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Genèse 17
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Genèse 17

Renouvellement de l’alliance de Dieu avec Abraham

Institution de la circoncision (chapitre 17)

Treize ans après la naissance d’Ismaël, Dieu promet pour la quatrième fois à Abraham une nombreuse postérité qui aura en partage le pays de Canaan. À mesure que Dieu répète sa promesse, il la précise toujours davantage.

Abraham a d’abord appris qu’il serait le père d’une nombreuse postérité (Genèse 12.2 ; Genèse 13.16), puis que cette postérité serait sienne par naissance et non par adoption (Genèse 15.4). L’Éternel va lui révéler maintenant que cette postérité lui sera donnée par Sara, son épouse légitime et non par sa servante Hagar.

La promesse a ainsi atteint son point culminant ; elle est prête à se réaliser. Dieu signale ce moment important en traitant avec Abraham et en lui avec toute cette postérité qui va lui être donnée, une alliance dont la circoncision doit être le signe.

C’est ici, à proprement parler, la seconde grande alliance de Dieu avec les hommes. La première était l’alliance noachique (chapitre 9) ; la troisième sera l’alliance mosaïque (Exode 24). Ce morceau est tiré du document élohiste.

1 Abram étant arrivé à l’âge de quatre-vingt-dix-neuf ans, l’Éternel apparut à Abram et lui dit : Je suis le Dieu puissant ; marche devant ma face et sois intègre :

L’Éternel apparaît à Abraham (1-3)

L’Éternel. Suivant un procédé qui lui est familier le rédacteur introduit lui-même le nom de Jéhova en tête du morceau élohiste pour établir la continuité de son récit.

Le Dieu puissant : en hébreu, El-Schaddaï. À chacune des trois alliances avec l’ancienne humanité correspond un nom spécial de Dieu. Ce nom marque un progrès qui s’opère à chaque fois dans la révélation de l’être divin. Elohim, le nom sous lequel Dieu se fait connaître à Noé, désigne Dieu comme celui qui a créé les cieux et, la terre ; El-Schaddaï, le nom que Dieu se donne pendant la période patriarcale, le caractérise comme l’Être tout-puissant qui dirige le cours des événements et les fait servir à la réalisation du but qu’il poursuit dans l’histoire.

Ce nom fera place plus tard (Exode 6.3) à celui de Jéhova, qui désignera le Dieu de l’alliance conclue à Sinaï avec le peuple d’Israël. Dès ce moment-là, le nom de El-Schaddaï ne sera plus en rapport avec une alliance spéciale ; ce sera une dénomination générale de Dieu, servant simplement à marquer l’opposition entre sa toute-puissance et l’infirmité humaine (Ruth 1.20 ; Job 8.3 ; Job 11.7 ; Job 21.15, etc.). Le nom nouveau que Dieu emploie ici sert à préparer Abraham à la révélation qui va suivre.

Marche devant ma face… Après s’être révélé comme le tout-puissant, Dieu indique la condition qu’Abraham doit remplir pour que l’alliance puisse être durable.

2 je veux faire alliance avec toi, et je t’accroîtrai extraordinairement.

Je t’accroîtrai extraordinairement. Dieu indique dès l’entrée le trait essentiel de l’alliance qu’il va traiter avec Abraham.

3 Et Abram tomba la face contre terre, et Dieu parla ainsi avec lui :

Dans son émotion, Abraham ne peut répondre ; il adore.

4 Voici mon alliance avec toi : tu deviendras père d’une multitude de nations,

Alliance de Dieu avec Abraham. Les versets 4 à 8 indiquent ce à quoi Dieu s’engage et les versets 9 à 14 l’obligation qui résulte de là pour Abraham. En effet, dans ce contrat bilatéral, les engagements réciproques ne sont pas de même nature. Dieu seul fait un don ; quant à Abraham, en l’acceptant, il s’oblige lui-même à se conduire d’une manière digne de sa mission. La circoncision, à laquelle il se soumet, est le signe de cet engagement.

Versets 4 à 8

Dieu S’engage à donner à Abraham une nombreuse postérité (versets 4 à 6) ; à maintenir avec cette postérité les relations spéciales dans lesquelles il entre avec Abraham (verset 7) ; à donner à cette postérité le pays de Canaan (verset 8).

Verset 4

Abraham sans doute est devenu le père d’un grand nombre de peuples qui se rattachent à lui comme à leur ancêtre commun (Israélites, Arabes ismaélites, Arabes kéturiens, Édomites) ; cependant c’est à la nombreuse postérité des enfants d’Israël que la promesse renfermée dans ce verset s’applique spécialement.

5 et on ne te nommera plus Abram, mais ton nom sera Abraham ; car je t’ai fait le père d’une multitude de nations.

C’est au moment où l’on circoncisait l’enfant qu’on lui donnait son nom (Luc 1.59 ; Luc 2.21). Dieu introduit ici cet usage en changeant le nom d’Abraham au moment de l’institution de ce rite. Ce nom nouveau signifie père d’une multitude et indique ce qui sera désormais son caractère particulier.

6 Et je te ferai croître extraordinairement, et je ferai de toi des nations ; et des rois sortiront de toi. 7 Je ferai de mon alliance avec toi et avec tes descendants d’âge en âge une alliance perpétuelle, pour être ton Dieu et le Dieu de tes descendants ; 8 et je donnerai à toi et à tes descendants le pays où tu séjournes comme étranger, tout le pays de Canaan, pour le posséder à perpétuité, et je serai leur Dieu. 9 Et Dieu dit à Abraham :
Et toi, tu garderas mon alliance, toi et tes descendants d’âge en âge.

Abraham de son côté doit garder l’alliance et le signe de cette obligation est la circoncision.

Et Dieu dit. Cette répétition indique que Dieu passe à un nouveau sujet.

Et toi, opposé au moi (en hébreu) du verset 4.

10 L’alliance que vous avez à garder, l’alliance entre moi et vous et tes descendants, est que vous circoncisiez tous les mâles.

Le signe extérieur de l’obligation d’Abraham, gage de la promesse divine.

Que vous circoncisiez tous les mâles. La circoncision est un rite pratiqué aussi chez les Arabes et les Mahométans en général, chez les anciens Égyptiens en la personne des prêtres et ici et là chez des tribus africaines, américaines et, océaniennes. Cette coutume doit donc remonter à une haute antiquité.

Abraham, quoique incirconcis, paraît avoir déjà connu cet usage, puisque Dieu, en lui ordonnant de l’adopter, ne lui donne aucune explication. Mais ce qui n’avait chez les autres peuples qu’une importance hygiénique devient, par l’ordre de Dieu, chez l’Israélite, un acte religieux par lequel celui qui s’y soumet est spécialement consacré à Dieu avec toute la postérité qui naîtra de lui. Le peuple né d’Abraham devient donc par là un royaume de prêtres, une nation sainte (Exode 19.6).

La transformation du sens de ce rite entraîne nécessairement un changement dans l’âge auquel il est administré. Tandis que chez les autres peuples il se pratiquait à l’âge où le jeune homme passe de l’enfance à la jeunesse, le jeune Israélite est consacré à son Dieu dès sa naissance. Les huit jours d’attente sont uniquement destinés à le rendre capable de supporter cette opération.

11 Vous vous circoncirez dans votre chair, et cela sera le signe de l’alliance entre moi et vous. 12 Quand il aura huit jours, tout mâle chez vous, d’âge en âge, devra être circoncis, qu’il soit né dans la maison ou acquis à prix d’argent d’un étranger quelconque qui n’est pas de ta race.

Le rite de consécration doit être appliqué à Ismaël lui-même, quoiqu’il ne soit pas l’héritier de la promesse et à tous ceux qui appartiennent à la maison d’Abraham, fussent-ils même d’origine étrangère. On voit apparaître ici la tendance universaliste qui est à la base de l’alliance particulière conclue avec Abraham.

13 Qu’on ne manque pas de circoncire les mâles nés dans ta maison ou acquis pour de l’argent, et que mon alliance soit dans votre chair comme alliance perpétuelle. 14 Un incirconcis, un mâle à qui la chair du prépuce n’aura pas été coupée, cet homme-là sera retranché de son peuple : il aura enfreint mon alliance.

Sera retranché de son peuple : non pas banni ou mis à mort ensuite d’un décret de l’autorité, mais exclu des promesses attachées à l’observation de l’alliance.

On ne peut envisager ce morceau comme un second récit du même fait qui a été raconté au chapitre 15. L’ordonnance de la circoncision distingue absolument les deux récits. Comme Dieu a répété plusieurs fois la promesse, en accentuant à chaque fois quelque trait nouveau, ainsi l’alliance a été également renouvelée à plus d’une reprise pour y introduire quelque élément spécial. Le rédacteur de la Genèse nous a conservé les divers récits que les auteurs des documents avaient reproduits chacun en vue de son but particulier.

15 Et Dieu dit à Abraham : Saraï ta femme, tu ne la nommeras plus Saraï, car son nom est Sara.

Promesse d’un fils et indication de la position respective des deux postérités d’Abraham (15-22)

À ce moment solennel la mère du peuple élu doit aussi recevoir un nouveau nom. Nous ignorons si son ancien nom de Saraï avait une signification spéciale ; les hypothèses faites à ce sujet sont plus ou moins arbitraires. Le nom de Sara signifie princesse. Ce nom correspond à celui d’Abraham ; comme il sera père d’une multitude, elle sera mère d’une race royale.

16 Je la bénirai, et même je te donnerai aussi d’elle un fils ; je la bénirai, et elle deviendra des nations ; des rois de peuples sortiront d’elle. 17 Et Abraham tomba la face contre terre, et il rit, et il dit en son cœur : Naîtra-t-il un enfant à un centenaire ? Et Sara, une femme de quatre-vingt-dix ans, enfantera-t-elle ?

Tomba la face contre terre. À l’ouïe de cette révélation, Abraham adore de nouveau.

Et il rit. Ce rire n’est pas celui de l’incrédulité ou de la moquerie ; il provient de l’étonnement dont il est saisi à la vue du contraste entre la grandeur de la promesse et l’infirmité de ceux qui en sont les objets.

Abraham, Sara, Ismaël rient chacun à leur tour sous l’empire de sentiments divers, la surprise, le doute, la moquerie. Isaac mérite donc bien son nom : Il a ri ou : On a ri à son occasion.

18 Et Abraham dit à Dieu : Si seulement Ismaël vit devant toi !

La promesse que Dieu vient de faire à Abraham l’appelle à un nouvel acte de foi : Ismaël, ce fort et vaillant jeune homme, est là devant lui : pourquoi ne pas s’en tenir à celui-là ? Pourquoi recommencer à en attendre un autre ? Abraham a peine à rentrer dans le domaine de la foi, après avoir vécu si longtemps dans celui de la vue. Dieu le veut pourtant.

Devant toi : comme héritier de la promesse.

19 Et Dieu dit : Mais Sara, ta femme, va t’enfanter un fils. Tu le nommeras Isaac, et je ferai de mon alliance avec lui une alliance perpétuelle pour ses descendants.

Ce mais signifie : Non ; mais. C’est de la libre Sara que doit naître la postérité d’Abraham, digne de ce nom.

20 Et quant à Ismaël, je t’ai entendu. Oui, je l’ai béni ! Je le ferai fructifier et l’accroîtrai extraordinairement. Il engendrera douze princes, et je ferai de lui une grande nation.

Cependant Dieu ne retranche rien des promesses faites à Hagar (Genèse 16.10) ; il y ajoute au contraire un trait glorieux.

Douze princes : voir l’accomplissement Genèse 25.12-16.

Entendu. Il y a ici comme une allusion au nom d’Ismaël, qui signifie : Dieu entend.

21 Et je ferai alliance avec Isaac, que Sara t’enfantera l’année prochaine, à cette époque.

L’alliance spéciale avec Dieu demeurera le privilège exclusif de cet Isaac, dont la naissance, ne tardera plus longtemps.

22 Et ayant achevé de parler avec lui, Dieu remonta d’auprès d’Abraham. 23 Et Abraham prit Ismaël son fils, ainsi que tous ceux qui étaient nés chez lui et tous ceux qu’il avait acquis à prix d’argent, tout mâle d’entre les gens de la maison d’Abraham ; et il circoncit leur chair en ce jour même, comme Dieu le lui avait commandé.

Abraham circoncit toute sa maison (23-27)

En ce jour même : il ne tarde pas à exécuter l’ordre de Dieu.

24 Et Abraham avait quatre-vingt-dix-neuf ans lorsqu’il fut circoncis. 25 Et Ismaël, son fils, avait treize ans lorsqu’il fut circoncis.

Treize ans. C’est encore maintenant l’âge fixé chez une partie des Arabes pour l’acte de la circoncision.

26 Ce jour même, Abraham fut circoncis, ainsi qu’Ismaël son fils. 27 Et tous les hommes de sa maison, ceux qui étaient nés chez lui et ceux qui avaient été acquis des étrangers à prix d’argent, furent circoncis avec lui.