent ; si on les presse un seul jour, tout le troupeau périra. 14 Que mon seigneur passe, je te prie, devant son serviteur ; et moi je cheminerai tout doucement, sur les pas du convoi qui est devant moi et sur les pas des enfants, jusqu’à ce que j’arrive chez mon seigneur, à Séir.

Sur les pas… Le berger suivait le troupeau. Ainsi Jacob règlera sa marche sur les enfants et les troupeaux ; il marchera à leur pas.

À Séir. Il paraît qu’Ésaü avait invité Jacob à se rendre avec lui à Séir et que Jacob n’avait pas osé refuser ouvertement l’invitation. À quoi lui aurait servi de se rendre dans un pays peu fertile et de s’éloigner ainsi de nouveau de la terre qui lui avait été promise ? Ou bien devrait-on admettre qu’il s’est réellement rendu au pays d’Édom, sans que ce fait soit mentionné ?

15 Et Ésaü dit : Que je laisse auprès de toi quelques-uns des gens qui sont avec moi. Et il dit : Pourquoi cela ? Que je trouve grâce aux yeux de mon seigneur.

Que je trouve grâce… Fais encore ici ma volonté. Jacob refuse tout service de la part d’Ésaü, non qu’il soupçonne un piège, mais parce qu’il veut rester tout à fait indépendant.

16 Et Ésaü retourna ce jour-là sur ses pas à Séir. 17 Et Jacob partit pour Succoth, et il se construisit une maison ; et, comme il avait fait des cabanes pour son bétail, on a nommé ce lieu-là Succoth.

Jacob à Succoth et à Sichem (33.17 à 34.31)

Succoth signifie cabanes. Cette localité était à l’est du Jourdain (Josué 13.27), entre ce fleuve et Pénuel. Comparez Juges 8.5 ; Juges 8.8.

Construisit une maison. Il passa donc un certain temps dans cet endroit, au lieu de monter tout de suite à Béthel, où il aurait dû aller s’acquitter de son vœu (Genèse 28.20-22).

18 Et Jacob, à son retour de Paddan-Aram, arriva sain et sauf à la ville de Sichem, qui est au pays de Canaan, et il campa devant la ville.

Arrivée à Sichem (18-20)

À son retour de Paddam-Aram. Il semble que nous nous trouvions en présence d’un nouveau document, qui aurait passé sous silence le séjour de Jacob à Succoth. Paddan-Aram trahit la main de l’élohiste.

Sain et sauf, en hébreu schalem. La plupart des anciennes versions ont fait de ce mot un nom propre et arrivent à ce sens : Jacob… arriva à Salem, la ville de Sichem. Sichem serait alors le nom du personnage dont il sera question au chapitre suivant. On connaît encore maintenant un village de Salim à l’est de Naplouse, l’ancienne Sichem. Mais nulle part ailleurs dans l’Ancien Testament le nom de Salem n’est appliqué à cette localité.

Cette expression fait allusion au schalom (heureusement) prononcé par Jacob dans son vœu (Genèse 28.21) : Dieu lui a accordé tout ce qu’il avait demandé ; ce serait donc le moment de monter à Béthel au lieu d’aller à Sichem. Peut-être la cause secrète de cette infidélité était-elle l’idolâtrie qui régnait dans sa famille (chapitre 35).

Sichem. Hémor avait sans doute appelé son fils du nom de sa capitale, ou bien il était le fondateur de la ville et l’avait appelée du nom de son fils.

Devant la ville : à l’est de la ville. C’est là qu’on montra plus tard le puits de Jacob et le tombeau de Joseph. Comparez Josué 24.32.

19 Et il acheta des fils de Hémor, père de Sichem, pour cent késitas, la pièce de terre où il avait dressé sa tente.

Abraham n’avait acheté qu’un tombeau ; Jacob achète un domaine. Peut-être y était-il obligé par la densité plus grande de la population.

Késitas. Ce mot ne se retrouve que dans Josué 24.32, qui fait allusion à notre passage et dans Job 42.14, il signifie probablement un objet pesé et désignait un certain poids sur lequel nous ne possédons aucune indication. La plupart des anciennes versions le traduisent par agneau, sans qu’on en sache la raison. Était-ce le prix d’un agneau, ou étaient-ce des morceaux d’argent façonnés en forme d’agneau ? Dans tous les cas ce ne pouvaient être, comme on l’a cru, des pièces de monnaie à l’effigie de l’agneau, car l’argent monnayé n’a été introduit en Palestine qu’après l’exil.

20 Et il éleva là un autel, et il l’appela Dieu fort, le Dieu d’Israël.

Dieu fort, le Dieu d’Israël. Expression abrégée pour : l’autel du Dieu fort… Le Dieu des cieux et de la terre, qui s’était révélé comme Dieu d’Abraham et d’Isaac, est maintenant aussi le Dieu d’Israël (Jacob). C’est l’accomplissement du vœu de Jacob : l’Éternel sera mon Dieu (Genèse 28.21).